Constance, la
«sangoma» de Port Elizabeth, a rendu son verdict aux journalistes venus la
consulter dans son arrière-boutique. Cette «voyante» a «vu» l'Argentine remporter
le trophée de la Coupe du monde, le 11 juillet prochain. C'est exactement le
rêve de Maradona. Mais, entre la voyance de tante Constance et le rêve de
Diégo, il y a tout de même encore six matches à jouer. Pour notre part, ce que
nous avons vu, c'est une formation argentine plutôt à la peine face un
adversaire nigérian qui ne rappelle pourtant en rien son homologue des années
passées. Est-ce que les Argentins craignaient leurs rivaux du jour? La question
mérite d'être posée lorsqu'on a vu, au coup de sifflet final, Maradona et ses
adjoints se congratuler longuement, comme s'ils avaient battu en finale leur
éternel ennemi, le Brésil ! Car, objectivement, comment admettre qu'une
division offensive composée de Messi, Higuain et Terez (une centaine de buts au
sein de leurs clubs cette saison, toutes compétitions confondues), incapable de
trouver la faille dans la défense du Nigeria ? Comment se contenter d'un petit
but inscrit sur corner par…un défenseur? Il restait encore 84 minutes pour que
les Argentins donnent raison aux bookmakers qui leur ont accordé la cote
maximale au jeu des pronostics, sur la même ligne que les trois autres super
favoris, en l'occurrence le Brésil, l'Espagne et les Pays-Bas. Et pourtant, il
est évident que les Nigerians – repris tardivement en mains par le Suédois
Lagerbak – ont trop respecté cette Argentine. Encore une fois, nous allons
réentendre le refrain bien connu, à savoir que le Messi sous la casaque
argentine n'est que l'ombre du Messi Blaugrana. Objection! Car Messi a été à
l'origine des actions les plus dangereuses à l'actif de son équipe. Et ce n'est
certainement pas de sa faute si son «entourage» argentin n'a pas le même
«répondant» et les mêmes automatismes que celui du Barça. Tevez et Higuain
n'ont pas justifié leur notoriété, bien que leur bonne volonté ne soit pas à
mettre en doute. Mareshano, le capitaine bien-aimé de Maradona, a fait le
strict minimum, mal épaulé par les maladroits Veron et Jonas. Quant à la
défense, elle n'inspire pas confiance, notamment dans son axe avec Demichelis
et Samuel. On sera curieux de voir le comportement de cette défense face aux
remuants et rapides Sud-Coréens jeudi prochain. Quant à Di Maria, sa réputation
nous a paru surfaite, du moins sur ce premier match. Il est certain que Lagerbak
a manqué d'ambition en laissant sur le banc des remplaçants les Martins et
Odemwingie qui, lorsqu'ils sont rentrés, ont redonné un autre visage à leur
équipe. Les camarades de Taïwo auront l'opportunité de se ressaisir jeudi face
à la formation de la Grèce qui est très loin de celle qui a conquis l'Euro. Si
elle a conservé son entraîneur allemand Otto Rehaggel à la barre technique
depuis 2001, cette formation a égaré ses vertus, à savoir une organisation
rigoureuse, l'esprit de corps et l'art du contre. Depuis l'Euro 2008, le coach
allemand a lancé de nouveaux joueurs. Mais seul Gekas, meilleur buteur des
éliminatoires en Europe, a répondu à son attente. Face à des Sud-Coréens aux
automatismes avérés, la défaite des Grecs s'inscrit dans une logique irréfutable.
Car, le onze Sud-Coréen a réalisé un sans-faute au cours des éliminatoires Asie
avec sept victoires, sept nuls et aucune défaite. Le mérite revient à son
entraîneur Hun Jung-Moo. A la barre technique depuis 2007, il a joué la carte
jeune, ne conservant que le capitaine Park Ji-Sung qui évolue à Manchester
United, une référence en soi. La «production» des Grecs est des plus claire. On
peut dire qu'ils sont rentrés dans les rangs après des signes avant-coureurs
très significatifs: qualification in extremis (barrage contre l'Ukraine) et une
préparation guère rassurante face au Sénégal, Corée du Nord et Paraguay. A
cette allure, on ne voit pas comment les Grecs pourraient redresser la barre. A
l'inverse des Sud-Coréens qui sont collectifs, rapides, solidaires et
offensifs. Quant au très attendre choc entre l'Angleterre et les Etats-Unis, il
s'est achevé sur un résultat favorable aux… Algériens. On disait beaucoup de
bien de cette équipe anglaise, après qu'elle eut conquis son billet avec une
remarquable série (9 victoires, 1 seule défaite). Elle devait en principe
«faire le vide» dans un groupe taillé sur mesure, car ses trois compagnons,
USA, Slovénie et Algérie, n'ayant pas le même niveau. Avec Capello, un
entraîneur qui excelle dans le culte de la gagne, tous les experts étaient
d'accord pour dire que le onze de la Rose pouvait voyager sans crainte. Or, le
match face aux Etats-Unis a montré une équipe qui n'était impressionnante
que…sur le papier avec toutes ses vedettes. Il s'avère que la défense est prenable
compte tenu de sa lenteur et des limites de son gardien, auteur d'une belle
série qui figurera dans la série des buts gags. Gerrard et Lampard, à notre
sens, «doublonnent» alors que le duo Rooney-Heskey n'est pas au point. Les
ailiers Lennon et Wright-Phillip ont tout tenté, en vain, et c'est un Gerrard
qui sort d'une saison en demi-teinte qui a entretenu l'illusion en marquant
l'unique but. Pas de quoi pavoiser. Surtout que l'adversaire américain n'a rien
d'un foudre de guerre. Sans la vista de son gardien Howard, la note aurait été
salée. Avant d'affronter les Anglais, nos Fennecs auront une belle carte à
jouer aujourd'hui face à la Slovénie. Une victoire leur ouvrirait les portes
d'une qualification. A eux d'être convaincus qu'ils ont des chances de
brouiller les cartes de leurs rivaux anglais et américains. Saâdane et son
staff ont dû prendre bonne note des forces et des faiblesses de leurs futurs
adversaires. C'est aux joueurs de croire en leurs possibilités, à condition,
bien sûr, d'aller oser défier leurs rivaux.
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Posté Le : 14/06/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Adjal Lahouari
Source : www.lequotidien-oran.com