Une sournoise domestication de masse

L'Entv diffusera 22 rencontres de la Coupe du Monde. Connaissant le professionnalisme du service des sports, il est fort à parier qu'il s'agira des matchs les plus intéressants. En effet, il n'est nul besoin de faire la fine bouche sachant qu'il n'existe vraiment aucune raison à voir certaines rencontres qui risquent d'être encore plus ennuyeuses que le plus ennuyeux des matchs de la Ligue 1 nationale. C'est donc tout «bénef» que l'Algérien ne disposant pas de moyens à même de lui permettre de vivre un évènement incontournable comme le Mondial puisse voir un légitime souhait, voire un droit se matérialiser sans qu'il n'ait à stresser et surtout à avoir l'air «diminué» aux yeux de sa famille, ses amis, ses enfants. Dans tout cela, il n'estévidemment pas question de dire merci à l'Entv puisqu'elle ne fait qu'honorer ses obligations et autant le dire pour une fois d'être, quelque part, d'utilité publique. Nonobstant tout, ses responsables auraient tout à gagner de réfléchir aux commentaires des envoyés spéciaux ou de la qualité des plateaux, n'est-ce pas d'ailleurs la «commentarite» qui fait migrer les purs et durs du sport à onze vers d'autres chaînes mêmes si y sont déversés de véritables inepties qui passent inaperçues eu égard à l'art de «meubler» les vides et espaces de certains pseudos commentateurs et autres consultants. C'est par ailleurs ce cas de figure qui fera faire des dépenses saugrenues, parfois au détriment de plus utile, aux fanatiques du football, les accros de la balle dont certains vont faire l'impasse sur bien des choses dont notamment des vacances en bord de mer car considérant qu'ils le seront tout un mois rien qu'à vivre les directs, lesprésentations de matchs, leur décryptage une fois terminés. Pourtant, tout cela incite à scruter en profondeur les raisons qui font que désormais l'accro au sport le plus populaire de la planète en soit devenu non plus la mesure étalon de l'universalisme sportif, mais littéralement l'otage des puissances d'argent pour ne pas dire d'aigrefins lesquels ont diaboliquement tout compris et surtout la manière de rapiner large quoique cette stratégie de rapine à très grande échelle n'est pas motivée financièrement, économiquement, mais plutôtpolitiquement par les dirigeants d'un pays de la taille d'un mouchoir de poche. Nul besoin de suivre le regard, le Qatar ayant saisi l'ampleur du phénomène football s'évertue depuis quelques années à pratiquer la politique du cheval de Troie en aseptisant, via des sportifs de renom la «légitimité» de quelques institutions, d'entreprises commerciales, de grands communicants son annexion des ondes cathodiques. Les Algériens et plus particulièrement les jeunes vont par atavisme au petit écran à chaque fois qu'un grand évènement sportif y est programmé. Or, ces grands évènements ne sont plus exceptionnels à telle enseigne qu'il en existe tout au long de la semaine avec les championnats européens et à un degré moindre sud-américain désormais transformés en une sorte de galas et autres défilés de mode compte tenu du matraquage médiatique auquel par intérêt souscrivent d'importants networks. Quoiqu'il en soit même si le spectacle est en grande partie assuré par l'Entv, il n'en demeure pas moins qu'il devient de plus en plus frustrant pour la majorité des Algériens de prendre rendez-vous stressés avec chaque évènement de la sorte. Une situation qui, par excès, dénature toute la magie attendue d'un sport si facilement accessible dans un passé récent et qui plus grave depuis ces dernières années véhicule la grave impression de velléités réelles de domestication de masse. En somme une sorte d'incrustation d'attitude pavlovienne qui ne dit pas son nom, mais se matérialise toutefois à travers une inquiétante réalité.A. L.