La réforme structurelle du secteur économique et la résilience financière contre les chocs extérieurs sont une urgence pour faire face à l'état catastrophique des finances de l'Etat. L'exploitation du marché financier et de ses instruments en Algérie n'a été qu'un appât de gain pour les hommes d'affaires véreux, profitant des failles d'un système de gestion et de contrôle du marché archaïque et fragile.L'absence d'une gouvernance et mécanisme de gestion fiables a encouragé la prolifération du phénomène de la corruption et des crimes financiers, dont les séquelles aujourd'hui semblent irréversibles. Toute cette anarchie soutenue par le système politique asservi qui a longtemps servi une minorité aux pouvoirs et leurs alliés à travers la politique de subvention. Un rétrospectif mitigé qui influera sur l'évolution des finances du pays si les autorités ne réagissent pas à temps pour réinstaurer un certain équilibre des finances, notamment publique et révision de toute la politique subventionnelle des produits de bases. Pour faire face au mal profond qui ronge l'économie et les finances du pays, l'alternative que propose le professeur Lachemi Siagh, spécialiste en Stratégie et en financements internationaux semble la plus adéquate à la conjoncture actuelle, plombée par le manque de ressources financière et l'érosion des réserves de change et des caisses de l'Etat. Il s'agit de la création d'une Caisse de dépôt et d'investissement qui devrait constituer un élément central des réformes structurelles à entreprendre en Algérie, selon lui «cette caisse sera l'instrument idoine pour le développement d'un marché financier, en jouant le rôle de teneur de marché. Elle aura vocation à prendre des participations dans les entreprises rentables». C'est ce qu'il a proposé comme solution à la crise économique du pays, dans un entretien accordé à l'APS. Cette Caisse aura pour mission, la gestion des finances des différents organismes publics et parapublics qui ont un système de gestion fragile et incapable de prendre en charge les opérations de traitement et de gestion d'actifs et de planification financière comme la CNR (Caisse nationale de retraite), la CNAC (Caisse nationale de chômage) et la CNAS (Caisse nationale de sécurité sociale), selon les explication de l'expert Lachemi. Outre ce rôle celui de venir en aide aux établissements financiers et banquiers en difficultés pour financer ou entretenir les grands projets. Une sorte d'un fonds de régulation à la rescousse des institutions financières du pays et qui assumera entre autres sa part de risques sur les projets financés. Cette caisse pourra, par ailleurs, jouer le rôle d'intermédiaire financier pour gérer les actifs des entreprises dont les propriétaires sont incarcérés dans des dossiers de corruption présumée, à savoir des biens mal acquis où ou sur la base de prêts considérés actuellement non performants et irrécupérables. A travers cette proposition, Lachemi Siagh souhaite apporter une solution ou alternative à la difficulté financière et la précarité qui touchent les travailleurs des entreprises dont les patrons sont emprisonnés et dont leur sort est encore indéterminé. Dans le même ordre d'idée et concernant la récupération des avoirs transférés illégalement à l'étranger ces dernières années, l'expert n'a pas exclu cette possibilité, mais il a évoqué la complexité de la procédure qui nécessitera du temps et de la compétence pour pouvoir engager une telle démarche. Ce qui n'est pas une tâche aisée étant donné que les autorités algériennes ne possèdent pas de données précises sur le nombre d'entreprises impliquées et la valeur transférés à l'étranger. Lachemi Siagh a passé en exergue les différents modes de financement que l'Algérie aurait pu développer ou exploiter pour venir en aide aux caisses de l'Etat et aux entreprises en difficulté financière, estimant que le recours au financement non conventionnel était une erreur et problématique aux finances publiques actuellement. L'effet insidieux d'une telle démarche s'étalera sur plusieurs années. Evoquant par ailleurs la possibilité du recours au financement international, l'expert a rappelé le risque à prendre en choisissant cette alternative, qui demeure conventionnelle mais qui dépend de plusieurs paramètres et l'ampleur du risque à prendre en Algérie. D'où la nécessité de ce spécialiste de prioriser les actions et de procéder par étape. A commencer par la rationalisation de la consommation de l'énergie, produit subventionné et consommé sans modération, et ce, avant de passer à la réforme des subventions. Autres suggestions pour ralentir les effets dévastateurs d'une éventuelle entrée en récession, M. Siagh plaide pour la rationalisation des dépenses de l'Etat et la mise en place de nouveaux mécanismes de gestions plus fiables et solides.
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Posté Le : 05/08/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Samira Takharboucht
Source : www.lnr-dz.com