Une situation qui compromet la campagne agricole 2014-2015

Au vu des conditions climatiquestrès défavorables observées ces deuxderniers mois, les professionnels etl'administration en charge du secteur de l'agriculture ne partagent pas le même avis sur l'état des lieux. En effet, sipour les agriculteurs l'année agricole s'annonce difficile, l'administration quant à elle reconnaît que la situation n'est pas normale en cette période d'automne, mais juge qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Toutefois la vague de chaleur associée à une très faible pluviométrie, voire même quasi absente dans plusieurs régions du pays, observées depuis la fin de l'été à ce jour a fini par rendre très sceptiques les gens de la terre, car redoutant que leur campagne agricole ne puisse se réaliser. Une appréhension tout à fait légitime, mais que ne partage pas l'administration de tutelle. En effet, un responsable de la production auprès du ministère de l'Agriculture et du Développement rural (Madr), présent à l'ouverture officielle de la Foire du miel, inaugurée jeudi dernier à Alger, et à qui nous avons rappelé que les agriculteurs estiment que l'année seradifficile, nous a déclaré : «C'est uneuphémisme de dire que l'année seradifficile. Tout ce que l'on peut avancer pour l'instant c'est de ne pas tomber dans un pessimisme prématuré. Ce qu'ilfaudrait éviter, en dépit du fait que la situation soit alarmante.» Même son de cloche chez de nombreux agronomes, que la Tribune a pu joindre par téléphone à la mi-octobre pour connaître leur avissur la situation, qui nous ont précisé à l'unanimité que «certes, la situation n'est pas catastrophique, mais risque d'être sérieuse si les pluies ne venaient pas d'ici à 10 jours, c'est-à-dire avant le début du mois de novembre». Ce que d'ailleurs redoutent les agriculteurs, notamment ceux versés dans les cultures spéculatives grandement tributaires de la pluviométrie. Ces derniers sont en effet inquiets dans la mesure où cet automne n'a apporté aucune goutte de pluie. Par voie deconséquence les travaux de préparation des sols devant accueillir les grandescultures n'ont pas été entamés à ce jour dans de nombreuses zones agricoles. En clair, l'actuelle campagne tarde à voir les premiers sillons cela même si, à la fin du mois de septembre dernier, la tutelle avait donné le coup d'envoi de la campagne agricole 2014-2015.Du côté des services de la météo il n'est prévu, à ce jour, aucun retourvéritable de la pluie ce qui pourrait inquiéter encore plus les agriculteurs. Ces derniers sachant pertinemment que si la sécheresse venait à perdurer cela nepourrait donner lieu qu'à des récoltes catastrophiques. Faut-il rappeler dans ce sens les piètres résultats de la campagne moisson-battage 2013-2014. La récolte n'a pas dépassé les 35 millions dequintaux toutes variétés confondues.Mais quand la pluviométrie a été au rendez-vous cela a donné des résultats encourageants. Les précipitations record enregistrées en 2009 ont permis une récolte céréalière exceptionnelle de l'ordre de 61 millions de quintaux. S'en est suivi une nette régression puisque la production est retombée à 4,5 millions de tonnes en 2010 et 4,2 millions de tonnes en 2011. En suite une légère hausse en 2013 avec 45 millions de quintaux. À Travers ces résultats on peur déduire que les grandes cultures restent encoredépendantes du climat.Une étude menée à la demande de l'Institut de prospective du mondeméditerranéen aboutit à cette conclusion sans appel : un risque d'«aggravation de la situation céréalière» se profile «dans les vingt prochaines années», il devient donc tout à fait indiqué de développerl'irrigation d'appoint dans les grandescultures. Une alternative incontournable si l'on veut au moins stabiliser nosimportations céréalières.