Le président en exercice de la Coordination de l'Azawed et secrétaire général du Mouvement arabe de l'Azawed, Sidi Brahim Ould Sidati, personnalité du Nord, originaire de Tombouctou, sa région natale, ex-chef de la résistance, a été assassiné par balle à Bamako, (Mali), mardi 13 avril 2021, dans la matinée. Le porte-parole de l'Alliance des anciens groupes armés indépendantistes, touareg et nationalistes arabes, regroupés au sein de la CMA, Almou Ag Mohamed, a communiqué la triste nouvelle, aux conséquences insoupçonnées aux plans, politique, sécuritaire et sur le terrain puisque cette Alliance a été confrontée en 2012 au plan militaire aux forces armées maliennes dans le Nord du pays pour aboutir en 2015 à l'accord avec le gouvernement malien au nom de la CMA, signé par Sidi Brahim Ould Sidati, pour un retour à la paix. Cet assassinat est un acte gravissime pour toute la région sur tous les plans, politique, sécuritaire et militaire pour les cinq pays de la région, à savoir le Mali, le Niger, le Burkina Faso, l'Algérie et la Mauritanie.Dans la mesure où la mise en oeuvre de cet accord piétine, cet immobilisme aggrave encore davantage la crise malienne, déstabilise la relation fragile entre le Mali et le Mouvement indépendantiste de l'Azawed qui risque de plonger ce dernier vers une nouvelle donne incontrôlable. À qui profite ce crime' Certainement pas aux antagonistes sur le terrain, mais à ceux qui ont la capacité de tirer les ficelles au profit d'intérêts non avoués même si la position de leader de Sidi Brahim Ould Sidati dans le mouvement est quasiment établie, mais convoitée dans la lutte interne dans le mouvement. Il reste les djihadistes du Nord du Mali, opposants notoires aux signataires de l'accord de paix d'Alger. Jusqu'à présent, j'ai consacré quatre articles au Sahel: la menace d'implosion des Etats nés de la décolonisation, (07.04.2012), autopsie d'une crise, (11.10. 2012), la déstabilisation orchestrée, (08.08.2020), la menace du chaos. Tous ces articles ont été publiés dans le quotidien national L'Expression. L'analyse développée, dans mon article: «la déstabilisation orchestrée», paru dans L'Expression du 08.08.2020, par ces deux facettes, demeure toujours d'actualité:
Au plan interne au Mali:
- le décalage entre le pouvoir et le peuple sur l'absence totale de communication entre les deux instances de la nation pour expliquer ce qui va être mis en oeuvre comme si le peuple est un enfant mineur qui ne permet pas de le consulter.
C'est pratiquement ce qui prévaut chez les Africains.
Le détenteur du siège de la magistrature suprême est censé avoir été élu ou désigné sur un programme approuvé par une majorité du peuple:
-les Africains ignorent la jeunesse marinée dans un nouveau monde qui se construit par le phénomène de la mondialisation et l'avancée technologique actuelle.
-la lecture de la contestation des peuples africains démontre si besoin est, «du contraire».
Au plan externe:
-un nouveau monde se construit en lieu et place du monde, édifié par la conférence de Yalta, (Crimée), lors de la rencontre historique entre les vainqueurs, (Union soviétique, Royaume-Uni, Etats-Unis), tenue du 4 au 11 févier 1945, entre Staline, Churchill et Roosevelt à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce monde disparaît lentement et difficilement devant nos yeux, parce que les pays en voie de développement n'ont pas encore atteint le niveau tant espéré et convoité par leur peuple alors que les pays dits développés ont atteint un niveau technologique et socio-économique tel qu'il y a qu'une seule et unique alternative qui s'ouvre à eux, c'est la voie incontournable d'ouverture des économies nationales dans un marché mondial, entraînant une interdépendance croissante des pays. Une fois de plus, cela va «légitimer» davantage le processus de mise sous leur coupe des ressources naturelles des pays sous- développés et aggrave davantage l'extrême pauvreté des populations alitées.
Pour redessiner la nouvelle carte géopolitique du nouveau monde, ils ont commencé par le Moyen-Orient où des Etats vont voir le jour sur une base religieuse, linguistique, raciale ou sur l'énorme richesse du sous-sol, (les Anglais sont à la base de l'existence de la géopolitique actuelle, tracée par eux au Moyen Orient). Mais l'entrée de la Russie, dans le cadre du partage du gâteau, a entravé le processus ou ralenti son avancée en attendant une entente avec la Russie.
Ceci dit, revenons au Sahel en particulier. La situation est explosive par l'absence de maturité des responsables africains. Je n'ai pas cessé de lancer l'alerte d'une menace au Sud à travers mes contributions publiées dans L'Expression, tout en attirant la situation explosive du Sahel et la menace d'implosion des Etas nés de la décolonisation dans cette région dans le cadre de la nouvelle carte géopolitique du nouveau monde.
Depuis, la contestation populaire, le Mali, premier pays ciblé, vit des moments historiques de survie, (en raison des positions affichées du peuple: les populations ont manifesté leur colère sur la présence militaire française, dénoncer l'assassinat de Kadhafi, (socle de déstabilisation de la Libye et de la région), la mise en place d'une monnaie unique le dinar en remplacement du franc CFA etc.) La punition semble être disproportionnée si l'on considère le principe de la liberté d'expression, chez moi «oui», mais chez toi, «non».
-Le Niger, mal positionné géographiquement, est en attente de résultats à ses frontières, d'une Libye agitée par le spectre d'un éclatement en trois régions,
-le Tchad, en proie à une fatalité dangereuse,
-Le Nigeria en affrontement permanent avec la nébuleuse islamique, à quoi il faut ajouter maintenant le Mozambique.
-Le Mali sous une haute tension où son avenir est en jeu,
-Le Burkina Faso, au bord d'une faillite organisée, confronté à un futur incertain.
-Il reste le Bénin, pour le moment il est épargné, indépendamment de la situation sanitaire à laquelle il fait face comme tout le monde.
-Le Niger peut actuellement compter sur la France et sa présence militaire tant que l'immobilité de la rue subsiste ou demeure bien canalisée par le pouvoir et tant que le gisement d'uranium reste exploitable.
Le continent africain au mardi 4 août 2020, comptait 957 905 cas de contamination au coronavirus avec 20364 décès. Le Mali traverse une crise à la fois politique, sécuritaire et sanitaire.
Le coronavirus s'est bien installé dans des pays limitrophes du Mali comme le Burkina Faso ou la Côte d'Ivoire et d'autres. On observe aucune réaction ou commentaire quant à la situation sanitaire du pays par rapport à la pandémie. On dirait que la classe politique, (dirigeants ou opposition), ne navigue pas avec le peuple, sur le même bateau, plongé tout droit vers le naufrage inévitable de l'Etat malien.
Le peuple malien s'interroge sur le silence des autorités sur un phénomène qui concerne leur propre survie.
Les cas de contamination au coronavirus sont avérés. Le nombre ne cesse d'augmenter entraînant avec lui un lot important de décès qui ne cesse de grimper, sans compter les Maliens testés positifs suivis de cas de guérison dérisoire. Un tableau noir sur ce plan sanitaire.
Pendant ce temps, sur le plan sécuritaire, les djihadistes profitent de cette situation au Sud, pour mener des actions terroristes au Nord du pays, faisant des victimes parmi des jeunes soldats maliens, mal équipés, mal entrainés dont le choix du recrutement repose plus sur l'extrême pauvreté que sur un choix délibéré.
Si l'on observe de près les situations, sécuritaire et sanitaire, aussi paradoxalement que cela puisse paraître, le Covid-19 et les djihadistes ont trouvé un terrain favorable et fertile à leurs actions dévastatrices et destructives, puisque, il faut le souligner, les choix politiques d'élections aussi bien législatives que présidentielles ont primé face aux décisions salutaires, sanitaires et sécuritaires. Des mesures tardives ont été prises dans le secteur sanitaire, (couvre-feu, fermeture des mosquées, interdictions de rassemblement de plus de 50 personnes). Par contre, aucune mesure sociale compensatoire n'a été prise en faveur des citoyens à la recherche d'un revenu quotidien en temps normal. Enfin, à cet état noir, descriptif et malheureux, il faut ajouter l'effet aggravant, selon un rapport international, les détournements en milliards d'euros par des politiques véreux.
Enfin, les hôpitaux sont délaissés et les dirigeants ne se rendent jamais au centre hospitalier malien le plus proche. Pour une simple banalité médicale, ils vont se soigner de préférence à l'extérieur du pays.
Compte tenu de cette nouvelle donne créée par cet assassinat, il appartient à la diplomatie d'investir le terrain pour canaliser ou freiner tout processus d'une aventure dangereuse pour la région. La survie des Etats sahéliens l'exige.
*Ancien diplomate
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Posté Le : 17/04/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ahmed LAGRAA
Source : www.lexpressiondz.com