Algérie

Une si longue marche vers l'unité



La péninsule coréenne entre la mer Jaune et la mer du JaponLa guerre de Corée, du 25 juin 1950 au 27 juillet 1953, donne lieu à des interprétations divergentes. Pour Séoul, elle fut déclenchée par l'agression nord-coréenne, en liaison avec Moscou. Pour Pyongyang, le franchissement du 38e parallèle est une riposte légitime à l' attaque surprise sud-coréenne, sous commandement américain.
La fin de la seconde guerre mondiale s'est traduite pour la péninsule coréenne par la présence, au lendemain de la capitulation du Japon, de l'armée soviétique victorieuse des campagnes en Mongolie et en Mandchourie dans la partie nord et celle des Américains dans la partie sud, présageant la future partition du pays en deux. Cette partition de fait de la Corée sera entérinée fin 1948. Au Sud, les Etats-Unis instaurent une administration militaire directe, avant l'organisation d'élections, le 10 mai 1948, qui se traduisent par la proclamation de la république de Corée un 15 août 1948. Après la tenue, à Pyongyang, d'une conférence réunissant des organisations du Nord et du Sud, en avril 1948, des élections législatives (organisées clandestinement au sud) ont lieu le 25 août 1948. Le 9 septembre 1948, l'Assemblée populaire suprême proclame la République populaire démocratique de Corée à Pyongyang. La politique communiste fut mise en oeuvre malgré quelques oppositions. Par exemple, de nombreux habitants de la province de Hwanghae, vaste zone agricole située juste au nord du 38e parallèle, sur la côte ouest de la péninsule, avaient protesté contre le système mis en place par Kim Il-sung. Leurs attaches familiales et culturelles avec le Sud étaient si fortes que certains fuirent dans les collines, quelques-uns prirent les armes et d'autres traversèrent la frontière. Les origines de la guerre de Corée, du 25 juin 1950 au 27 juillet 1953, donnent lieu à des interprétations divergentes au nord et au sud. Pour Séoul, la guerre a été déclenchée par une agression nord-coréenne selon un plan préalablement établi, en liaison avec Moscou. Pour Pyongyang, le franchissement par ses troupes du 38e parallèle est une riposte légitime à l' attaque surprise de l'armée sud-coréenne sous commandement américain. De fait, la multiplication des incidents de frontières témoignait d'une aggravation des tensions militaires à la veille du conflit. Après une rapide avancée des troupes nord-coréennes commandées par Kim Il-sung qui occupent bientôt presque toute la péninsule, à l'exception d'une tête de pont à Pusan, les forces américaines et d'autres pays occidentaux (dont des soldats français, dirigés par le général Monclar) débarquent sous le drapeau des Nations unies le 7 juillet 1950: le boycott par l'URSS du Conseil de sécurité de l'ONU (afin de protester contre le refus de reconnaître la République populaire de Chine comme membre permanent du Conseil de sécurité) a permis aux Etats-Unis de condamner la Corée du Nord comme agresseur et de faire voter une intervention des Nations unies. La contre-offensive américaine pénètre largement au nord et atteint la frontière chinoise le 26 octobre 1950. Un demi-million de soldats chinois viennent alors appuyer les soldats nord-coréens qui reprennent brièvement Séoul en janvier 1951, avant que le front ne se stabilise, de part et d'autre du trente-huitième parallèle. L'armistice signé à Panmunjeom le 27 juillet 1953 est toujours en vigueur, en l'absence de traité de paix. Le maintien de plus de 30 000 soldats américains en Corée du Sud depuis 1953 est dénoncé de façon constante par Pyongyang comme le principal obstacle à la réunification, depuis le retrait des troupes chinoises au nord, en 1958. C'est le seul pays à avoir un navire américain en «otage». Après le très lourd coût humain et matériel de la guerre célébrée en Corée du Nord comme une victoire sur les Etats-Unis, le pays reconstruit son économie et s'industrialise rapidement par le mouvement Chollima, cheval ailé mythique qui parcourait 1 000 li par jour, suivant les idées du juche élaborées par le président Kim Il-sung. La Corée du Nord est alors l'un des pays dont l'économie progresse le plus rapidement au monde, suivant des
taux de croissance annuels officiels supérieurs à 10%. Selon les statistiques établies par des analystes occidentaux, le PNB par habitant en Corée du Nord a quasiment quadruplé entre 1953 et 1960 (de 55 à 208 dollars), alors qu'il est resté presque stagnant en Corée du Sud (de 56 à 60 dollars). De 1962 à 1968, le régime nord-coréen crut que le Sud se soulèverait de lui-même. Pour hâter l'apparition du «moment décisif», il avait envoyé dans le Sud des agents et des équipes de guérilla qui furent vite neutralisés. Les années record d'infiltration ont été 1967 et 1968, avec 743 agents armés recensés sur les 3 693 infiltrés connus.
Le 21 janvier1968, un commando des forces spéciales de Corée du Nord de 31 hommes attaque la Maison Bleue, la résidence présidentielle à Séoul; 28 seront tués et un sera fait prisonnier, 68 Sud-Coréens civils et militaires tués et 66 blessés, 3 soldats américains tués et 3 autres blessés. Le 23 janvier 1968, la Corée du Nord arraisonne le navire-espion américain USS Pueblo dans ses eaux territoriales. L'équipage, dont un membre est tué, n'est libéré qu'après 11 mois et des excuses officielles du gouvernement américain. Le 15 avril 1969, un EC-121 Constellation de reconnaissance électronique américain est abattu au-dessus de la mer du Japon, à plus de 160 km des côtes coréennes, par des MiG-21 de l'armée de l'air nord-coréenne. Ses 31 membres d'équipage sont tués. En septembre 1984, la Corée du Nord a versé une aide de 12 millions de dollars aux victimes d'inondations en Corée du Sud.
Le 21 septembre 1991, les deux Corées intégraient officiellement l'ONU et trois mois plus tard, elles signaient un «accord de réconciliation, de non-agression, d'échanges et de coopération». Selon Jeong Se-hyun, ministre sud-coréen de l'Unification entre 2002 et 2004, les dirigeants nord-coréens veulent alors profiter de ce réchauffement diplomatique pour normaliser leurs rapports avec les Etats-Unis. Ainsi en janvier 1992, Kim Il-sung envoya son propre secrétaire au siège de l'ONU à New York pour une rencontre secrète avec un délégué américain. L'ambassadeur nord-coréen était alors porteur d'un seul message: «Nous renonçons à réclamer le retrait des troupes américaines du Sud; en contrepartie, vous garantissez que vous ne remettrez pas en cause l'existence de notre pays.» George H. W. Bush, alors président des Etats-Unis, répondra à l'offre nord-coréenne par le silence. C'est à ce moment que Kim Il-sung lança sa politique de nucléaire militaire, convaincu que Washington souhaitait rayer son pays de la carte. Ce sont donc les menaces américaines qui ont vraisemblablement incité la Corée du Nord à se doter de l'arme nucléaire, et qui encore aujourd'hui bloque le processus d'unification des deux Corées.


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