Une session supplémentaire de rattrapage se déroule à l'Ecole nationale supérieure vétérinaire, (Ensv) d'El Harrach, Alger, sans l'accord des enseignants. La décision, qualifiée d'unilatérale et ne servant aucunement les intérêts de l'étudiant ou de l'établissement, encore moins de l'université algérienne, déclenche un tollé général. Dans une lettre adressée à notre rédaction, les enseignants en colère affirment que cette session a débuté le 29 octobre dernier et n'est toujours pas terminée. Elle a été décidée à la demande de quelque 50 étudiants qui n'ont pas réussi leur passage à l'année supérieure suite aux examens précédents. Une session supplémentaire de rattrapage dans un établissement appelé «Ecole supérieure»! Voilà qui renseigne sur le niveau de plus en plus bas de certains étudiants qui s'inscrivent dans cette filière et des tentatives vouées à l'échec des responsables de l'établissement (et d'autres) pour, justement, couvrir les défaillances multiples de l'enseignement supérieur en Algérie. Ce dernier ayant fait l'objet de plusieurs réformes mais pour plus de dérives que de bons résultats. Dans cette lettre rendue publique, les enseignants en colère expriment leur indignation : «Du jamais vu dans l'enseignement supérieur». Selon leurs dires, le groupe d'enseignants n'a pas voulu cautionner la démarche entreprise par la direction, jugeant illégale et insensée la décision portant son application. Ils ont alors avisé le directeur de leur décision à eux de ne pas participer «aux examens organisés illégitimement pour les quelques étudiants ajournés (50 étudiants ajournés sur un ensemble de 1 100 inscrits, toutes années confondues». Le directeur de l'école qui est aussi le président du Conseil scientifique, et avec l'accord d'autres membres de ce conseil, a fait appel, poursuivent-ils, à d'autres enseignants de la même école mais ces derniers ne sont pas dans la même spécialité et ne pouvant pas donc assurer le travail qui leur est demandé. «Des jeunes enseignants ont été ainsi sollicités pour confectionner les sujets des examens et corriger les copies. Ces derniers n'étant pas de la spécialité et n'ayant jamais assuré d'enseignement théorique pour ces modules, ont refusé de se prêter à cette mascarade par esprit de déontologie», rapportent encore les signataires de la lettre. Devant ce refus, le Comité scientifique a eu l'idée surprenante de mettre en place un comité pédagogique et lui confier la mission de «proposer des sujets d'examens dans des modules jamais enseignés». Plus indignés, les protestataires parmi les enseignants de l'Ensv rapportent : «Plus grave encore, ce comité doit assurer les corrections, modifier nos notes et délibérer en notre absence. Ceci, en présence du directeur de l'école qui signerait le PV de délibération finale avec des notes modifiées». La colère est à son extrême. «Cette brèche inédite dans les annales de notre école et celles de l'université algérienne va conduire à de graves dérives du fait que chaque étudiant non satisfait de ses résultats demande une autre session et encore une autre jusqu'à passer à l'année supérieure, en bafouant la réglementation qui doit être au-dessus de tous. Cette situation critique risque de provoquer une fracture parmi le corps enseignants», préviennent-ils.
K. M.
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Posté Le : 16/11/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Karima Mokrani
Source : www.latribune-online.com