Une sérieuse alerte

Fort heureusement, le spectaculaire incendie survenu au c?ur du plus grand quartier commercial d'Oran ne s'est produit que tôt le matin de vendredi aux environs de 7 heures. S'il s'était déclaré plus tard dans la journée, on imagine la catastrophe qu'il aurait provoquée. Un grand nombre d'Algériens, qu'ils soient d'Oran, de Sétif, d'Alger ou d'Annaba connaissent de visu l'immense poumon économique oranais au point où sa réputation a fait de lui un véritable lieu de pèlerinage où se concentrent agglutinés par centaines de milliers tous les jours, une clientèle venue de toutes les régions d'Algérie. Se faufiler à travers l'énorme coulée humaine et les barrages des étalages exige une difficile articulation du coude et n'autorise que des pas mal assurés.Vendredi aux premières heures de la matinée, les pompiers et les ambulances ont bénéficié d'un véritable miracle en ayant l'incroyable faculté de pouvoir accéder au centre du sinistre. S'il s'était déclaré un peu plus tard, le drame aurait été assuré. On devine la nature de la panique humaine et les conséquences qu'auraient engendrées des bousculades en pareilles circonstances avec le seul mot d'ordre du sauve-qui-peut.
Les autorités publiques avaient tenté par le passé de reconfigurer ce lieu presque mystique où des milliards de dinars sont brassés quotidiennement et la valeur de l'immobilier comme celle des tables qui barrent les passages dépassent l'entendement. Elles ont buté contre un fait accompli impossible à corriger car la florissante activité de cet immense marché fait nourrir des milliers de familles, même s'il symbolise le nectar du commerce informel. Il y eut aussi quelques farfelus illuminés qui se sont empressés à ériger en son centre un parking automobile à plusieurs étages resté depuis orphelin. La gabegie voulait que même une bicyclette ne pouvait y accéder.
Transformé au cours du temps en must faisant de sa fixation à la limite du légendaire, il impose aux croyances que sans lui Oran n'est plus Oran. L'argument est peut-être fallacieux car ce marché mastodonte où les règles élémentaires de la sécurité sont totalement absentes réunit les ingrédients pour une catastrophe.
L'incendie de vendredi est une sérieuse alerte.