Algérie

Une seconde vie après la retraite



Une seconde vie après la retraite
Dans le secteur de l'Education, il y a manifestement une vie après la retraite, surtout quand celle-ci intervient après 20 ou 25 ans d'exercice seulement. Arguant de la difficulté de gérer des classes surchargées, des élèves dissipés et réfractaires aux études, et des programmes bien garnis et inachevés à la fin de l'année, bon nombre d'enseignants, tous cycles confondus, sont partis à la retraite bien avant l'heure pour s'accorder une? seconde vie professionnelle.Dans cet important contingent d'enseignants «libérés», une bonne partie sont des femmes. Elles ont décidé de jeter stylos et copies d'examen en se redéployant pour exercer une tout autre activité, le plus souvent à domicile.Ces deux dernières années, le secteur de l'Education a connu un départ massif d'enseignants ayant atteint l'âge légal de la retraite, mais pas seulement. Il y a aussi les départs prématurés. «Les élèves d'aujourd'hui ne sont plus les mêmes que ceux d'hier. Ils ne respectent plus leurs enseignants, ce qui crée un climat d'instabilité et rend les conditions de travail pénibles pour les instituteurs.C'est tout ce marasme qui pousse les enseignants à quitter l'école», dixit Meziane Meriane, chef de file du Snapest, au sujet des départs prématurés de nombreux enseignants. C'est le cas de Malika qui a pris la décision de claquer la porte de l'enseignement l'année dernière, après 23 ans d'activité.C'est une jeune retraitée de 50 ans qui professait dans le cycle primaire. «Le stress du programme à finir absolument, l'indiscipline des élèves et le laxisme de certains parents qui ne se soucient même pas du manque d'intérêt de leurs enfants pour les études sont les principaux paramètres qui m'ont découragée à la longue et incitée à partir.Avant mon départ à la retraite, j'avais l'impression d'exercer le métier le plus ingrat du monde, alors qu'au tout début je l'ai choisi avec conviction.» Aujourd'hui, Malika passe ses journées à veiller sur sa petite famille dont elle veut profiter pleinement, tout en s'adonnant à une autre activité.Est-elle plus «convaincue» aujourd'hui de sa nouvelle activité ' «Pleinement», assure-t-elle, assumant son choix et son penchant pour les? confiseries et les gâteaux. De la craie à la farine, il n'y a qu'un pas vraisemblablement, et Malika a choisi de le franchir !Un business lucratifDepuis son départ à la retraite, elle s'adonne à sa passion de toujours : la pâtisserie. Elle confectionne, sur commande, des gâteaux (makrouts, baklawas, charak, pâtes d'amandes en forme de fruits?) pour les fêtes de mariage, circoncisions ou succès aux examens. Satisfaite de sa nouvelle «profession», Malika soutient que son business marche bien, d'autant que grâce à son ancien métier, elle ne manque pas de clientèle.Serait-ce donc pour cette liberté retrouvée, l'envie d'exercer une autre activité que les enseignants réclament, actuellement, un départ à la retraite après 25 ans de service, en incluant les années de leur formation universitaire et celles du service national ' Cette revendication a d'ailleurs été jugée «insensée» par la ministre de l'Education nationale, Mme Benghebrit, décidée à ne pas céder sur ce point précis.Pour d'aucuns, la demande des enseignants de réduire l'âge légal du départ à la retraite après 25 ans de service n'est pas fortuit, puisque les départs prématurés des enseignants à la retraite interviennent généralement entre 20 et 25 ans de service, à défaut de finir les 32 ans requis ou d'atteindre 60 ans.«Cette revendication est un peu osée», estime Selma, 48 ans, ex-enseignante de mathématiques dans un établissement du cycle secondaire. Elle a quitté son poste après 19 ans de métier «complètement vidée». «J'avais en charge des classes de terminale, c'est beaucoup de travail et de stress.Mais le plus dur, c'était de devoir faire face à des élèves qui menaçaient de me frapper à la sortie de l'établissement. En plus de cela, j'ai eu un problème de santé. Une fatigue psychologique qui m'a obligée à faire plusieurs congés successifs pour m'en remettre. Finalement, j'ai décidé de prendre une retraite proportionnelle, mais sans cesser pour autant toute activité.»Des maths aux sites webEn fait, Selma suit actuellement des cours approfondis en informatique pour apprendre à créer des sites web au profit de sociétés privées ou de particuliers. Une envie qui l'habite et la motive depuis plusieurs années et qu'elle compte matérialiser bientôt dès qu'elle aura achevé sa formation. Elle tient cette passion de son frère, ingénieur en infographie et concepteur également de sites web.En définitive, en dehors des départs prématurés des enseignants à la retraite, l'intégration et la promotion récente des professeurs de l'enseignement primaire et moyen dans de nouveaux postes auront, également, de sérieuses répercussions sur le secteur de l'Education nationale, déserté de plus en plus par des éducateurs se disant incapables d'aller jusqu'au bout des 32 ans de service légalement requis.Pour tenter d'y remédier, le ministère de l'Education nationale envisage de recruter, à partir de cette année, plus de 50% d'enseignants pour compenser les départs massifs à la retraite. Selon des statistiques établies par les 51 directions de l'éducation du territoire national, près de 35 000 enseignants du secondaire devraient quitter leurs postes d'ici 2020, ce qui correspond à un taux de départ estimé à 50%.Toujours selon ces mêmes statistiques, il a été établi que pour remplacer les enseignants partants, il faut créer chaque année plus de 20 000 postes dans le secondaire. Beaucoup de pain sur la planche pour la ministre de l'Education.




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