Algérie - Revue de Presse

Une sanction pour le gouvernement



Les femmes ont pour leur part été éliminées de la Chambre, payant le prix de l’allégeance au gouvernement de leurs quatre élues, devenues en 2009 les  premières femmes députées du pays, selon eux.     
L’opposition, une large alliance d’islamistes, de nationalistes et d’indépendants, a raflé jeudi 34 des 50 sièges de la Chambre, où elle ne comptait que 20 élus, et contrôle désormais le Parlement, selon les résultats du scrutin. «Cette victoire consacre une alliance des islamistes et des tribus contre le précédent gouvernement, sanctionné pour la corruption dont il est accusé», a déclaré l’analyste koweïtien Aëd Al Mannaï. Les tribus, qui forment plus de 55% de la population locale et dont plusieurs députés sont des islamistes, constituent désormais l’ossature de l’opposition parlementaire après avoir été historiquement un traditionnel allié de la famille régnante des Al Sabah, indique-t-on dans les milieux politiques. Pour Al Mannaï, les islamistes ont mis à profit le mouvement de contestation sans précédent, conduit à l’automne 2011 par de jeunes Koweïtiens, pour dénoncer la corruption et réclamer des réformes politiques, dans la foulée des révoltes arabes. Ce mouvement, soutenu par les islamistes, a conduit à la démission du gouvernement, puis à la dissolution du Parlement début décembre, ouvrant la voie aux législatives anticipées, pour la quatrième fois en six ans, sur fond d’un scandale de corruption impliquant des députés de la Chambre dissoute. «Le pouvoir est le grand perdant», écrivait hier l’influent quotidien Al Qabas, accusant l’Exécutif de «manque de vision, de corruption et de favoritisme».      Les islamistes sunnites, incluant les salafistes et qui comptaient 9 élus dans l’Assemblée sortante, se sont assurés 23 sièges, dont 21 contrôlés par des élus tribaux. «Les tribus sont désormais très puissantes au sein de l’opposition», a expliqué l’analyste libéral, Chamlane Al Issa, relevant toutefois que les islamistes et les tribus étaient «divisés» sur les priorités de l’action politique. «Les islamistes voudraient participer au gouvernement et chercher à appliquer la charia», alors que les tribus cherchent à résoudre les problèmes sociaux, comme celui du logement, ou encore l’octroi de la nationalité aux dizaines de milliers d’apatrides dans l’Emirat, a-t-il dit.  En outre, les islamistes ont pesé dans l’échec des 23 femmes, sur les 286 candidats au scrutin, d’autant que «la plupart des quatre élues dans le Parlement sortant étaient des alliées du gouvernement», a indiqué C. Al Issa. Selon lui, les divisions internes au sein de la famille des Al Sabah, qui règne sur le Koweït depuis plus de 250 ans et dont l’autorité n’est contestée par personne, ont contribué aux crises récurrentes dans l’Emirat. «Ces crises à répétition sont la conséquence de l’impuissance du régime, en l’occurrence de la famille régnante et du gouvernement à jouer le rôle politique qui est le leur», a indiqué l’ancien ministre du Pétrole, Adel Soubeih. Et l’avenir du pays serait «tributaire de la capacité du prochain gouvernement à gérer» la montée en puissance des islamistes au Parlement, selon Al Mannaï.
 


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