Algérie

Une ruée probable est redoutée pour le mois de juin


11 harraga ont pris la mer hier depuis les Andalouses Dans le petit matin du lundi 5 mai, onze jeunes habitant le village d’El Ançor et la ferme agricole de Kermaoui Taïb (ex-Gueddara) ont fait cap sur l’Espagne sur une felouque de pêche ordinaire, depuis la plage des Andalouses, plus précisément depuis le lieu-dit «Diwana», apprend-on de sources fiables.Leur moyenne d’âge ne dépasse pas 25 ans; le plus jeune n’a pas encore fait ses vingt ans. La date de départ de ce groupe a été fixée pour le mois de juin prochain mais l’accalmie météo de ce début de semaine a été le stimulus, apprend-on. Comme des clignotants, tous les indices montrent que le mois de juin connaîtra sans doute une ruée de harraga vers l’Espagne, dans le vrai sens du terme. En effet, les Harraga de la Corniche se sont donnés rendez-vous pour «El calma jaya, juin inchallah», avancent-ils. Dans le milieu des pêcheurs de la Corniche, les mois du printemps (mars, avril et mai) sont réputés d’être la période capricieuse de la météorologie méditerranéenne tandis que juin est celle où la mer entre dans une léthargie plus au moins permanente. Les préparatifs ont d’ores et déjà commencé. A Cap Blanc, les jeunes qui sont restés au douar espèrent prendre la mer en juin. «Juin ya khouya fih el calma. Rana nekhd’mou aliha», affirment-ils (Juin est le mois où la mer est calme. Nous travaillons pour la traversée en juin). En effet, beaucoup de jeunes travaillent d’arrache-pied pour réunir la somme adéquate qui permettra l’achat d’une barque et d’un moteur. Réunis dans des cellules… égalitaires et participatives, les jeunes travaillent rien que pour El harga et ils ont même des caisses d’épargne communes. El Harga est le projet de ceux qui vivent sans lendemain. Certains font du business (trabendo). Ils se relayent sur la route des frontières ouest pour acheminer diverses marchandises depuis Maghnia et ses bourgades. D’autres travaillent dans des chantiers depuis des mois et vivent une parcimonie de guerre. D’autres combines peu orthodoxes sont également de mise. L’essentiel est de réunir la somme adéquate. Réunir chacun 6 à 8 millions, c’est le challenge. Certains ont déjà acheté la barque ou le moteur. D’autres se frottent les mains car les demandes de matériel de navigation vont crescendo, ces derniers temps. Les demandes des jeunes des wilayas de l’intérieur du pays sont importantes. En fait, la ruée sera surtout le propre de ces jeunes ruraux venus de l’intérieur. Des escrocs se reconvertissent en marins. Des harraga volés, on en entendra sûrement parler. Pour se protéger contre une ruée probable d’une telle envergure, les pêcheurs gardent de plus en plus strictement leurs abris de pêches. Et puis, les jeunes ont acquis une expérience importante pour la traversée. Ce n’est plus les traversées aveugles. Des fuites en avant et le plus souvent directement vers la mort. Nos harraga ont mûri dans le sens où ils connaissent mieux la mer. Comme le jeune K...habitant Bouisseville qui a tenté trois fois la traversée de la méditerranée mais, à chaque fois, il a été reconduit au bled, soit par la Guardia civile, soit par les gardes- côtes algériens. K…déclare que «désormais les jeunes et surtout les récidivistes ont acquis de l’expérience dans le domaine de la navigation. Ils utilisent mieux le matériel (moteur, GPS..) et en plus, ils ne s’aventurent pas comme auparavant. El harga est désormais un projet qu’il faut élaborer au fur et à mesure et sans failles» Les gardes-côtes qui ont été pris par surprise par la ruée des années précédentes ont acquis, eux aussi, de l’expérience. «Mais chercher des harraga en mer, c’est comme chercher une aiguille dans une motte de foin», avouent-ils. Toutefois, les disparus sont également nombreux. Les pannes des moteurs sont la cause de la dérive de la majorité des barques. Le décompte macabre continue à attrister notre Algérie. Enfin, «c’était des Harraga, ceux qui brûlent leurs papiers d’identité pour quitter le pays sans laisser de trace» Benachour Mohamed
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