Algérie

Une Révolution en attente d'accomplissement



Une Révolution en attente d'accomplissement
Nous avons besoin d'une prise de conscience nouvelle qui rassemble toute la nation, comme celle qui a fait bouger les Algériens en 1954. C'est ce qui va semer l'espoir et la confiance chez toutes les Algériennes et tous les Algériens et leur permettre de consacrer la stratégie de sortie de crise comme le vrai début d'une solution durable, construite sur une vision claire de l'avenir, mais pas une vengeance de tel ou tel ou une sanction du système prévalant qui n'a pas été capable de les sortir de la crise.
Lorsque nous faisons le point sur l'évolution du Mouvement national nous constatons qu'il n'a pu faire le saut qualitatif que lorsqu'après les massacres du 8 Mai 1945, il a pris conscience de la force de mobilisation du peuple dans un mouvement révolutionnaire, ce qui n'était pas possible au niveau du mouvement politique.
Les événements du 8 Mai 1945 ont prouvé que l'indépendance ne pouvait s'acquérir sans la violence révolutionnaire. C'est la violence révolutionnaire par la radicalisation des positions et l'action directe contre l'ennemi qui va bénéficier de la légitimité auprès de la population. Cependant, la Révolution était dans un grand besoin de créer des institutions capables d'assurer la continuité du combat sans dépendre des individus.
C'est à quoi va s'atteler un noyau de responsables. Leur travail va aboutir à la tenue en 1956 du congrès de la Soummam qui va apporter les contours de cet édifice institutionnel : 'On y retrouve, explicités, les trois éléments-clés qui identifient la nature du mouvement de libération et sous-tendent sa cohérence idéologique et politique : une légitimité révolutionnaire articulée sur un programme et une stratégie structurée ; un statut organique définissant les rouages de la Révolution et leur mode de fonctionnement ; une direction unique et homogène."
Mais c'est la question de la direction et de son homogénéité qui va poser les problèmes les plus sérieux à la Révolution.
Si la question est réglée au niveau institutionnel, puisque le Front de libération nationale (FLN) est reconnu comme la seule organisation représentant le peuple algérien et sa révolution, le problème reste entier à l'intérieur de la direction du FLN et de l'Armée de libération nationale (ALN). Le Congrès de la Soummam a essayé de régler ce problème du leadership de la Révolution en établissant deux principes qui devaient guider le comportement des acteurs tout au long de la guerre : la primauté du politique sur le militaire et la primauté de l'intérieur sur l'extérieur.
Après le cessez-le-feu, la population, les militants et les moudjahidine au combat sont fatigués par plus de sept ans de mobilisation permanente ; ils aspirent, le plus normalement du monde, à un repos bien mérité et au retour dans leurs familles.
Ils se rendront compte que l'état-major général (EMG) a préparé la prise du pouvoir et dispose pour le faire d'une armée importante aux frontières.
Ce fut la guerre entre les wilayas de l'intérieur et 'l'armée des frontières" avec pour résultat, la prise du pouvoir par des responsables qui étaient mieux préparés à faire face à la lutte des clans qu'à la construction d'un Etat digne du prestige de la Révolution algérienne et du sacrifice du peuple algérien. 'Le fleuve était détourné !"
À jeudi prochain pour la suite de notre analyse. Entre-temps débattons sur les meilleurs moyens d'avancer vers un avenir de progrès et de prospérité pour tous les Algériens.
À la tentation du pessimisme, opposons la nécessité de l'optimisme !
A. B.
(*) Benyoucef Benkhadda, 2000, Abane-Ben M'hidi.
Leur apport à la Révolution Algérienne,
Editions Dahleb, p. 11




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