Algérie

Une responsabilité certes mais pas exclusive



Une responsabilité certes mais pas exclusive
La presse sportive est-elle l'une des causes de la violence dans les stades ' C'est ce qu'ont essayé de démontrer pendant trois jours, du 18 au 20 février, les participants au séminaire organisé autour de ce thème par l'université des sciences de la sécurité de Naïf, à Ryadh, capitale de l'Arabie Saoudite.Cette université est quelque chose d'unique dans le monde arabe et peut être au monde, s'agissant pour elle de former des universitaires spécialisés dans le domaine de la sécurité. Elle est située au nord-est de Ryadh, dans la grande banlieue, soit à une quarantaine de kilomètres du centre-ville, sachant que la capitale de l'Arabie Saoudite s'étend sur plus de 80 kilomètres du nord au sud. L'université en question, qui forme au magister sur trois ans et au doctorat sur cinq ans, porte le nom d'un ancien ministre de l'Intérieur de l'Arabie Saoudite et est placée sous l'autorité directe du Conseil des ministres de l'Intérieur de la Ligue arabe.Comme quoi même l'Algérie participe à son financement et nous avons appris que des officiers de la DGSN algérienne ont été formés dans cette université. On ajoutera que le directeur des études de cette grande école est un Algérien. L'université, qui s'étend sur plusieurs hectares, est une sorte de vaste campus qui dispose de tous les moyens pour un enseignement et une formation de pointe.Ryadh la huppée et Ryadh la populaireElle est située, comme nous l'avons dit plus haut, à un endroit assez éloigné du centre-ville (environ 40 kilomètres), en bordure d'un axe routier très emprunté. En fait d'axe routier, il s'agit d'une des multiples grandes artères dont dispose la capitale de l'Arabie Saoudite.Avec plus de 5 millions d'habitants celle-ci s'est transformée, au fil du temps, en une immense mégapole avec des routes et des rues grouillantes de voitures, toutes de grosses cylindrées vu le prix dérisoire du litre d'essence (moins de cinq dinars algériens le litre). On se plaint à Alger du nombre excessif de voitures, il faut voir Ryadh et ses embouteillages à n'importe quel moment de la journée.Le fait que cette ville dispose d'artères assez larges permet à la circulation de ne pas être trop gênée alors que chez nous les rues sont tellement étroites que les bouchons sont difficiles à résorber. A Ryadh, on circule de jour comme de nuit ; le jour de notre départ vers l'aéroport, il nous a fallu subir quelques embouteillages alors qu'il était un peu plus de deux heures du matin. Ryadh est à l'image des grandes villes du monde arabe avec ses quartiers et marchés populaires où les produits made in China pullulent mais aussi où on a découvert que des Saoudiens font le forcing pour vous proposer des courses en taxi clandestin vers toutes les villes du pays. Ryadh, c'est aussi le faste et le luxe avec ses quartiers chics, où s'alignent les grandes enseignes de la joaillerie (Cartier et consorts), de l'habillement (Chanel, Gucci...), de la maroquinerie (Louis Vuitton et compagnie) et de la parfumerie (Saint Laurent, Dior...).Cette ville grouille de monde mais qui ne circule qu'en voiture du fait des distances à parcourir pour aller d'un endroit à un autre, notamment vers la quarantaine d'espaces commerciaux dont dispose cette cité. Ces grandes enseignes commerciales sont sur la brèche jusqu'à une heure avancée de la nuit (certaines ne ferment qu'à 23h, d'autres à minuit) mais au moment de la prière tout s'arrête. Pas un magasin, pas un café ou restaurant ne reste ouvert quand l'appel à la prière est lancé.L'activité économique ne reprend qu'une fois terminée cette obligation de l'Islam. Tout le monde ne va pas prier et nombreux sont les étrangers et les femmes à rester là à attendre que les magasins rouvrent leurs portes. A propos des étrangers, il faut savoir que l'Arabie Saoudite, et Rydah en particulier, en comptent des dizaines de milliers, des Asiatiques pour la plupart, venant de pays comme les Philippines, le Vietnam, la Thaïlande ou l'Indonésie. Ils sont employés dans les métiers de l'hôtellerie, de la restauration, du commerce, de l'entretien des maisons, du bâtiment, etc. Et nombre d'entre eux sont tenus d'être parrainés par des Saoudiens à qui ils versent une sorte de rente pour pouvoir exercer.Une Charte et des questionsC'est dans cette ville que le séminaire sur le rôle de la presse sportive dans le déclenchement de la violence dans les stades s'est déroulé. Un séminaire qui a vu la participation de représentants de 18 pays arabes. On dira que l'Algérie y était avec les deux journalistes (dont votre serviteur) de même que les 4 universitaires (un de l'université de Batna versé dans l'orthophonie sachant que cette science étudie les comportements humains, un de l'université de Sétif 2 spécialisé dans les sciences de l'information, et deux enseignants des sciences du sport, le premier de l'université de Dely Ibrahim et le second de l'université de Msila).Ces 4 enseignants d'université, qui ont fait des communications lors du séminaire, se sont déplacés de leur propre chef, nous indiquant que le ministère de tutelle leur a déconseillé de s'y rendre. C'est du moins ce qu'ils nous ont appris. Trois jours durant, donc, des experts, pour la plupart des universitaires, mais également des responsables de la sécurité dans leurs pays respectifs (notre DGSN n'y était pas, apparemment, elle n'aurait pas été invitée) ont débattu sur ce fléau qu'est la violence dans les stades avec comme cible essentielle le rôle des journalistes dans son accroissement. On fera remarquer que des femmes, une dizaine environ, elles aussi bardées de diplômes, ont participé au séminaire mais on ne les a jamais vu.Leur présence n'a été détectée que par le son de leur voix. Elles étaient, en effet, installées dans une salle mitoyenne à la grande salle, où se déroulait l'évènement, qu'elles suivaient grâce aux moyens de la vidéo. Ce qui ne les a pas empêché de faire entendre leurs avis et critiques.Que faut-il dire du séminaire en lui-même ' Il a cherché à souligner l'importance des médias, l'accroissement du fanatisme dans le sport et de la violence dans les stades, à sensibiliser, à travers des annonces et des articles, afin de réduire ces deux phénomènes, et à renforcer le concept des codes de comportement appropriés pour les supporters sportifs. Il a démontré que ce qui se passe en Algérie sur le plan de la violence dans les stades n'a rien d'exceptionnel. Il n'existe pas un seul pays arabe à ne pas s'en plaindre.Que ce soit en Egypte, en Jordanie, au Yémen, au Maroc en Tunisie ou ailleurs, le phénomène est réel et met à rude contribution les services de sécurité de ces pays. Le problème est que ce séminaire s'est penché essentiellement sur le rôle de la presse sportive. Il en ressort, sur ce que nous avons entendu, que les journalistes, pour la plupart, n'ont pas la formation requise pour apporter l'information la plus objective qui soit. « Trop souvent, à dit un orateur, nous avons affaire à des journalistes plutôt supporters d'un club qui font tout pour défendre les intérêts de celui-ci au risque d'enflammer les foules, que ce soit par leurs écrits ou leurs déclarations à la radio ou à la télévision.»Selon les débatteurs, il faut parvenir à trouver une presse suffisamment concernée par le phénomène pour aider à le juguler. Il faut dire que la presse a eu bon dos durant ces trois jours même s'il est vrai que nombre de ses représentants ont une part de responsabilité dans ce que nous voyons chaque week-end dans nos stades.Cette presse a, tout de même, eu des avocats à travers les deux journalistes algériens qui ont suivi les débats du séminaire de Ryadh, deux journalistes qui ont trouvé tout à fait anormal qu'une charte sur l'éthique de la presse ait été adopté par les séminaristes, charte qui sera proposée à l'approbation du Conseil des ministres de l'Intérieur de la Ligue arabe, sans que la presse n'ait été associée à sa rédaction. Ils ont fait savoir qu'il serait souhaitable que ce ne soit qu'un projet et non un texte définitif tant que la presse n'a pas été consultée.La lutte contre la violence dans les stades est bien trop importante pour qu'elle cible la presse comme un adversaire alors que celle-ci doit être considérée comme un partenaire dans la lutte en question.




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