Algérie

Une résolution, des attentes



Fatalement, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté vendredi sur le dossier de décolonisation du Sahara Occidental une résolution qui laisse insatisfaits tous ceux qui veulent que ce conflit soit clos le plus vite possible par un référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui. La nouvelle mouture de cette résolution a été favorablement accueillie par les responsables sahraouis, car elle oblige la puissance occupante à revenir à la table des négociations et discuter de bonne foi pour envisager un autre avenir à ce territoire que la colonisation. «C'est un tournant qui dénote le grand intérêt que porte le Conseil de sécurité pour hâter la résolution du conflit», estime un responsable sahraoui qui en veut pour preuve la période de renouvellement du mandat de la Minurso de seulement de six mois au lieu de douze.Dans le camp sahraoui, on reste bien sûr prudent, mais ‘'on positive'' forcément devant le puissant lobby marocain et ses soutiens. Bien sûr, le texte du Conseil de sécurité appelle les parties au conflit à des «négociations sans pré-conditions et de bonne foi pour parvenir à une solution politique mutuellement acceptable» au Sahara Occidental tendant vers «l'autodétermination» de son peuple. Une résolution où, à l'instigation du lobby marocain à l'ONU, qui appelle également, sans la désigner nommément, l'Algérie à prendre part à ces discussions. Une résolution bien vicieuse sur nombre de ses aspects, laissant la porte ouverte au Maroc pour dicter ses conditions. Ce n'est pas un hasard, d'ailleurs, que cette résolution ne soit adoptée que par 12 voix, alors que la Chine, la Russie et l'Ethiopie se sont abstenues. Une abstention synonyme de rejet du texte remanié rédigé par Washington, accusé par ces trois pays d'avoir précipité le vote sans donner plus de temps aux négociations.
Il est clair que les Etats-Unis, la France et Madrid, pour de sordides intérêts économiques pour les uns, militaires et géostratégiques au Maghreb et en Afrique pour les autres, ont fait pencher la balance vers le maintien du statu quo actuel dans ce territoire non autonome et font tout pour que le Front Polisario soit débouté dans sa requête fondamentale pour la tenue d'un référendum d'autodétermination pour le peuple du Sahara Occidental. Car il ne faut pas se leurrer, le Maroc peut s'accommoder de résolutions onusiennes qui l'appellent à coopérer avec l'envoyé personnel du SG, notamment pour entamer des négociations franches et directes pour l'avenir du territoire. Amener, cependant, Rabat à appliquer ces résolutions dans les faits, est une autre histoire et c'est ce qui fait durer plus qu'il n'en faut un conflit que la sagesse aurait voulu qu'il soit résolu depuis le cessez-le-feu en 1991.
Pour autant, peut-on faire confiance à Washington qui a expliqué qu'il «veut voir des progrès» cette année, avec des «négociations dans les six mois» ' Difficile de croire à un discours et à de bonnes intentions des Etats-Unis avec une administration plus «va-t-en-guerre» que jamais et, surtout, dirigée par un président fantasque qui a déjà dit ce qu'il pense des pays africains. Il y a tout lieu d'être plus que sceptique sur les intentions autant des rédacteurs de la résolution que de ceux qui ont approuvé ce texte. Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que l'ONU est depuis longtemps instrumentalisée par le Maroc pour que le Maghreb reste un foyer de tension, une région instable.


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