Algérie

Une reprise laborieuse dans la capitale



Alors que les magasins ouverts se limitaient, avant dimanche, aux commerces de produits de première nécessité, d'autres filières ont pu ouvrir depuis hier.L'annonce du gouvernement d'élargir la liste des commerces autorisés à ouvrir malgré la crise sanitaire a changé certains quartiers. Alors que les magasins ouverts se limitaient, avant dimanche, aux commerces de produits de première nécessité, d'autres filières ont pu ouvrir depuis hier. C'est le cas des vendeurs d'articles ménagers et électroménagers.
"Il était temps", indique Mohamed, gérant d'un magasin d'articles ménagers, situé au marché municipal d'Aïn Naâdja, quartier situé au sud d'Alger. Notre interlocuteur, debout devant son magasin, guette, en ce début d'après-midi, d'éventuels clients dans ce marché qui n'a jamais désempli malgré le confinement partiel décrété dans la capitale.
L'homme, quinquagénaire, a le visage fermé. "Qui va nourrir nos familles et celles de nos employés '", s'interroge-t-il. Comme un de ses collaborateurs affairé à réparer un ustensile endommagé, il ne porte ni masque de protection ni gants. Il n'a rien prévu non plus pour les clients, rares encore.
"À quoi cela sert-il '", répond-il avec une certaine insouciance. "Cette épidémie est un don de Dieu. Quand ça vient, on n'y peut rien", se défend-il. "Même des médecins, super-protégés, en sont morts !", ajoutera-t-il, un brin méfiant de notre présence.
Dans cette immense cité d'Aïn Naâdja, où la majorité des commerces semblent échapper à la puissance publique, les magasins de meubles sont légion. Fermés depuis plus d'un mois, ils ont rouvert dans leur majorité. "Nous venons d'ouvrir. Mais il n'y a pas encore de clients", atteste Mohamed, un sexagénaire, assis à la porte d'entrée d'un petit commerce de meubles en bois.
Avec un de ses collègues, beaucoup plus jeune, il semble savourer cette "reprise" après un mois de fermeture. Mais dès que nous abordons avec lui la question des mesures de distanciation sociale, il sort de sa sacoche une bavette. "Je la prends partout avec moi. Mais puisqu'il n'y a personne, je ne la mets pas", se justifie-il, avec un sourire en coin.
Son voisin du magasin d'à côté, plus spacieux et mieux garni, est par contre "armé" contre l'épidémie. Raouf, trentenaire, est maître des lieux. Lui et ses trois employés ont tout préparé : gel hydroalcoolique à l'entrée et masque de rigueur pour tout le monde.
Pourtant, "comparé aux magasins d'alimentation générale, nous ne présentons aucun risque", s'indigne-t-il tout en affirmant que malgré une perte de "plus de 50%" de son chiffre d'affaires bien avant le confinement, il a assuré les salaires de ses employés. Hamza, Amar et Rahim n'ont pas la même chance que Raouf.
Gérants de magasins d'habillement dans un petit centre commercial de Bachdjarrah, un des quartiers populaires de la capitale, ils sont déçus. "La police vient de nous signifier que nous devons fermer", indique Hamza, trentenaire, après avoir vérifié notre identité. "Les policiers nous disent que seuls les magasins situés sur les principales artères peuvent ouvrir", dit-il tout en se résignant au fait que "de toute façon, il n'y a pas de clients qui se bousculent".

Ali BOUKHLEF


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