Une reprise autorisée qui inquiète

Le Comité est opposé à toute forme de partenariat étranger dans le domaine.«Nous nous opposons fermement contre l'ouverture de la pêche au corail» a annoncé en septembre dernier Sid Ahmed Ferroukhi, ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques pour ce début 2014. L'embargo contre cette activité lucrative suite à une exploitation effrénée est normalement levé, ce à quoi s'oppose le Comité national des marins-pêcheurs (Cnmp) par la voix de son président Hocine Bellout. Cette position a été affirmée hier au cours d'une conférence de presse tenue à Alger au siège de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa - aile Salah Souileh).Sachant que le corail ne se développe seulement que de deux millimètres par an, la période couvrant cet embargo, pour le moins très bénéfique depuis 2001, n'aura pas permis à cet animal de se développer suffisamment et se régénérer convenablement pour que ses branches atteignent la taille autorisée à sa pêche, soit entre 15 et 20 centimètres. Bellout a mis à nu la maffia du corail, une nébuleuse qui sévit dans nos ports de l'Est surtout, et les magouilles qui se trament à coups de devises fortes. Les tentacules de ces trafiquants s'étendent jusqu'aux Etats-Unis via la Tunisie d'abord, ensuite vers certains pays européens comme l'Italie en premier lieu, la France, la Roumanie... pour ne citer que ceux-là a indiqué le président du Cnmp.A cette occasion, le conférencier a rappelé plusieurs opérations diligentées par le corps des gardes-côtes qui ont saisi une quantité de deux tonnes de corail depuis l'année 2000.Les prédateurs envahissent les côtes est du pays et vont jusqu'à «planter du corail» sur nos rives en utilisant même des vis pour percer les rochers d'implantation. Ils utilisent également, ajoute-t-il, des GPS pour photographier les massifs de corail à exploiter...Avec leurs outils sophistiqués, ils menacent sérieusement cette richesse nationale à préserver, car fragilisée par des années de pêche illégale surtout par des gens inexpérimentés.Cette reprise autorisée dès 2014 inquiète sérieusement les écologistes, fait remarquer un membre du Cnmp qui a estimé qu'il faudra encore cinq ans au minimum d'interdiction de pêche pour que le corail se développe et puisse être pêché sans danger pour la flore.Développant les arguments du comité contre la levée de l'embargo, Bellout s'est également prononcé «contre toute forme de partenariat avec des étrangers, qui viendront, dit-il, «lessiver» les massifs avec leurs moyens sophistiqués...Le corail devrait être pêché uniquement par des Algériens» a martelé le président du Cnmp, Hocine Bellout.A ce jour, seuls neuf pêcheurs de corail sont agréés par les pouvoirs publics. De nombreuses demandes d'agrément vont être déposées au mois d'avril prochain auprès du ministère.Il faut savoir qu'un kg de corail est vendu entre 1200 et 1800 euros et El Kala est devenue la «capitale mondiale du trafic de corail» souligne Bellout en guise de conclusion de la conférence de presse. Selon lui, il existe 55.000 marins- pêcheurs dont 12.000 sont affiliés au Cnmp. Ces pêcheurs activent dans 31 ports de pêche sur 4250 unités de pêche entre chalutiers, sardiniers et divers autres moyens.