Algérie

Une rentrée scolaire à domicile



Aucune visibilité pour la rentrée scolaire, des informations chaotiques distillées sur les réseaux sociaux, les parents et les enfants dans l'expectative. C'est l'atmosphère vécue ces derniers jours. Ce qui pousse beaucoup d'entre eux à s'organiser pour une rentrée scolaire à domicile...Début du mois de septembre, c'est un coup de massue que les parents reçoivent ! En effet, fixée initialement au 4 octobre prochain, la date de la rentrée scolaire n'est pas définitive, a indiqué le Premier ministre, Abdelaziz Djerad. Ce qui suppose son report.
Il a fait savoir que la date de la rentrée scolaire sera fixée en fonction de l'évolution de la situation sanitaire en Algérie, en relation avec la pandémie de Covid-19.
« Nous ne voulons prendre aucun risque pour nos enfants et leurs parents sur ce point. La rentrée scolaire se fera selon un protocole strict », a-t-il expliqué. Malgré la baisse continue des nouveaux cas confirmés au Covid-19, les autorités du pays semblent craindre une recrudescence de l'épidémie après les mesures de déconfinement décidées depuis un mois. Et après les annonces en Europe liées à la deuxième vague, cela n'augure rien de bon.
Il n'en a pas fallu plus pour que la plupart des parents prennent les devants et s'organisent.
« Mes enfants ont tout oublié »
C'est une hantise pour nombre de papas et mamans. Une peur qui les tenaille, celle que leur progéniture ne puisse pas reprendre le pli des cours scolaires.
Ni cahiers, ni livres, ni stylos pendant sept longs mois. Une longue rupture avec le rythme scolaire et l'apprentissage pour les élèves tous paliers confondus. «J'ai peur que mes deux fils aient tout oublié. Peut-être qu'ils ne sauront même pas lire et écrire. J'appréhende réellement qu'à la reprise, ils ne prennent pas le temps de les re-familiariser», s'exprime Yasmine, maman de trois enfants, dont deux scolarisés au primaire.
Et de continuer : «Les enfants, comme nous, sont complètement perturbés. Ils ont un décalage dans les horaires de sommeil, ils ont passé des heures devant la télévision, la tablette ou encore les jeux vidéo. Il y a à peine quelque temps, ils ont repris un rythme plus ou moins normal en termes de sommeil. Mais pour la lecture ou l'écriture, c'est à peine si je peux les obliger à rester concentrés quelques minutes.»
Yasmine n'est pas la seule dans?cette situation
Souhil, papa de deux enfants scolarisés au primaire, note que la seule parade est de continuer à les encourager à dessiner.
« Ce qui m'inquiète le plus, ce sont les enfants qui passent en deuxième année primaire. Il faut réaliser qu'ils n'ont pas fini leur troisième trimestre et qu'ils ont eu plusieurs mois de vacances. Avec toute la polémique qu'il y avait et la peur entourant la maladie, je ne pense pas que les parents avaient comme préoccupation leurs études, hormis ceux qui passaient des examens de fin de cycle .»
Reprise des cours de soutien
Sur Oued-Kniss, les annonces de cours de soutien pullulent et pour tous les paliers. Une des enseignantes propose ses services en ces termes : «Je donne des cours de soutien en mathématiques à Saoula-Alger. Après presque 7 mois de confinement, 7 mois sans études, pour cela on vous propose : des révisions avant la rentrée scolaire, préparation pour les examens, explication des cours, des groupes 1 500 DA fixe .»
Tout ce qu'il faut pour semer un peu plus la panique, paniquer encore plus la panique, et les inciter à adopter avant même la rentrée scolaire les cours de soutien. Et cela marche !
«J'ai commencé à donner des cours de soutien en mathématiques à ma fille qui passera son baccalauréat en 2021», explique Nora, enseignante au primaire. Et de poursuivre : «Je suis consciente qu'il n'y a aucune visibilité, alors je ne veux pas qu'elle perde son temps et qu'on soit stressés plus qu'il n'en faut. Pour l'instant, nous avons déterminé les trois matières essentielles pour la filière scientifique, comme les mathématiques, la physique et les sciences. Le groupe est composé de trois élèves au maximum en respectant les gestes barrières et le port des bavettes. Je ne pense pas que nous avons le choix de faire autrement. Pour ce qui est du prix, il est actuellement de 2 000 dinars les deux heures. Ceci, en espérant que cela ne va pas être revu à la hausse .»
Nawel, maman de cinq enfants dont trois scolarisés, est en pleine prospection : « Mon aîné passe en première année collège, ma cadette, son examen de fin de cycle primaire et mon troisième, il entre en deuxième année primaire. Dès qu'il y a eu l'annonce du report de la rentrée scolaire, je me suis dit que c'est exclu que mes enfants attendent plus longtemps. Déjà, qu'ils n'ont pas pu suivre les cours en ligne sur Youtube car peu concentrés, si je dois en plus attendre une hypothétique reprise des cours, nous serons perdus. Je cherche des enseignantes qui ne sont pas loin de mon lieu d'habitation et que le groupe soit réduit. C'est surtout pour les matières essentielles. Je trouve que les prix pratiqués sont assez chers, 2?000?dinars pour les deux heures et par matière. Je pense partir à Tizi-Ouzou, chez ma belle-famille, du moment que je continue de travailler en télétravail. Les cours de soutien y ont débuté et à des prix plus bas. Je reste sincèrement convaincue que c'est la meilleure solution .»
Révision à domicile
Maman de trois enfants, Meriem a instauré un programme léger de révision pour inciter ses filles à reprendre goût aux études. «Avec leur papa, nous y sommes allés par étape en les encourageant à la lecture petit à petit. Elles devaient écrire et lire une page d'un livre par jour. Peu importe le sujet, c'est elles qui choisissent. Et comme au niveau de leur établissement scolaire respectif il y a eu la vente des livres scolaires, durant le mois de juillet, nous avons entamé une petite révision d'une heure par jour .» Pour elle, « il est hors de question de cours de soutien pour ne pas les stresser. Nous préférons y aller pas à pas.»
Ceci en attendant une hypothétique reprise...
Sarah Raymouche


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