Algérie

Une rentrée peu ordinaire



Les campus universitaires ont renoué, hier, avec les activités pédagogiques, dans une atmosphère décalée, quelque peu crispée. Les étudiants, notamment ceux inscrits en première année, ont du mal à trouver leurs repères, dans un protocole pédagogique et sanitaire singulier.Devant l'entrée de la Faculté de droit, au croisement des quartiers Saïd Hamdine et Tixeraïne, deux jeunes filles attendent patiemment le Cous (transport universitaire) qui les ramènerait à Sidi-Moussa, localité distante d'environ 22 kilomètres. "Nous avons fini à midi. Mais il n'y a pas de navette pour cette destination avant 15h", informe l'une d'elles, d'une voix intimidée.
"Nous n'avons pas eu vraiment cours. Nous avons juste obtenu l'emploi du temps et le numéro de notre groupe", complète sa camarade. Les lieux paraissent faiblement fréquentés.
"La faculté n'a accueilli aujourd'hui que les nouveaux bacheliers. La rentrée des promotions supérieures est reportée à une date ultérieure. C'est pour mieux maîtriser le flux et appliquer par là même le protocole sanitaire", explique le chef du site.
Les étudiants en droit ont cours en présentiel deux demi-journées par semaine, soit la matinée de 8h à midi, soit l'après-midi de 12h30 à 16h30. Les modules, non essentiels pour la filière, sont enseignés à distance via une plateforme numérique.
L'ambiance à l'université Alger 3 (Sciences économiques, Sciences politiques, Sciences de l'information et l'Institut des sports) à Dely-Ibrahim, se rapproche de l'ordinaire, reléguant au rang subsidiaire le contexte sanitaire.
Les étudiants, masqués pour la majorité (unique signe ostentatoire de l'épidémie de Sars-CoV-2), essaiment les allées de la franchise universitaire autant que son entrée, obstruée par une dizaine de bus oranges.
"Ce pôle regroupe 48 000 étudiants. La rentrée est effective pour toutes les filières, à l'exception de celle des sciences économiques, qui compte 38 000 inscrits", indique M. Saghor, vice-recteur. Pour cette branche, uniquement les premières années occupent, depuis ce mardi, les amphithéâtres.
Les deuxièmes et les troisièmes années les rejoindront le 15 janvier et les masters un mois plus tard. "La rentrée se fait par vague, sinon, ce sera difficile de respecter l'organisation que nous avons mise en place", précise Abdelhafid Hassiani, vice-recteur chargé de la pédagogie.
Les promotions sont divisées en groupes, de telle manière à n'occuper que le tiers des places dans les salles de cours. Là aussi, la présence n'est requise que deux jours par semaine. "Nous avons un débit internet assez puissant pour assurer les cours en distanciel. Mais est-ce que c'est le cas également pour les étudiants", s'interroge M. Hassiani.
Ce n'est pas évident, si l'on prend en compte les échos parvenus des jeunes apprenants. "Je ne sais pas encore comment sera cette année, mais nous avons eu un dernier semestre laborieux. L'université n'avait pas de plateforme.
Les enseignants nous envoyaient les leçons en PDF par mail, sans aucune interactivité. Les sujets des examens ont été établis, après un mouvement de protestations, sur la base d'un mois de cours en présentiel.
L'emploi du temps des examens, les notes et les délibérations ont été affichés sur une page Facebook", témoigne Amine Sediri, étudiant en première année Master Finances entreprises. Il affirme ne pas connaître encore la date de la reprise pour son niveau. Hani, en licence économie et finances, non plus. Le jeune homme demeure impliqué dans le Hirak estudiantin.
Ce mardi 15 décembre, il a participé à un sit-in de solidarité avec les détenus d'opinion, organisé de 12h30 à 13h à l'intérieur du campus. "Nous avons une autorisation du doyen", souligne-t-il. Ce jour, une vingtaine d'étudiants ont honoré le rendez-vous hebdomadaire, qui draine en moyenne une cinquantaine de manifestants.
"La mobilisation a baissé à cause du Covid-19. Nous reprendrons les marches après la fin de l'épidémie" affirment-ils, déterminés. Hypothétique perspective. Le parcours traditionnel des marches des étudiants (Place des Martyrs- Place de la Grande-Poste) était hier quadrillé par un dispositif policier inhabituel.

Souhila H.


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