Algérie

Une rentrée pas comme les autres



Fin des vacances. Le gouvernement, fort probablement remanié, se prépare à une rentrée politique, sociale et scolaire «difficile». Sous le sceau de l'urgence, plusieurs dossiers attendent la future équipe gouvernementale en prévision de la rentrée. La nouvelle équipe doit renouer d'abord avec les Conseils des ministres après une pose estivale marquée par des incendies meurtriers.La situation politique jugée stable, sera réanimée. Sur ce plan, le chef de l'Etat réactivera certainement son initiative de «la main tendue». Selon toute vraisemblance, il poursuivra les consultations avec d'autres acteurs politiques, associatifs et des personnalités nationales pour tenter «de construire le consensus et le resserrement des rangs (lam echaml) entre les Algériens». Une conférence de dialogue inclusif est même prévue dans ce sillage.
En tout état de cause, quelle que soit la manière par laquelle sera abordée la rentrée, le gouvernement qui dispose d'une très large majorité au Parlement avec un cap tracé, n'aura aucune difficulté à faire passer ses multiples projets de loi. Sur le plan social, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a préféré proposer au débat le dossier de la révision de la politique des subventions, perçue comme une question vitale, aux fins de réaliser un consensus sur ce sujet avec toutes les forces vives.
Rappelons, que le projet de loi de finances pour l'exercice 2022 avait affecté 1942 milliards de dinars aux transferts sociaux, ce qui représente 19,7% du budget de l'Etat. La rentrée prochaine intervient sur fond de bouleversements géostratégiques et géopolitiques régionaux et mondiaux induits par la guerre en Ukraine et la crise d'approvisionnement en gaz. De ce fait, le gouvernement tentera de tirer profit de l'amélioration de sa situation financière à la faveur d'une tendance haussière des prix du baril de pétrole et du gaz. Les recettes tirées des exportations d'hydrocarbures atteindraient 55 milliards de dollars en 2022. Le grand défi à relever est, entre autres, de ne pas créer davantage d'inflation, notamment si le chef de l'Etat tient son engagement relatif à l'augmentation des salaires et de l'allocation chômage.
Parmi les projets les plus porteurs et attendus sur le plan économique est sans doute celui des huit textes d'application sur la loi relative à l'investissement. Toutefois, il est impératif que le gouvernement envisage d' accompagner le nouveau Code d'investissement par un certain nombre de réformes dans un contexte contraignant. Selon de nombreux économistes, cette loi ne sera pas suffisante à elle seule pour réaliser le décollage économique escompté. La révision de la loi sur la monnaie et le crédit, l'éradication du marché parallèle de la devise, la réforme du système bancaire, l'amélioration du climat des affaires, sont autant de chantiers que le gouvernement doit lancer.
Dans ce contexte, les économistes ont toujours préconisé la nécessité de supprimer la dualité des taux de change, en éradiquant le marché parallèle de la devise. Les autorités ubliques seront appelées également de revoir et d'ajuster la politique monétaire dans un contexte hautement inflationniste. Des spécialistes suggèrent au gouvernement d'engager la réforme du système financier qui souffre de rigidité, de déconnexion des marchés ainsi que de lenteur en matière d'organisation alors que l'investissement a besoin de financements. Les spécialistes recommandent sa réforme en le libérant des orientations administratives pour qu'il soit libre de ses choix décisionnels. Il est aussi important qu'il puisse maîtriser la réalité du marché et réagir rapidement aux signaux qui y émanent. Il est utile également de lui donner des moyens adéquats pour qu'il soit en perpétuelle adaptation avec le marché.
Le problème de dépréciation continue du dinar dû à son glissement depuis ces trois dernières années par rapport aux principales monnaies étrangères, doit être résolu. Dans le même ordre d'idées, compte tenu de l'importance majeure qu'il revêt, le gouvernement doit s'atteler à l'assainissement du foncier industriel, marqué par une crise d'offre. Pour tenter de lever toutes les entraves à l'acte d'investir, le gouvernement a confié l'attribution du foncier industriel à l'Agence nationale d'Intermédiation et de Régulation Foncière (Aniref).
S'agissant du défi lié à la diversification des exportations, le gouvernement doit atteindre l'objectif qu'il s'est fixé comme, à savoir exporter pour 7 milliards de dollars en hors hydrocarbures en 2022, contre 5 milliards de dollars réalisés en 2021. Par ailleurs, le gouvernement doit aussi bien préparer la prochaine rentrée scolaire, en veillant à l'application de la réforme relative à l'introduction de l'anglais au cycle primaire, comme une deuxième langue étrangère. Il doit aussi réussir l'autre nouveauté d'introduire des tablettes ou le livre numérique au primaire.


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