Algérie

Une rencontre «indépendante et spontanée»


Une bonne partie d'entre elles restera dans les couloirs. Des femmes de la classe moyenne, universitaires, fonctionnaires, cadres, enseignantes. Qui sont les organisatrices de ce rassemblement ' Méfiance et suspicion de la part de nombreuses participantes qui demandent aux initiatrices du rassemblement de dire qui elles sont. Comment ont-elles obtenu si rapidement un rendez-vous (pour le lendemain) avec le Premier ministre et les chefs des  partis ' D'où vient l'argent de la location de la salle et des bus depuis la coupole d'El Menzah au siège du Premier ministère. «Derrière, il y a le RCD», nous disent quelques femmes auxquelles nous avons demandé pourquoi leur insistance à  savoir qui sont les organisatrices et leur méfiance à  leur égard. Pour d'autres, c'est Ennahda qui les soutient à  cause du libellé de leur appel au rassemblement qui se décline ainsi (traduction française) : «Nous, femmes tunisiennes, nous demandons à  tous les partis et aux forces vives tunisiennes de ne pas faire des droits et acquis des femmes des enjeux politiques ou idéologiques ; de sauvegarder ces acquis et en premier lieu le code de Statut personnel ; l'intégration de ces acquis dans la future Constitution». Et pour finir, «Les Tunisiens et Tunisiennes sont les garants de ce bien devant Dieu, le peuple et devant les martyrs de la Révolution». Cette réunion a été présentée comme une initiative spontanée, indépendante des associations et des partis. «Nous voulons que les droits de la femme soient inscrits dans la Constitution et non plus seulement dans le Statut personnel. Nous ne sommes pas contre Ennahda. Dans son discours, Ennahda reconnaît les droits des femmes», intervient au micro une jeune femme, huée par une salle survoltée. Elle reprend sans se démonter : «Nous sommes des femmes, nous sommes des mères de famille, nous voulons faire quelque chose pour notre pays et pour nous-mêmes, nous sommes la moitié de la société». «Les droits de la femme deviennent un enjeu politique, nous disons non». «C'est un moment historique, car nous sommes en train d'écrire notre Constitution. C'est un rêve». De la salle : «Non, non, c'est un droit, c'est une exigence». L'intervenante : «les acquis et droits des femmes, c'est une réalité». Et la salle : «Oui,
oui !». L'intervenante : «Vous voulez constitutionnaliser nos droits, rejoignez-nous alors demain (mercredi 2 novembre) à  13h, place de la Kasbah. Une dizaine de femmes rencontrera le Premier ministre Beji Ecebci et les dirigeants des partis politiques».
Depuis la salle : «Pourquoi parler de droits des femmes dans la Constitution quand il s'agit de réclamer la citoyenneté et l'égalité des droits '» Et aussi : «Nous devons nous organiser contre les agressions et les dépassements visant les femmes».
De la salle encore : «Qui sont ces femmes qui vont nous représenter ' Qu'elles se présentent à  nous». «Devons-nous leur faire confiance '»
L'intervenante, cédant à  l'insistance de la salle : «Je m'appelle Leïla Chetari, je suis une mère de famille, je pense à  mes enfants». «Que celles qui sont d'accord avec notre initiative se joignent à  nous. Nous sommes des femmes indépendantes, non partisanes».
Mercredi 2 novembre à  la place de la Kasbah, face au siège du Premier ministère, sous une pluie battante, elles sont nombreuses à  avoir répondu à  l'appel au rassemblement pour exprimer leur détermination à  se mobiliser pour la préservation de leurs droits.
 
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