Algérie

Une reconfiguration du champ syndical se dessine


La Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique (CNSAFP) a exclu de ses rangs trois organisations syndicales ayant enfreint le code d'honneur et le règlement intérieur de ladite structure créée il y a un peu plus d'une année. Il s'agit du SATEF, du SNTE et du SNAPAP. Ces derniers ont dévoilé peu de temps après leur stratégie, en décidant de surseoir à toute action de protestation ou mouvement de grève cyclique durant la période actuelle. Une conjoncture politique particulière caractérisée, selon eux, par la révision de la Constitution et l'élection présidentielle. Toutefois, cette démarche est qualifiée de « non-événement » par certains syndicats et de « fuite en avant » par d'autres. Les syndicats autonomes ont à maintes reprises rappelé que leur combat est apolitique et leurs revendications purement socioprofessionnelles. « Nous luttons depuis des années pour l'amélioration de nos conditions de travail. Nous ne faisons pas de politique. D'ailleurs, nous avons envoyé deux lettres au président de la République, deux autres au chef du gouvernement et nous avons demandé récemment audience au Premier ministre.Malheureusement, nos lettres sont restées sans réponse », a regretté le docteur Merabet, porte-parole de la coordination, qui estime qu'il est insensé de parler de répercussions d'une grève sur un événement politique tout à fait ordinaire. « Notre but est de faire pression sur le pouvoir pour qu'il ouvre les portes du dialogue avec les représentants des fonctionnaires. La politique n'intéresse pas les travailleurs qui touchent un salaire de misère et vivent par conséquent dans la précarité. Pour nous, l'essentiel est d'agir afin d'arracher nos droits les plus légitimes », a soutenu un syndicaliste. Abordant le sujet relatif au débrayage d'une semaine prévu à partir du 13 décembre prochain, le docteur Merabet a tenu à préciser d'emblée que la coordination est ouverte à toutes les organisations partageant les mêmes idées et les mêmes convictions que les leurs ; elle est actuellement composée de sept syndicats autonomes : deux représentant le secteur de l'éducation et cinq celui de la santé. Néanmoins, notre interlocuteur a tenu à lever toute confusion en précisant que les syndicats de l'éducation, à savoir le SNAPEST et l'UNPEF, ne peuvent pas prendre part à cette grève pour des raisons d'ordre strictement organique.Fait confirmé par M. Mériane, membre de la coordination et premier responsable du SNAPEST : « Nous nous sommes entendus effectivement au sein de la coordination pour mener une action commune, mais à la dernière minute, c'est-à-dire avant d'approuver cette décision, nous avons décidé de ne pas participer et ce, pour des raisons de calendrier des examens et des vacances scolaires. Il n'existe aucune divergence entre les sept syndicats. » M. Mériane a indiqué par ailleurs que le règlement intérieur de la coordination stipule que les syndicats ne sont pas sommés d'adhérer aux actions de protestation que leur base n'adopte pas, comme ils peuvent mener des actions en solo si la base le réclame. « Les syndicats sont cependant appelés à respecter leurs engagements signés et approuvés et à ne pas se rétracter à la dernière minute, à l'image des syndicats exclus qui, à la veille d'un débrayage, ont carrément "tourné la veste" », a affirmé M. Mériane, qui a insisté sur l'entente et la cohésion qui caractérisent les membres de la coordination. « Il y a eu et il y aura des tentatives de casser la coordination. Nous sommes conscients de cela et nous sommes sur nos gardes. Notre but est de rallier à notre cause les syndicats ayant une assise solide, nous avons et nous continuons à assainir la situation », a tonné M. Mériane.Plusieurs actions prévuesPour sa part, M. Amraoui, responsable de la communication à l'UNPEF, a rappelé son attachement à la coordination et au principe d'aller vers la protestation, unique alternative pour amener les pouvoirs publics à se pencher sur leurs doléances. L'UNPEF tiendra une session en décembre pour faire un point de la situation qui prévaut dans le secteur et décider de la marche à suivre quant aux futures actions. Cela nous amène à dire que la grève d'une semaine programmée à partir du 13 décembre concernera uniquement le secteur de la santé. Il s'agit du SNAPSY, du SNMASM, du SNPSP, du SNPDSM et du SNPSSP. Ces derniers revendiquent le respect et la reconnaissance des syndicats autonomes par le gouvernement comme partenaire social à part entière, la révision de la grille des salaires et du point indiciaire en rapport avec l'inflation galopante, l'ouverture immédiate des négociations sur le régime indemnitaire.Les syndicats demandent aussi un statut digne pour les professionnels de la santé. La grève de la santé touchera les activités de soins et de consultations en dehors des urgences, les explorations biologiques et d'imagerie médicale mis à part les urgences, les activités de prévention, toutes les activités d'enseignement en sciences médicales ainsi que les jury d'examen de graduation et de postgraduation et enfin la participation aux différents conseils médicaux et scientifiques, comités médicaux et d'expertises ainsi qu'aux commissions nationales et de wilaya. Par ailleurs, un sit-in de tous les praticiens de la santé sera observé dans les villes non universitaires (hôpitaux des chefs-lieux de wilaya) et les villes universitaires (CHU) le dernier jour de la protestation. Pour Alger, ce sit-in se déroulera au CHU de Bab El Oued le deuxième jour de la grève, au CHU de Parnet le 15 de ce mois, au CHU de Beni Messous le 16 et au CHU Mustapha le dernier jour.De son côté, l'Intersyndicale regroupant également sept syndicats autonomes est en train de se redéployer sur le terrain afin d'aller en rangs serrés vers des actions de protestation qui débuteront probablement avec la nouvelle année. Néanmoins le CNAPEST, qui fait partie de l'Intersyndicale, a d'ores et déjà arrêté la date du prochain débrayage prévu à partir du 10 janvier 2009.
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