Algérie

Une réalité nationale


Une réalité nationale
Publié le 11.01.2024 dans le Quotidien l’expression

Le constituant amazigh de l’Algérie n’est plus un complexe pour l’ensemble de la société.
Année après année, la célébration du Nouvel An berbère s'impose comme une réalité nationale. En plus de la transmission générationnelle, visible dans la société, ce sentiment d'appartenance identitaire est perceptible dans toutes les aires géographiques du vaste pays. Le constituant amazigh de l'Algérie, son origine et sa personnalité, n'est plus un complexe pour l'ensemble des représentations plurielles de la société.

Et si des voix tentent de semer des malentendus et des confusions dangereuses au nom de calculs étriqués sur fond de méconnaissances des réalités du pays, cela demeure marginal.
Ces résistances sordides n'ont pas empêché que le tamazight enregistre des avancées à partir des années 1990 avec l'ouverture graduelle de départements de langue et de culture amazighes dans plusieurs universités du pays. Par la suite, la langue amazighe a été introduite dans le système éducatif à partir de l'année scolaire 1995/1996 avant qu'elle ne soit reconnue comme langue nationale en 2002.

Vint ensuite la consécration dans la Constitution de 2016 du tamazight comme langue nationale et officielle. C'est dire que les acquis sont réels. Cependant, le tamazight est encore en attente d'une politique nationale de promotion adoptée, une faille toujours rappelée par Brahim Tazaghart, la voix de la sagacité militante.

Cette tare expose d'ailleurs dangereusement, le combat identitaire légitime aux manipulations, voire à sa prise en charge par les extrémistes de tout bord. Pourtant, le tamazight, nous enseignent anthropologues, linguistes et sociologues, est un facteur de stabilité et un élément de la cohésion nationale, voire de l'intégration nord- africaine. D'où la pertinence de la revendication portant sur le renforcement des éléments identitaires en faisant de la diversité linguistique et culturelle un facteur de richesse au service de l'Afrique et non un moyen de pression qu'agitent à dessein les puissances.

Faut-il rappeler, dans ce registre, que les puissances étrangères, appuyées par leurs outils de propagande politique et de manipulation culturelle et médiatique, tendent à faire de la pluralité de nos appartenances un alibi de division et d'agression dans certains cas.

D'où l'urgence de se protéger en prenant en charge, aussi bien au niveau institutionnel qu'à travers les représentations de la société, nos richesses et nos diversités (langues, cultures..). C'est à ce titre que prennent tout leur sens les recommandations issues du colloque abrité en été dernier par la ville de Béjaïa.
Dans ce registre, il a été recommandé d'initier une coopération nord-africaine au Sahel pour l'enseignement et le développement de la culture amazighe comme facteur d'unité et de cohésion. Il s'agit aussi d'engager la réalisation d'un lexique amazigh commun aux pays nord-africains et du Sahel et la rédaction d'un manuel de l'histoire commune de l'Afrique du Nord et du Sahel.

Autant de pistes suggérées et nécessaires à suivre pour faire de la présence de plusieurs langues une pluralité qui ne se transformerait pas en des alibis d'affrontements et de rejet.
D'autant plus que les fondements de la pluralité font de plus en plus l'objet de détournement pour des besoins de propagande étrangère et de division communautaire.

Amirouche YAZID

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