Une question d'éthique L'exploration du cerveau

Grâce aux progrès colossaux en imagerie cérébrale, il est déjà possible de savoir quelle image regardent des volontaires lors d'études scientifiques.
Permettront-ils demain de détecter des mensonges lors d'un entretien d'embauche ou en matière judiciaire... voire de lire dans les pensées ' Une étude publiée en septembre révélait qu'il était désormais possible de savoir quelle image regardaient des volontaires en étudiant leur cerveau. «Des travaux en cours permettent, chez un individu particulier, de reconnaître qu'il a vu une maison, un visage ou un outil», indique un neurobiologiste. Mais, «de là à lire les pensées, je pense qu'on en est encore très loin», précise-t-il.
Toutefois, dans les années à venir, «il faut s'attendre à une plus grande résolution dans l'identification des objets de pensée consciente pour un sujet donné», indique ce spécialiste du cerveau. Reste que «dans la pensée, il y a toujours un contexte lié à la fois à l'histoire de l'individu et aux conditions dans lesquelles, au moment où l'individu pense, cette pensée s'élabore», explique-t-il.
Bien évidemment, se pose la question de l'éthique. Ne risque-t-on pas d'aller vers une manipulation des consciences ' L'intervenant juge d'ailleurs que cette réflexion «aurait dû être intégrée» dans la loi de bio-éthique votée cet été. L'Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques (OPECST) s'est saisi de ce dossier et prévoit de publier un rapport en février 2012.
En effet, les données d'imagerie cérébrale peuvent-elles être utilisées par la justice ou lors d'entretiens d'embauche, par des assureurs ' Comment protéger la vie privée ' De multiples questions qui se posent nécessairement. Il y a un risque «de vouloir faire dire à des données scientifiques plus qu'elles ne le veulent», a relevé cette semaine un chercheur à l'Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM). Les belles images couleur du cerveau fournie par l'IRM fonctionnelle (IRMF) pourraient donner «l'illusion de mesurer réellement ce qu'est une pensée», un processus mental. «Le fantasme est là, il faut être très prudent», met en garde le directeur scientifique de l'ICM. «Ce n'est pas parce qu'un comportement se traduit par une image que la mise en évidence de cette image traduit un comportement», prévient-il.