Algérie

Une promotion de l'Afrique par l'image



Une promotion de l'Afrique par l'image
Co-fondée par deux artistes sénégalais installés à New York, Assane Gaye et Ahmad Cissé, l'organisation Jollof Films travaille, depuis 2022, à la promotion des cinémas d'Afrique et se construit comme une plate-forme pour la création d'œuvres par l'image pour la diaspora et les amoureux du continent de ce côté de l'Atlantique. Durant trois jours, Jollof Films a organisé la toute première édition de son festival, au People's Forum, l'un des espaces culturels de la ville dont la philosophie est de promouvoir les minorités. Reportage.
L'atmosphère est humide sur la « Grosse Pomme », et la quinzaine de bénévoles s'empresse à finaliser les derniers détails avant de lancer la première projection du festival Jollof Films, très attendue par les amoureux du VIIe art africain. « On a bossé dur pour mettre ce festival en place : l'excitation est à son maximum ! », s'exclame Ahmad Cissé, l'un des co-fondateurs. Le buffet de spécialités sénégalaises est prêt et tout peut enfin commencer, pour le plus grand plaisir des 500 personnes attendues sur les trois jours.
Au programme : projections de classiques du cinéma africain, dont Gueel Waar d'Ousmane Sembène, Yeelen de Souleymane Cissé, mais aussi et surtout des productions de jeunes réalisateurs dont la Sénégalaise Fattou Fall et son film Strawberries Summers, Pain Relief du Soudanais Mazen Alsafi, mais aussi Sharayna Ashanti Christmas, avec Back To Where We Were, sur la question des ancêtres venus du continent. « On a voulu axer sur deux angles : la reconnaissance des œuvres du cinéma africain, des classiques, afin de les faire mieux connaître, surtout aux plus jeunes, mais aussi aider à promouvoir les nouvelles productions de personnes de la diaspora, et qui veulent parler d'Afrique », explique Ahmad Cissé.
Jollof Films est un collectif créé en 2022 par deux cousins, Assane Gaye et Ahmad Cissé, dont la vie a toujours été portée par l'art et la promotion de l'Afrique et de ses cinémas. Tous deux artistes, photographe et vidéaste pour Assane, photographe et mannequin pour Ahmad, les deux jeunes ont une passion pour le cinéma et veulent aider à une meilleure promotion de celui-ci dans un pays où les superproductions de Hollywood attirent la majorité des feux des projecteurs. « On est parti de rien, on met de nos deniers personnels pour ce genre d'initiative, et on a la chance d'avoir un nombre croissant de fans et de curieux qui viennent assister aux événements, dont notre projection mensuelle à Brooklyn », précise Assane. Et d'ajouter : « On s'est posé la question de faire notre propre festival et on a lancé le projet pour créer une plate-forme d'expression cinématographique, mais aussi apporter un projet qui réunisse les amoureux du cinéma africain et ceux qui réalisent des projets cinématographiques ». Approchée il y a quelques mois, la direction de l'espace culturel People's Forum a adoré l'idée et a donné son accord pour l'utilisation gratuite de ses salles de projections, situées à Times Square. « On ne pouvait pas rêver mieux ! », sourit Ahmad, heureux du succès de cette première édition. Devenir une plate-forme importante dans la promotion du cinéma africain
Avec une quinzaine de projections et de discussions sur le passé, le présent, mais aussi l'avenir du cinéma africain, le festival a été une grande réussite et a réussi à regrouper des acteurs et amoureux du VIIe art du continent, heureux d'avoir pu se réunir et échanger. « Je suis content d'avoir, avec mon court métrage, amené dans la discussion le sujet des réfugiés, des conflits », précise Mazen Alsafi, cinéaste soudanais, qui a présenté Pain Relief, sur le conflit dans son pays et les conséquences sur la population ; « avoir une plate-forme comme Jollof Films nous donne un outil pour promouvoir nos productions, mais aussi réunir les acteurs du milieu qui sont souvent trop dispersés à travers le pays ». Autre élément important du festival : sa gratuité, afin de rendre accessible à tous, et vue comme essentielle pour rendre plus visible le VIIe art africain. « Un accès gratuit au cinéma et à la discussion pour faire avancer la cause du cinéma africain, c'est vital », souligne Sharayna Ashanti Christmas, venue présenter Back To Where We Were. « La plupart d'entre nous devons mettre les bouchées doubles pour financer nos projets. Il faut s'unir pour que les aides financières soient plus importantes, pour que les cinéastes ne soient pas limités dans leur démarche. Jollof Films est une initiative pleine d'espoir et il faut qu'elle continue à grandir pour devenir un incontournable de ce côté de l'Atlantique.
L'argent reste le nerf de la guerre pour continuer à promouvoir le cinéma africain, mais aussi pour aider de jeunes talents à lancer leurs projets, caméra en main. Sans sponsor, Jollof Films fonctionne avec des fonds propres des deux cousins et quelques dons, en attendant que des organismes et instituts officiels viennent apporter une aide, financière ou technique, pour que la cause prenne de l'ampleur. « J'ai tourné, il y a peu, un film sur la communauté sénégalaise de New York, et la générosité des personnes de la diaspora nous a aidés à terminer le projet », explique Fatoumata Diallo, étudiante à la célèbre New York Film Academy. « Sans les coups de main de certaines personnes et des levées de fonds en vendant des plats africains ou des bijoux faits main, on n'y serait pas arrivé.
Jollof Films veut que toutes les forces convergent pour que l'on pousse comme un collectif et passer à la vitesse supérieure. » Pour Ahmad Cissé, ce n'est que le début. « On va continuer sur notre lancée, faire nos projections gratuites, faire grandir le festival. On veut devenir un organisme important pour aider les jeunes cinéastes, mais aussi donner, encore et toujours, plus de visibilité au cinéma africain d'ici et de là-bas. »
R.C.


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