Algérie

Une profession en quête de professionnalisme



Le secteur se débat encore et toujours dans l'amateurisme et l'anarchie.Si à Alger les chauffeurs de taxi se sont rebiffés contre les applications de VTC (voitures touristiques avec chauffeur), dénonçant ce qu'ils qualifient de "concurrence déloyale", dans la wilaya de Bouira cette profession n'a pas encore atteint ce niveau et se débat encore et toujours dans l'amateurisme et l'anarchie. Ces "professionnels" du transport, comme ils aiment se définir, offrent la plupart du temps une qualité de service des plus médiocres, le tout avec une tarification des plus excessives. En effet, pour un trajet d'à peine 2 ou 3 km, les chauffeurs de taxi de Bouira exigent 150 DA ! Pour deux kilomètres de plus, ils en demandent 100 autres, etc. Afin de parcourir une dizaine de kilomètres, l'addition peut s'avérer très salée. Ainsi, le prix d'une course Bouira-Haïzer, à 10 km l'une de l'autre, est fixée à 400 DA, voire à 500 aux heures de pointe. Autant dire de l'escroquerie pure et simple. Contrairement à ceux d'Alger, de Annaba ou d'autres grandes villes, les taxieurs de Bouira n'ont pas de syndicat à proprement parler. "Nous n'avons pas de représentants. Chacun représente soi-même", déclarent-ils. Leur tarification n'est régie par aucun texte de loi et encore moins une autorité quelconque. Les prix sont unilatéralement proposés et appliqués par... les taxieurs eux-mêmes. Du côté de la direction des transports de la wilaya, on admet à demi-mot cette anarchie. "Certes, il y a des carences, mais il faudrait qu'on trouve un interlocuteur fiable afin de tenter de mettre de l'ordre dans ce secteur", dira un responsable auprès de ladite direction. Hormis les prix pratiqués, c'est aussi le manque flagrant de professionnalisme de certains chauffeurs. En effet, ces derniers, du moins certains d'entre eux, usent parfois de manières discourtoises, pour ne pas dire grossières à l'égard de leur clientèle. Ils s'arrêtent où ils veulent, rechignent à aller vers une destination, alors qu'elle est inscrite dans leur feuille de route et n'ont aucun respect pour leurs clients. Au sujet de ce dernier point, un taxieur, interrogé sur le pourquoi de la chose, soulignera le fait que les week-ends la ville est saturée et que les bouchons sont fréquents. D'où, selon lui, le refus de certains de "perdre leur temps pour 150 DA". Face à cette anarchie ambiante, le législateur a mis en place une série de mesures afin de codifier et encadrer cette profession : le décret exécutif n°16-82, portant réglementation du transport par taxi. Cependant et dans les faits, ledit texte de loi n'est toujours pas appliqué, du moins dans la wilaya de Bouira. Ainsi, ce texte de loi stipule explicitement qu'il est interdit au conducteur de refuser ou de choisir ses courses lorsqu'il est libre, de faire usage des moyens audio ou audiovisuels sans l'assentiment des clients, et de fumer à bord du véhicule et aussi afficher à bord de son véhicule les tarifs en vigueur et les respecter. Toujours dans le chapitre des infractions commises par ces "professionnels" du transport, on citera l'apparence vestimentaire. À Bouira comme partout ailleurs, certains taxieurs conduisent en claquettes et en survêtement, ou dans des tenues que la décence proscrit. Or, si la réglementation était appliquée, ces chauffeurs doivent porter une tenue vestimentaire "appropriée".
Entre insécurité et concurrence des "fraudeurs"
Comme toute profession ou secteur, les chauffeurs de taxi à Bouira ne cessent de réclamer "l'amélioration" de leurs conditions de travail. Tout d'abord, ils revendiquent plus de sécurité. Le 1er octobre dernier, les chauffeurs de taxi de la ville de Bouira avaient débrayé à cet effet. Selon les protestataires, nombre d'agressions ont été enregistrées aux abords de la station qui leur est dédiée, du fait de l'absence de postes de vigiles à proximité. La dernière en date remonte au 18 septembre, lorsqu'un usager, originaire de la commune de Bordj Okhris, a été agressé vers 21h par des délinquants rôdant à proximité de cette aire de stationnement. Certains chauffeurs de taxi interrogés sur le sujet n'avaient pas caché leur inquiétude et leur mécontentement face à cette situation. "Il y a bel et bien une cabine de sécurité, mais elle est vide (...) Cela fait des mois qu'on demande l'affectation d'un agent de sécurité, mais en vain", ont-ils déploré. Autre défaillance enregistrée, celle relative à l'éclairage. En effet, dès la tombée de la nuit, cette station de taxi sombre dans l'obscurité la plus totale. Autre point soulevé par la profession, celui relatif à la concurrence déloyale générée par les "taxieurs clandestins". Ces derniers, ou les "fraudeurs" comme on les appelle, "nous causent énormément de tort". "D'abord, ils nous raflent la majorité des clients, puisque, eux, qui sont soi-disant clandestins et fraudeurs, choisissent de s'installer au vu et au su de tous, dans les carrefours les plus fréquentés de la ville, alors que les stations que l'on nous désigne sont toujours situées dans des rues où ne passe que très peu de monde. Ensuite, ces fraudeurs qui ne paient ni impôts, ni licence de taxi, ni Casnos, peuvent se permettre de baisser les prix pour attirer plus de clients", se plaignent nombre de chauffeurs de taxi interrogés.

RAMDANE BOURAHLA


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