Algérie

Une prise en charge folklorique des opérations



Une prise en charge folklorique des opérations
Photo : A. Lemili
De notre correspondant à Constantine
A. Lemili

Autant la situation est spectaculaire en ce qu'elle livre comme images d'une voie arrachée et une torsion inimaginable des rails, six citernes contenant de l'essence, dont 4 sorties de voie et une fuite de carburant en plein air rapidement mais sommairement colmatée à l'aide d'une chambre à air' C'est dire des dizaines de travailleurs qui s'affairent à redonner une configuration à la voie de roulement habituelle, des responsables qui s'isolent pour tenir des conciliabules entre eux et une voie de la circulation routière très fréquentée interdite d'accès aux usagers aux aurores déjà. Une situation pourtant qui ne saurait être qualifiée d'exceptionnelle en ce sens que les déraillements de train à hauteur de la gare du Khroub, plus que l'exception, sont devenus la règle. Sur ces cinq dernières années, la Tribune a révélé autant de déraillements.Sur place, nous saurons auprès de travailleurs qui s'accordaient un petit répit que le déraillement a eu lieu à une heure avancée de la nuit de mercredi à jeudi et qu'ils attendent l'arrivée de la grue pour remettre en état la voie. A contrario, les responsables de la Sntf se mureront dans le plus grand mutisme lorsque nous les solliciterons pour connaître les raisons qui pourraient être à l'origine de l'incident. Nos tentatives d'approcher et l'officier de la Protection civile et celui des services de sécurité s'avéreront également vaines. Si l'officier de la Protection civile se «serait déplacé», selon ce que nous apprendrons auprès des sapeurs sur place, celui des services de police se trouverait «du côté bas du périmètre de sécurité (à hauteur du passage à niveau) et plutôt du côté haut (sortie de la ville)», selon que nous nous adressions aux agents en faction à hauteur des deux extrémités dudit périmètre de sécurité. Ceci étant, officieusement une information était délibérément mise en circulation dans le but évident de parer à une panique : «Il s'agit de mazout, un liquide ininflammable, il n'y a donc aucune crainte à se faire.» Or, il s'agit bel et bien d'essence et non de fuel, d'ailleurs c'est ce qui expliquerait l'interdiction d'accès de tous les véhicules à une voie de circulation essentielle. Le plus inquiétant est le dilettantisme avec lequel étaient menées les opérations, de nombreux badauds déambulaient, quelques-uns très proches des citernes renversées, faisant usage de leurs téléphones mobiles ou allumant une cigarette, alors même qu'un périmètre de sécurité dressé à cet effet aurait dû les en dissuader. Pis, un agent de la Protection civile debout sur l'une des citernes était plongé, à la limite de l'hypnose, dans une communication téléphonique sans que cela ne prête à conséquence parmi tous les fonctionnaires présents, alors que nul n'est censé ignorer la volatilité des vapeurs d'essence et les risques de démarrage de feu. Ainsi, le périmètre de sécurité réputé d'ordinaire inviolable et allègrement envahi de voitures, dites comme «officielles» comme on nous répondra quand la question était posée, sinon «il s'agit de riverains qui quittent leur domicile ou doivent le regagner» (sic). A quoi finalement ce périmètre de sécurité servait-il autrement qu'à créer un surcroît de désagréments aux usagers de la route, lesquels étaient en ce qui les concerne obligés de faire un détour chaotique sur des chemins improvisés pour retrouver la route normale.Soulignons enfin que chaque citerne transportait 60 000 litres d'essence, le train venait de Skikda et se dirigeait vers Batna. Des camions-citernes de Naftal ont été acheminés sur les lieux afin de récupérer le carburant contenu dans l'ensemble des citernes.




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