Algérie

Une priorité pour la santé



Une priorité pour la santé
Plus que jamais, le tabagisme est devenu un problème de santé publique. Il revient très cher à la société en termes de dépenses de santé. Et représente une des principales causes de mortalité en Algérie, presque quatre fois plus que les accidents de la route. Chaque année, il y a environ 15.000 personnes qui décèdent à cause du tabagisme. Le fléau est tout autant inquiétant que les autres causes de mortalité dans un pays qui dispose de beaucoup de lois antitabac mais qui restent désespérément inappliquées.Les cris d'alarme des experts et des spécialistes restent pour le moment des prêches dans le désert, car le tabagisme provoque également des ‘'morts collatérales'' avec tous ces fumeurs passifs que sont les enfants, les femmes et les personnes évoluant dans un environnement non protégé des fumeurs. La prise en charge du fléau est lourde et est généralisée à presque toutes les spécialités médicales, avec bien sûr le secteur de l'oncologie qui représente celui où les dépenses hospitalières et de prise en charge des cancéreux du tabac sont les plus lourdes. C'est devenu, ailleurs dans le monde, une priorité pour le système de santé publique. Et les chiffres font peur.
Selon une étude de la revue Tobacco Control, rendue publique en janvier dernier, le tabagisme absorbe environ 6% des dépenses mondiales consacrées à la santé ainsi que 2% du produit intérieur brut (PIB). De plus, le coût total du tabagisme s'élevait à 1.436 milliards de dollars (1.330 milliards d'euros) dans le monde dont 40% à la charge des pays en développement. En 2012, les dépenses directes de santé liées au tabagisme se sont élevées au total à 422 milliards de dollars (391 milliards d'euros) dans le monde, soit 5,7% de l'ensemble des dépenses de santé, un pourcentage qui atteint 6,5% dans les pays à forts revenus.
L'Algérie n'échappe pas au phénomène et est appelée, plus que jamais, à prendre des mesures courageuses, efficaces et draconiennes pour freiner l'avancée du tabagisme et, surtout, l'endiguer dans une grande proportion, à défaut de l'éradiquer. Car la grande bataille, économique celle-là, est de trouver des solutions courageuses pour interdire non pas la consommation du tabac, qui relève des libertés, mais l'importation de tabac. Ensuite, il y a le problème de la culture et la production du tabac, qui reste une industrie qui fait vivre des milliers de familles et constitue une forte plus-value pour le Trésor en termes de taxes sur le tabac, de la production à la commercialisation. Le tabac rapporte beaucoup au Trésor, difficile donc d'envisager des solutions à court terme sur ce point. D'autant que les plus grands groupes mondiaux, dont des Américains et des partenaires émiratis, sont fortement implantés en Algérie et donc difficiles à contrôler.
Des solutions courageuses doivent être prises par l'Etat, autant à travers le ministère de la Santé que ceux du Commerce et de l'Industrie. Et, à défaut de son interdiction totale, l'Etat devrait mettre en place des mécanismes, et pas seulement une hausse des taxes et des prix, pour faire infléchir la courbe sans cesse en hausse du tabagisme, celle des hospitalisations ou des traitements ambulatoires. Pour, au final, maîtriser ce fléau, réduire autant la facture des dépenses de santé liées au tabagisme que celle des bilans macabres. La santé a un prix, la lutte contre le tabagisme également.


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