Une preuve de maturité

Le résultat de l'élection présidentielle pourrait être interprété comme preuve de maturité. La mémoire collective semble avoir capitalisé le souvenir d'une tragédie qui a failli emporter l'Etat républicain et l'expression des urnes a été, à l'occasion de cette consultation importante, le lieu d'articulation de la volonté de conjurer les démons de la violence.Que les élections aient lieu sans heurts, c'est pour le peuple une manière de cautionner l'?uvre de développement dont lui seul est l'acteur, mais aussi et surtout une façon de dire que l'alternance démocratique au pouvoir ne peut être que le résultat obligatoire du jeu électoral, bien que le peuple doive attendre encore un peu pour que le changement ait enfin lieu. L'alternance doit être le fait de la mise en présence effective d'une alternative pertinente et valable. Les leçons du peuple, qui a su rester calme et serein, sont souvent plus judicieuses et sages que celles de la classe politique, car elles sont implacables, mais elles ont le mérite constructif de réveiller ceux qui, au sein du pouvoir et dans l'opposition, pourraient dormir sur les lauriers de la certitude. La certitude est l'ennemie de la vérité et le parent d'un intégrisme politique qui ne sert pas ses adeptes, quels qu'ils soient. Autre leçon. Ceux qui ont animé cette campagne, les uns promettant des jours meilleurs sous le même régime, les autres d'effacer les actions du prédécesseur, doivent savoir modérer leur propos, car le peuple n'est pas dupe. Depuis la fin du cauchemar de la violence terroriste, chaque jour qui arrive est meilleur que celui qui passe et chaque pas fait au présent, ensemble, balise des centaines de pas pour l'avenir.