Après une campagne présidentielle des plus ternes, le scrutin présidentiel débute aujourd'hui en Egypte, et ne devrait pas dépasser le premier tour, tant que l'autre candidat semble plutôt acquis à Abdel Fattah al-Sissi, qu'un adversaire.Quelque 60 millions d'électeurs égyptiens sur près de 100 millions d'habitants que compte le pays, sont appelés aux urnes à partir d'aujourd'hui et jusqu'au 28 mars pour renouveler le mandat du maréchal Abdel-Fattah Al-Sissi dans une élection présidentielle sans le moindre suspense. En effet, après avoir évincé de la course tous les candidats sérieux à même de le concurrencer, dont notamment l'adversaire malheureux de l'islamiste Mohamed Morsi en 2012, Ahmed Chafiq, qui a renoncé en raison des menaces d'emprisonnement, le raïs égyptien s'est trouvé un adversaire sur mesure, qui fait partie de son propre camp. Il s'agit de Moussa Mostafa Moussa, 65 ans, connu pour être l'un des plus fervents supporters du président. Il s'est lancé dans la course pour éviter qu'Abdel Fattah al-Sissi ne soit seul à se présenter. Pour rappel, plusieurs personnalités critiques du gouvernement, qui ont tenté de se présenter, ont été obligées de renoncer par des moyens persuasifs, à l'instar de l'opposant Abdel Moneim Aboul Foutouh. À l'image de Mostafa Kamal el Sayed, professeur de sciences politiques à l'Université du Caire, qui a estimé que "Moussa Mostafa Moussa a peu de chance de remporter un nombre significatif de voix (...). Beaucoup de gens ne savent même pas qu'il se présente", les Egyptiens savent qu'il ne s'agit que d'une simple formalité, d'où la très forte probabilité que cette élection se termine dès le premier tour. Selon le même analyste "le résultat est connu d'avance et ça n'encourage pas les Egyptiens à aller voter", et "il n'y a pas eu de campagne". D'ailleurs le président égyptien en semble convaincu lui-même, comme l'indique le contenu de son interview à la Télévision nationale au cours de la semaine précédente. Il a estimé que l'absence de concurrents sérieux n'était pas de sa responsabilité, avant d'ajouter : "J'aurais aimé que soient présents un, deux, trois ou 10 des meilleurs candidats". Cette élection présidentielle n'est qu'un remake de celle de 2014, qui avait porté Abdel Fattah al-Sissi au pouvoir, et au cours de laquelle il ne faisait déjà face qu'à un unique concurrent ; Hamdeen Sabbahi. Le score sans appel de 96,9% des voix en faveur du maréchal al-Sissi, démontre si besoin était que le scrutin était joué d'avance. Le seul hic est le taux de participation, qui n'avait atteint que 37% après deux jours de scrutin, obligeant les autorités alors de le prolonger d'une journée pour qu'il atteigne 47,5%. En d'autres termes, le taux de participation ou d'abstention, c'est selon, sera la seule inconnue du scrutin. Craignant une très forte abstention, le gouvernement a appelé les Egyptiens à voter en masse. Ce point sera donc encore une fois le casse-tête des responsables égyptiens, car c'est une élection à sens unique. D'ailleurs, en guise de campagne électorale, Abdel Fattah al-Sissi s'est limité à des apparitions théâtrales lors de divers évènements largement couverts par la télévision publique. Quant à l'affichage, les rues du Caire sont remplies de portraits du raïs, alors que les affiches représentant Moussa Mostafa Moussa sont rares.
Merzak Tigrine
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Posté Le : 26/03/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Merzak Tigrine
Source : www.liberte-algerie.com