Algérie

Une première dans les annales



Une première dans les annales
C'en est une, en Algérie, dans la mesure où les interviews dont il s'agit dans le livre sont des fenêtres ouvertes sur la vie et l'?uvre des hommes ou femmes de lettres cités et largement représentatifs de la diversité culturelle.Lorsqu'on fait un essai de ce type, on se rend compte que l'Algérie est riche en hommes et femmes de lettres, disparus ou vivant ailleurs pour des raisons diverses. Ceux qui sont partis pour aller vivre sous d'autres cieux, plus cléments, risquent cependant de devenir des inconnus à vie, dans leur propre pays. On a demandé à de jeunes universitaires ce que leur rappelait le nom de Mohamed Dib. «Rien», ont-il répondu tout de go, on n'a jamais parlé de l'écrivain pourtant proposé au prix Nobel et traduit en arabe puis dans les langues les plus parlées au monde. En 1990, on disait de lui qu'il était mort alors que jusqu'en 2003, année de sa disparition et de l'Algérie en France, il a été prolifique. Et que sait-on de Assia Djebbar ' Quant à Kateb Yacine, l'imam El Ghazali avait dit qu'il ne méritait pas de se faire enterrer en Algérie, au lendemain de sa mort en 1989. Hommes et femmes de culture qui ont marqué leur temps Ils sont une vingtaine à avoir été interviewés. Ce qui permet aux lecteurs d'avoir d'eux une vue d'ensemble de leur itinéraire, leur place dans l'actualité et leur regard sur les perspectives d'avenir. Mohamed Fellag occupe dans ce livre, comme dans la réalité le devant de la scène comme comédien, homme de plume, acteur de cinéma. Tout seul sur la scène, il est capable de faire éclater de rire tous les publics, en créant une forte émotion. Il a même réussi à réconcilier par son spectacle des communautés que tout a séparé comme les Européens et les émigrés maghrébins lorsqu'ils sont réunis dans une même salle pour rire aux éclats. Puisque l'originalité du livre est d'être une somme considérable d'interviews, la lecture est passionnante. Et concernant Fellag, les 24 réponses probablement improvisées, à des questions précises, permettent d'avoir une vue d'ensemble assez complète sur l'artiste multidimentiel hors du commun. Le racisme du pays d'accueil et la diversité ethnique s'effacent d'eux-mêmes face à Fellag qui apporte un immense bonheur à tous ceux dont la langue est le français. Ce qui est expliqué dans cette réplique de l'artiste : «Ce Français me permet de m'adresser à tout le monde.» Ces spectacles réunissent des milliers de spectateurs de France : des arabophones, des berbérophones, des francophones, des beurs qui ne parlent ni kabyle ni arabe, des Sénégalais, des Camerounais. Les Français qui sont dans la salle regardent les Algériens et ces derniers regardent les Français. Ils sont fiers de regarder quelqu'un qui leur ressemble et qui use de la langue française. «Mon but à travers m es spectacles est de contribuer à semer la paix, l'amour, la vie, la tolérance et l'ouverture des uns envers les autres. Je créé une espèce de démocratie pendant deux heures. Ces spectacles créent une synergie qui m'intéresse». Parmi les plus connus dans les milieux populaires comme auteur ayant consacré son temps d'écriture à la Kabylie, nous avons pensé à Younès Adli parce qu'il a fait beaucoup de publication sur la langue e t la culture amazigh : «Si Mohand u M'hand, Arezki Lbachir, la Kabylie à l'épreuve des invasions puis un roman : les Nubels». Il travaille donc sur le sillage de Mouloud Mammeri et de ceux qui l'ont précédé dans les siècles passés et dont les écrits en arabe d'avant le 20e siècle sont restés des références sur l'histoire de l'Algérie liée à celle de la Kabylie. C'est le cas de la Rihla (relation de voyage) de Houcine El Wartilani et du livre de la Rahmaniya de Sidi M'hamed Ben Abderrahmane Bou Kobrin. Des écrits de Mohamed Ben Belkacem Ezzawawi. Des écrits en arabe comme ceux de Cheikh El Mouloud Oulahbib qui ont fait l'objet d'une traduction de Mohand Said Ibnou Zekri. Younes Adli dit a voir réuni un corpus émanant d'illustre auteurs de l'oralité comme cheikh Aheddad, cheikh Mohand Oulhocine. S'il s'est intéressé aux historiens de la Kabylie connus sous les noms de Honoteaux et Letorneux qui avaient participé à la conquête de la Kabylie avant de se consacrer à son histoire, c'est parce qu'ils ont beaucoup apporté en retour. Ainsi, l'interview consacrée à Adli a été utile à plus d'un titre, elle donne un aperçu sur la diversité de sa production écrite. ?uvre d'un jeune pour recréer l'envie de lire S'il n'y a pas les pionniers de la culture parmi les 21 interviewés, c'est parce qu'Aomar Mohellebi, né en 1974, fait partie des jeunes qui se cherchent dans un monde difficile plein d'embûches qui font fuir les cerveaux vers l'Europe ou l'Amérique. L'auteur a produit une ?uvre innovante pour dire sans doute à tous ceux qui appartiennent à sa génération qu'il y a des hommes et des femmes de plume de la Kabylie qui ne méritent pas d'être méconnus pour leurs écrits dont la plupart sont de haute tenue. Lire des interviews est agréable et ne peut apporter qu'un plus aux connaissances générales vu qu'il s'agit d'une somme considérable pour quiconque n'a jamais feuilleté un livre. En ce début du 21e siècle que nous vivons dans un tumulte insupportable, dû en grande partie au monopole de l'internet et du portable perfectionné, le lectorat, qui, depuis des décennies, n'a fait que se réduire, n'est pas prêt de refaire surface comme on le souhaite. Mis à part les gens qui ont fait partie des générations ayant précédé celle de Mohellebi qui continuent d'aller à la recherche des informations et nouvelles publications littéraires, c'est le vide culturel. Il faut réapprendre à lire, installer de bonnes habitudes de lecteur dès l'enfance comme cela se fait obligatoirement jusqu'à nos jours en Finlande, en Norvège et dans tous les pays avancés. Qui n'a jamais lu jusqu'au delà de trente ans ne se remettra jamais à lire. Cela pourra se vérifier dans notre société. Le livre de Mohellebi a le mérite de réunir un ensemble d'interviews intéressantes et susceptibles de recréer le goût de lire des ouvrages dont les interviewés sont des auteurs talentueux. «Combien j'aurai voulu lire «Et Caïn tua Abel» dit un jeune qui a lu ce livre d'interviews qui mérite d'être diffusé à grande échelle pour une meilleure connaissance des livres qui doivent être recouverts de poussière sur les étagères de librairie comme «Le chemin de la fontaine», roman de Mohand Arkat. «Ecrivains de Kabylie», un livre à lire avec intérêt pour en savoir plus sur les hommes et les femmes d'écriture de la nouvelle génération, au nombre de 21, et d'une parfaite complémentarité. Boumediene Abed «Ecrivains de Kabylie», Aomar Mohellebi, Ed Anep, 2013, 188 pages.




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