Algérie

Une première dans le monde arabe



Une première dans le monde arabe
L'ancien président égyptien, Hosni Moubarak, a été condamné hier à la prison à vie par un tribunal du Caire. Octogénaire, l'ex-raïs était accusé de corruption et d'avoir donné l'ordre de tirer à balles réelles sur les manifestants pendant la 'Révolution du Nil' en 2011.
Hosni Moubarak, allongé sur une civière derrière les barreaux du box des accusés et portant des lunettes noires, est resté impassible à l'énoncé du verdict, comme durant toute l'audience. Il avait plaidé non coupable lors de son procès, qui avait débuté le 3 août 2011.
C'était le premier dirigeant emporté par le 'Printemps arabe' à comparaître en personne devant la justice. Son ministre de l'Intérieur, Habib El-Adli, a également été condamné à perpétuité alors que six anciens hauts responsables des services de sécurité égyptiens ont été acquittés. Les condamnés ont le droit de faire appel. À l'énoncé du jugement, des opposants à Hosni Moubarak ont laissé éclater leur joie, agitant des drapeaux égyptiens et lançant des youyous. 'Le peuple veut que le pouvoir judiciaire soit nettoyé', ont scandé au milieu d'une cohue des gens à l'intérieur de l'enceinte de l'école de police dans la périphérie du Caire, où se tenait le jugement, à l'extérieur du bâtiment, des opposants à l'ex-'pharaon des temps modernes' psalmodiaient : Allahou akbar! Cependant, à l'énoncé de son verdict, des échauffourées ont éclaté à l'intérieur même du tribunal. Le procès a été diffusé en live. La télévision d'Etat a même vendu ses images aux médias étrangers entre 7 et 10 000 dollars. Le Conseil supérieur des forces armées qui dirige le pays jusqu'au second tour de la présidentielle, soit vers la fin juin, a consenti à médiatiser le procès, alors qu'après les premières audiences du procès de Hosni Moubarak, qui avait débuté en août 2011 diffusées en direct, le président du tribunal Rifaât Saïd a été instruit pour interdire les caméras dans la salle des audiences. Moubarak est accusé de corruption et d'implication dans la mort de plus de 800 manifestants, tués en janvier-février 2011 pendant la révolte qui l'a renversé. Ce qu'il a nié. Les défenseurs de droits de l'homme pointaient du doigt un 'procès de très petite envergure'. L'accusation contre l'ex-président ne porte que sur les six jours les plus sanglants de la révolution, du 25 au 31 janvier 2011, disaient-ils. En effet, durant le procès, les méthodes répressives appliquées pendant les trente ans du régime autoritaire de Moubarak n'ont pas été abordées : à la trappe la torture, les morts en prison, les détentions abusives'
Le parquet a requis la peine de mort à son encontre. Ses deux fils, Alaâ et Gamal, ont eux été jugés pour corruption dans le même procès qui a commencé six mois après le départ de Moubarak, poussé à la démission par le soulèvement populaire et après avoir été lâché par ses généraux. Pour de nombreux observateurs, le verdict devait être reporté. Sa proclamation à moins de quinze jours du deuxième tour d'une présidentielle à haut risque, pourrait être un coup de pouce pour le candidat de l'armée face à son rival des Frères musulmans. Après un an et cinq mois d'instabilité politique chronique, l'Egypte est sur la corde raide. La sentence somme toute sévère permettrait-elle d'éviter tout risque de soulèvement populaire ' Les avocats de Moubarak feront de toute façon appel. Reste que le procès a valeur d'exemple : pour la première fois, un dirigeant d'un pays arabe se présente physiquement au tribunal pour rendre des comptes à la justice. Le 3 août dernier, jour d'ouverture du procès, les images de Hosni Moubarak en costume rayé de prisonnier, alité sur une civière dans la cage des accusés, avaient fait le tour du monde. La même image a refait samedi le tour du monde. À la fin de l'audience, Hosni Moubarak a été transféré dans l'aile médicalisée de la prison de Tora, dans la banlieue sud du Caire, pour y purger sa peine. Auparavant, il était en détention préventive dans un hôpital militaire.
D. B




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