Algérie

Une précampagne à fonds publics



Une précampagne à fonds publics
La précampagne électorale menée par l'ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avant qu'il n'endosse officiellement son statut de chargé de campagne du président Bouteflika, laisse pour le moins perplexe quant à la façon dont sont gérées les ressources publiques.Un périple long de 38 wilayas et des enveloppes financières, en veux-tu en voilà ; le tout pour satisfaire aux besoins électoralistes du pouvoir en place et, accessoirement, à ceux socioéconomiques des populations. Or, qu'un candidat à l'élection présidentielle, ou son représentant, s'adonne sans parcimonie au jeu des promesses, cela peut bien évidemment s'entendre. Mais qu'un Premier ministre en exercice s'autorise, pour ainsi dire, à ordonnancer des dépenses publiques aussi nonchalamment qu'il balance de pernicieuses galéjades, cela relève clairement de cas avérés d'abus de pouvoir et de non-respect des lois et institutions censées régir et contrôler la gestion de l'argent public.Sillonnant le pays pendant des mois, Abdelmalek Sellal n'a, en effet, pas fait qu'inspecter des chantiers déjà inscrits aux plans complémentaires de développement, dont foisonne la nomenclature budgétaire en vigueur, mais a bel et bien décidé encore (et souvent sur le vif et à la demande) de nouveaux projets et donc de nouveaux budgets à allouer pour les financer, sans se soucier le moins du monde des usages et des règles budgétaires qu'impose la loi. C'est ainsi, tel un patron omnipotent d'une petite entreprise familiale, qu'il se permettait de s'engager sur telle ou telle dépense publique à autoriser.Au mépris des procédures imposant le contrôle du Parlement sur l'allocation des ressources de l'Etat, des mises en garde incessantes de la Cour des comptes sur les réévaluations effrayantes des autorisations de programmes et même des réalités macro-financières d'aujourd'hui, qui devraient pourtant inciter à la plus grande vigilance budgétaire, sous peine d'échoir à nouveau sous le joug de l'endettement. Quelque 1300 milliards de dinars pour une tournée au quatre coins du pays, tel est le gage offert aux populations pour garantir la reconduction du président Bouteflika à la tête de l'Etat.Sans compter d'autres promesses de salaires à revaloriser, d'Ansej pour tous et autres «offrandes» au peuple avec l'argent du peuple. Il est, certes, un fait que les besoins de rattrapages socioéconomiques, de pouvoir d'achat, de logements et autres infrastructures de base restent immenses dans diverses régions du pays et nécessitent, très légitimement, des plans et des financements aussi immenses. Cependant, la gestion de l'argent public ne peut découler de besoins électoralistes de dirigeants en quête de suffrages, s'arrogeant le pouvoir de recourir aux très critiqués fonds d'affectation spéciaux ou encore à des lois de finances complémentaires, proposées en aval des dépenses publiques déjà en cours de consommation.La loi impose plutôt d'emprunter le chemin inverse : un texte proposant des programmes et des allocations budgétaires à soumettre au contrôle du Parlement, puis une mise en ?uvre effective des autorisations de programmes, officiellement consignées dans les lois de finances en vigueur.




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