Algérie

Une politique suspendue aux prix de l'énergie


La problématique liée au prix de l'eau refait surface. Défi double pour l'Algérie. Il y a d'abord la politique de soutien aux prix à laquelle s'agrippe encore l'Etat algérien. Et ensuite, le « risque » de libéraliser les services de l'eau qui impliquerait nécessairement une pratique réelle des prix. Cette problématique, évoquée hier lors d'un séminaire consacré à l'analyse et à la planification économique dans le secteur de l'eau, revient ces derniers jours comme une prière.C'est la saison des factures salées ! Selon Yann Laurans, économiste et responsable au sein de l'Agence de l'eau Seine-Normandie (France) et consultant auprès de la GTZ (coopération technique allemande), la pratique des subventions de l'eau est « usuelle » et existe dans plusieurs pays, mais sous différentes formes. En Algérie, apprend-on auprès du ministère des Ressources en eau, le prix réel de l'eau devra revenir à 28 DA/m3 pour les ménages qui ne paient, concrètement, que 18 DA/m3.Le supplément est épaulé suivant la politique de subvention adoptée par l'Etat. En France, d'après le conférencier, la politique des subventions est appliquée d'une manière déguisée, par l'intermédiaire des conseils généraux à titre d'exemple. « La subvention est très limitée et concerne surtout l'agriculture », a-t-il soutenu sur sa lancée. En Allemagne, expliquera un représentant de la GTZ, « l'Etat subventionne l'eau dans son volet investissement, mais jamais au stade de la consommation ». A entendre Yann Laurans, le vrai calcul du prix de l'eau consommable doit impliquer impérativement les coûts comptables, ceux de l'investissement et de renouvellement ainsi que les coûts sociaux et environnementaux.Néanmoins, à en croire un représentant du ministère des Ressources en eau, le coût de l'investissement n'est pas pris en charge dans le calcul des tarifs de l'eau en Algérie. L'eau est donc subventionnée en Algérie à deux niveaux : et sur le plan investissement et au stade de la consommation. Le même principe était adopté pour la nouvelle orientation de l'Algérie qui consiste à investir désormais dans le dessalement de l'eau de mer. Si l'on se réfère aux précédentes déclarations du ministre de l'Energie et des Mines, il n'y aurait « aucun impact sur le tarif pour le citoyen ». Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, avait déclaré de son côté que, malgré le coût jugé « très élevé » de la production d'eau dessalée, l'Etat continuerait « à soutenir les prix », de sorte que le « citoyen payera cette eau au même prix que celle produite par les barrages et les forages ». Mais le coût de celle-ci dépendait toujours des tarifs de l'énergie applicables par Sonelgaz. Toutefois, Yann Laurans juge que l'Algérie sera confrontée à terme au dilemme du coût d'opportunité.C'est-à-dire qu'il n'est pas si facile de maintenir la barre à son niveau actuel si les prix des hydrocarbures viennent enregistrer des pics plus importants encore. « L'Algérie aura donc à faire, à ce moment-là, un choix dur : vendre son gaz ou faire fonctionner les stations de dessalement. Le choix portera certainement sur l'option la plus rentable », expliquera davantage Yann Laurans, expert à l'Agence de l'eau Seine-Normandie. Ce dernier a axé son discours sur « l'importance de la planification intégrée dans le secteur de l'eau. Chose qui constitue la pierre angulaire d'une meilleure gestion des ressources hydriques ». D'après un représentant du département des Ressources en eau, présent hier à la conférence, l'Algérie aura un nouveau plan de planification pour l'année 2009. En attendant, l'Algérie semble déjà opter pour une politique tarifaire suspendue aux prix de l'énergie.
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