Algérie

Une polémique à moitié justifiée



Des garde-fous! C'est ce qu'a décidé de mettre en place l'Etat pour une meilleure gestion des opérations de solidarité Covid-19. En effet, l'ambassade d'Algérie en France a annoncé, vendredi dernier, que l'acheminement des aides de la diaspora vers le pays était désormais soumis à une autorisation. «L'ambassade d'Algérie en France porte à la connaissance des associations communautaires, collectifs et ressortissants algériens, que la concrétisation des opérations de solidarité initiées par les membres de la communauté nationale à l'étranger, venant en appoint aux actions menées par l'Etat dans la lutte contre la propagation de la pandémie de Covid-19, obéissent à des conditions», précise la représentation diplomatique dans un communiqué. Elle souligne, dans ce sens, que les initiateurs d'opération de collecte et d'acheminement de dons sont tenus de prendre attache avec les représentations consulaires territorialement compétentes à «l'effet de solliciter la délivrance de l'autorisation d'acheminement de dons». Tout un dossier doit être déposé pour obtenir ce fameux sésame.«Le dossier de demande d'autorisation doit comporter les indications suivantes: l'identité des donateurs (associations, collectifs, particuliers), agrément, le cas échéant, la liste du matériel médical (concentrateurs d'oxygène), des consommables et des produits pharmaceutiques collectés, comportant les indications sur le volume, le poids et la valeur», soutient la même source. Elle fait savoir que l'acheminement de ces aides s'opère à partir des trois plateformes (aéroports) suivantes: Paris, Marseille et Lyon. Toutefois, en plus de l'autorisation, les bienfaiteurs sont soumis à une autre «exigence». Il s'agit de l'obligation d'octroyer ces dons au ministère de la Santé. «Le ministère de la Santé (Pharmacie centrale) est le seul et unique destinataire des dons recueillis», est-il indiqué. «Il se charge de la répartition du matériel médical, des consommables et produits pharmaceutiques collectés selon son évaluation des besoins au niveau national», ajoute la même source. Ces nouvelles conditions ont provoqué une vive polémique ici et de l'autre côté de la Méditerranée. Beaucoup craignent une récupération politique qui viendrait couper le magnifique élan de solidarité qui s'est mis en branle depuis le début de cette troisième vague. Certains ont même affiché leurs craintes de voir ces donations détournées au profit des «copains et des coquins». D'ailleurs, un Algérien résidant à l'étranger voulait juste après l'Aïd El Adha, envoyer des concentrateurs d'oxygène pour les malades. «Quand on nous a dit qu'ils seront réceptionnés uniquement par le ministère de la Santé, on s'est rétracté. On les a envoyés de façon individuelle, par d'autres moyens», rapporte un membre de cette association attestant qu'il ne faisait pas confiance aux autorités. Des craintes compréhensibles au vu des comportements et détournements que l'on a vus à une certaine époque. Une crise de confiance réelle existe entre les Algériens et leurs dirigeants. La gestion de la crise sanitaire par le ministère de la Santé n'est pas venue pour arranger les choses. Certes, l'Etat est dans son droit de connaître la provenance des dons pour identifier leurs auteurs. Cela doit également éviter que des gens «malsains» n'utilisent la situation actuelle pour ramasser de l'argent sur le dos des Algériens. De plus, il est tout à fait logique qu'il y ait un «capitaine» qui dirige les opérations de récolte et de distribution afin d'assurer une équité entre les différentes régions du pays. Sinon, on risque de retrouver des établissements sanitaires en surplus d'équipements pendant que dans d'autres les gens mourront faute de ces équipements rangés dans les dépôts. Il aurait donc été plus judicieux de couper la poire en deux. C'est-à-dire: mettre en place ces «règles» mais en laissant la société civile diriger les choses. On aurait pu mettre en place une liste de quelques associations, crédibles afin qu'elles s'occupent de cette collecte en collaboration avec les autorités sanitaires. La pilule serait mieux passée. On aurait ainsi évité une récupération politique, d'un côté ou de l'autre. Au lieu de se retrouver avec cette fausse polémique...


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