Taos Amrouche est décédée en avril 1976. Elle était écrivaine, chanteuse-poétesse et militante de première heure de la cause berbère dans les rangs de l'Académie berbère que présidait Bessaoud Mohand-Arab. Elle a hérité de sa mère, Fadhma Ath Mansour Amrouche, auteure de «Histoire de ma vie», le don de l'écriture, mais aussi celui de poétesse. Elle n'avait que 63 ans quand elle est décédée, mais elle avait produit plusieurs oeuvres, notamment des romans. Quatre au total: Jacinthe noire, Rue des tambourins, L'amant imaginaire et Solitude ma mère. Ce dernier est un roman posthume publié une première fois en 1995 avant de faire l'objet d'une réédition aux Editions Gallimard. Le cinquième livre écrit par Taos Amrouche s'intitule Le grain magique et il s'agit d'un recueil de contes et de poèmes kabyles anciens que Taos Amrouche avait tétés au sein de sa mère Fadhma.L'exil et la culture
Cette dernière, malgré l'exil et l'éloignement, a su transmettre à sa fille et à son frère Jean Amrouche, de larges pans de la culture orale et traditionnelle kabyles. C'est loin d'être un hasard si Taos Amrouche a choisi, en chantant, d'interpréter des chants du terroir kabyle comme les Chants berbères de Kabylie ou encore les Chants de procession et des danses sacrées berbères, entre au-tres. Taos Amrouche a eu un destin exceptionnel, marqué par des épreuves inénarrables, engendrées par l'exil, le problème identitaire et d'appartenance aussi bien sur le plan linguistique et culturel que du point de vue religieux. Mais Taos Amrouche a su affronter toutes ces afflictions de l'âme profonde en s'adonnant notamment à l'écriture romanesque qui a constitué pour elle un véritable exutoire. Avec une audace digne de celle de sa mère Fadhma, Taos Amrouche s'est attaquée à des thèmes qui demeurent à nos jours tabous dans de nombreuses sociétés parmi lesquelles la nôtre. On retrouve omniprésente l'influence indélébile de la mère de Taos Amrouche dans les oeuvres littéraires de cette dernière. D'ailleurs, les contes et les poèmes kabyles anciens contenus dans le livre intitulé Le grain magique, ont été directement transmis par Fadhma Ath Mansour à sa fille écrivaine. Taos Amrouche a dépeint toutes les déchirures dont elle a été la victime, dans ses oeuvres en choisissant de prendre les choses du bon côté.
La complexité de son héritage culturel et social deviendra vite une richesse et une diversité qui ne sont plus des tares qu'elle devait traîner interminablement.
Héritage et inspiration
Son héritage pluriel devint rapidement sa source d'inspiration dont elle n'hésita pas à s'enorgueillir malgré un contexte des plus difficiles car Taos Amrouche devait affronter la censure en Algérie pendant longtemps.
D'ailleurs, ce n'est qu'en 2020 qu'un éditeur algérien, à savoir «Frantz-Fanon», a osé, il faut le reconnaitre, publier les romans de Taos Amrouche, pour la première fois en Algérie. Une initiative qui gagnerait à toucher d'autres hommes et femmes de lettres algériens dont on ne retrouve plus les oeuvres dans notre pays, à l'instar de Malek Ouary, Rabah Belamri, Mourad Bourboune, Ali El Hamami et la liste est encore très longue. Il s'agit bel et bien d'oeuvres algériennes d'abord et avant tout malgré leur caractère universel, la littérature n'ayant pas de frontières. On ne peut pas terminer sans rappeler que Taos Amrouche a été militante de la cause identitaire amazighe de première heure. Plus et mieux encore, Taos Amrouche a été partie prenante de la création de l'Académie berbère en 1965 en compagnie de Bessaoud Mohand-Arab et d'autres militants dévoués et sincères. C'est dans la maison de Taos Amrouche que la première réunion ayant abouti à la fondation de l'Académie berbère a eu lieu. C'est dire à quel point Taos Amrouche était très attachée à sa culture et langue amazighes. Malgré tout.
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Posté Le : 05/04/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Aomar MOHELLEBI
Source : www.lexpressiondz.com