Algérie

Une plaque commémorative restaurée à la Douweira de Sidi Ahmed Belahcène Al-Ghomari, Doyenne des «restos du coeur» dans le monde.



Ce dimanche 13 avril 2003, une plaque commémorative fut restaurée en lieu et place où elle avait été enlevée, il y a deux ans, jour pour jour. Elle a été déplacée d’un bureau à un autre en y apportant à celui qui a osé porter atteinte au devoir de mémoire, toute l’amertume des gardiens du lieu. Depuis 533 ans le bien «waqf» de la Doueyra de Sidi Ahmed Belahcène Al-Ghomari était destiné à une toute autre mission que celle d’abriter une administration qui s’est installée dans un provisoire qui dure depuis une trentaine d’années.


Lorsqu’un matin du 13 avril 1470, Sidi Ahmed Belahcène Al-Ghomari resta immobile dans sa dernière prosternation de la prière du Fedjr à la grande mosquée de Tlemcen, la cité se réveilla toute ébahie devant la grande piété de celui qui avait forcé l’admiration des jeunes de son époque tels que le «sage» Sidi Mohammed Benyoucef Es-Senouci ou le «président» Ahmed Ibnou Zekri ou le «savant» Mohammed Ben Abdellah Ben Abdel-Jalil Et-Tenessy ou le disciple futur Cheikh Zerrouk qui fonda plusieurs «zawouias» à travers le Maghreb. Toute une génération de la fin du XVème siècle, donna alors un sens au legs que venait de laisser en fonctionnement Sidi Belahcène Al-Ghomari à la cité de Tlemcen. Sa douweira mitoyenne de la grande mosquée était déjà connue comme un lieu du «Koût Al-Kouloûb» où chacun pouvait trouver nourriture terrestre et spirituelle.


Son compagnon Sidi M’hammed Al-Faroui avec les nombreux bénévoles qui prêtaient assistance aux visiteurs de la douweira eut droit, lui aussi, à une place voisine de son maître. Derrière le mausolée, une aile vers le nord était réservée aux hommes nécessitant assistance et accompagnement de solidarité, une autre aile vers le sud était réservée pour les femmes et leurs enfants.


Le premier «restaurant du coeur» dans le monde était né. Que d’efforts réalisés par plusieurs générations de citoyens organisant l’action sociale permanente, notamment aux jours les plus sombres de la cité dévorée par des épidémies où cette douweira abritait jusqu’à cent personnes attendant leur heure ultime et recevant les derniers soins nécessaires au dernier voyage vers Sidi Es-Senouci de Tlemcen.


Quant aux jours fastes de la cité, tous les commerçants de la ville trouvaient où envoyer «la part de Sidi Belahcène»: le marchand de fruits et légumes envoyait tous les dixièmes de ses cageots, le tenant du four banal retenait tous les dixièmes des galettes pour Sidi Belahcène, le «ouchour des uns et des autres aboutissait à Sidi Belahcène».


Chaque évènement familial avait une pensée accompagnée d’un geste pour les pensionnaires de Sidi Ahmed Belahcène Al-Ghomari. Quiconque était de passage à Tlemcen trouvait ce «restaurant du coeur» à sa disposition, sa petite famille elle, trouvait dans la rue aux Sept Arcades l’abri nécessaire pendant que le père vaquait à ses achats. Toutes les mamans à Tlemcen se souviennent avoir emmené dans l’enceinte de la rue des Sept Arcades, leur enfant en retard d’élocution ou de marche pour espérer qu’en cet espace un déclic puisse se produire!


Toutes les grand-mères de la région de Tlemcen se souviennent de ces moments de quiétude qu’elles passaient dans cette rue et de cette gorgée d’eau qui les désaltérait lorsque la pression sociale devenait grande dans le village ou simplement dans la Grande Maison.


Ce site a ainsi, pendant un demi-millénaire, dispensé ses bienfaits multiples sur la population autour de la grande mosquée de Tlemcen. Ni l’administration décadente des Bani-Zayân du XVIème siècle, ni la hargne ottomane sur la cité au XVIIème siècle, ni l’administration coloniale française durant son séjour à Tlemcen, n’osèrent perturber l’action sociale et de solidarité populaire de la Douweira de Sidi Belahcène Al-Ghomari. L’histoire retiendra l’acte perpétré par une génération de la fin du XXème siècle, qui en lieu et place d’une institution qui aurait pu être la doyenne des «restaurants du coeur» dans le monde, a affecté ces lieux en bureaux administratifs dans un provisoire qui dure depuis une trentaine d’années!


Sidi Ahmed Belahcène Al-Ghomari et son compagnon Sidi M’hammed Al-Faroui ont connu durant cette période, le poids des boîtes à archives et de la documentation administrative et ont dû surtout supporter l’écoute des communications téléphoniques branchées près de leur tombe. Eux, qui pendant plusieurs siècles étaient attentifs aux lecteurs de Coran qui se pressaient dans leur salle, pour perpétuer la lecture de leur texte favori.


Lorsqu’en 1972, un asile pour vieillards prit les pensionnaires de Sidi Belahcène, une commission d’imams notables de la ville avait sollicité des dons auprès de la population pour la réfection du lieu pour abriter des pensionnaires de la lecture du Coran. Mais grande fut la surprise des citoyens de voir s’installer dans ces lieux des services administratifs qui, quelque temps après, se sont emparés de l’aile sud que gérait le Croissant Rouge algérien et bientôt les grandes portes ouest de la grande mosquée sont continuellement condamnées et même le passage aux Sept Arcades cadenassé à ses deux extrémités, surtout en dehors des heures administratives.


Pendant ce temps, la population concernée qui y trouvait refuge, continue à errer devant la façade sud de la mosquée: mendiants, mères et jeunes filles en détresse, adultes en difficultés, enfants seuls, ivrognes et de multiples cas sociaux. Attendent-ils que les fonctionnaires de la Douweira leur rendent leur espace? L’institution d’une «Koût Al-Kouloûb» reprendra-t-elle sa mission interrompue à l’instar des institutions similaires dans le monde?


Avec le concours des nouveaux centres de solidarité créés par des bienfaiteurs de la cité, Sidi Ahmed Belahcène Al-Ghomari pourra-t-il retrouver son rayonnement social, culturel et spirituel, et ce à la veille de la célébration du neuvième centenaire des «Taraouih» à la grande mosquée de Tlemcen 530-1430 de l’Hégire?


Ce lieu restera longtemps après nous, une source d’inspiration sur le legs que plusieurs générations ont accompli en actions sociales culturelles et spirituelles comme patrimoine universel.    Qui se souvient encore en ce début du 3ème millénaire de ce legs que confia un 13 avril 1470, Sidi Ahmed Belahcène Al-Ghomari à la cité Tlemcen?




Essalamo Alaykom, Je voulais vous informer que le père de Sidi Ahmed Belahcène est SID LAHCENE (le marie de MIRA) de Zaouiet El Mira (commune de SOUAHLIA). L'histoire de ne s'arrête jamais, il faut tirer les fils jusqu'au bout. MERCI d'ajouter cette information à tous les articles qui vont être publier et qui ont été déjà publiés. SALEM. YOUCEF G.
Youcef - PRIVé - SOUAHLIA, Algérie

02/10/2015 - 279188

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