Algérie

Une piste islamiste surgie de nulle part Suspect des tueries de Montauban et de Toulouse



Une piste islamiste surgie de nulle part                                    Suspect des tueries de Montauban et de Toulouse
Dans la nuit de mardi à mercredi, le bouleversement était total dans le feuilleton des tueries dans la région de Toulouse. Un auteur est sorti comme d'un chapeau de magicien. Sauf qu'il n'y a rien d'enchanté dans cette affaire. Le suspect, totalement inattendu, Mohamed Merah, 24 ans, est Français d'origine algérienne, islamiste, qui a prétendu agir pour Al Qaîda. Resté retranché toute la journée dans son appartement toulousain, il négociait âprement avec la police avant de se rendre.
Lyon.
De notre correspondant
Tout va trop vite et l'actualité s'est soudainement emballée, hier matin, avec l'annonce d'un suspect retranché chez lui, un Français d'origine algérienne, adepte du djihad, Mohamed Merah. Le suspense était au rendez-vous d'une nouvelle journée dont sont friands les médias qui occupent l'antenne dans des quartiers vides, des gendarmes et des policiers en veux-tu en voilà, et des entretiens d'où, pour la plupart, l'idée générale est que les interlocuteurs n'ont rien à dire de nouveau. Ils meublent la montée d'angoisse alimentée chez les auditeurs et les téléspectateurs. Malgré cette toile de fond habituelle désormais dans le système d'information spectacle, l'issue de l'enquête était prévisible mardi, lorsque le président Sarkozy avait dépêché les policiers du Raid à Toulouse pour étoffer la recherche du tueur dans le collège juif lundi, et des soldats parachutistes il y a quelques jours.
Ce déploiement de policiers formés à un type d'opération musclée avait de quoi étonner, alors que les enquêteurs disaient n'avoir aucune piste sérieuse. Mardi soir, on indiquait que la piste des néo-nazis (comme le meurtrier fou d'Oslo l'été dernier) avait été écartée. Dès lors, la piste islamiste commençait à se faire jour, sans qu'aucun commentateur ne s'avise de la prononcer vraiment.
Tout a basculé hier au petit matin et pendant des heures, les policiers ont négocié avec le jeune suspect, âgé de 24 ans. Selon les comptes rendus relayés par les médias, il aurait indiqué avoir voulu venger la cause des enfants palestiniens et dénoncé l'action de la France en Afghanistan. Son avocat, qui l'avait conseillé dans différentes affaires précédentes, parlait en début d'après-midi d'un individu faible, déstabilisé, qui pourrait même mettre fin à ses jours plutôt que de se rendre. «C'est un jeune homme très doux, au visage d'archange, au langage policé», disait Christian Etelin, interrogé par le Nouvel Observateur.
Au même moment, on apprenait que le suspect avait été arrêté en 2007 en Afghanistan après avoir posé des bombes dans la région de Kandahar, mais s'est évadé quelques mois plus tard. C'est ce que déclarait, à Reuters, le directeur des prisons de cette ville du Sud afghan. Condamné à trois ans de prison, il s'est enfui à la faveur d'une intervention commando menée en juin 2008 par des talibans qui avait permis l'évasion d'un millier de détenus. Une autre information affirmait qu'avant de rejoindre l'Afghanistan, le suspect avait postulé pour entrer dans la Légion étrangère et dans l'armée, selon Europe 1. Il n'a pas été retenu en raison de ses antécédents judiciaires et de son instabilité psychologique. Après l'attaque contre les trois paras, le 15 mars, la Direction de la protection du secret-défense (DPSD), ancienne sécurité militaire, avait communiqué ces données aux spécialistes de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), les services du contre-terrorisme de la police.
DES CONCLUSIONS FARFELUES ET DES CONSEQUENCES POLITIQUES
Hier à 14 h, l'intervention la plus aberrante était celle de l'imam de la mosquée de Drancy, Hassan Chalghoumi, qui jugeait que les tueries de Toulouse et Montauban par un suspect se revendiquant d'Al Qaîda étaient «le 11 septembre des musulmans de France».
Dans le même temps, le Premier ministre palestinien, Salam Fayyad, affirmait, dans un communiqué, qu'«il est temps que ces criminels arrêtent de revendiquer leurs actes terroristes au nom de la Palestine et de prétendre défendre la cause de ses enfants, qui ne demandent qu'une vie décente, pour eux-mêmes et tous les enfants du monde».
Au plan politique, contrairement à ce qu'on pouvait penser au début de cette lamentable affaire, le Front national risque de marquer des points. Marine Le Pen a fait un carton hier dans une certaine opinion en estimant que «le risque fondamentaliste a été sous-estimé dans notre pays et que des groupes religieux se développent face à un certain laxisme». Quant au président sortant, il a enfin pu endosser sa tenue préférée, celle du guide et du protecteur, une stature qu'il avait essayé en vain de mettre en avant en janvier dernier. Ce qu'il n'a pas manqué de faire hier après-midi en assistant aux obsèques des militaires tués il y a dix jours à Toulouse et Montauban. «Le 15 mars 2012, le tueur a pris pour cible trois de nos soldats. (...) Nous savons aujourd'hui que c'était bien des soldats que l'assassin voulait tuer. Ils ont été abattus, car ils étaient l'Armée française.
C'est elle que le tueur a visée, et c'est la République qui a été touchée (...) », a-t-il discouru. Puis, parlant de la fusillade de lundi : «Je veux dire que si des communautés ont été prises pour cibles, ce sont des enfants, des soldats, des Français qui ont été assassinés.(...) Cet homme voulait mettre la République à genoux. La République n'a pas cédé (...) Ses crimes ne demeureront pas impunis.» Après les discours, la politique reprendra ses droits, dans la dernière ligne droite avant le vote du 22 avril. Les candidats présents à la cérémonie, dont jusque-là le favori François Hollande, ont été salués par le président. Ils vont désormais tenter d'apaiser la scène politique. Avec un train, ou plutôt un avion de retard sur l'omni président Sarkozy auquel l'actualité a apporté un argument décisif pour prendre de l'avance.


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