Algérie

Une phrase de Lakshmi Mittal met en émoi le complexe d'El Hadjar


Après la colère, l'inquiétude. Des travailleurs du complexe sidérurgique d'El-Hadjar, à Annaba, ont peur pour leur l'avenir. Pour exprimer leur crainte, ils ont envoyé au Premier ministre Ahmed Ouyahia une lettre accompagnée de plusieurs centaines de signatures de travailleurs.
La raison de la crainte ' Une phrase contenue dans une lettre, envoyée début juillet à ses collaborateurs par Lakshmi Mittal, patron du groupe Arcelor Mittal. Celui-ci suggère que des décisions qui seront prises par l'entreprise, pour faire face à la crise, «peuvent se traduire par des périodes difficiles pour nos employés et leurs familles». La phrase est vite disséquée, interprétée. «Profitant d'un contexte de crise économique, ArcelorMittal tend à réduire la production mondiale d'acier, de fermer systématiquement les Hauts Fourneaux (HF) et donc les aciéries à Oxygène; de rendre incessibles les sites fermés à ses concurrents, quitte à les rendre inexploitables. Toutes les promesses de rénovation et de mise à niveau technologique de ces installations n'ont été qu'un prétexte à leur fermeture définitive et réelle», écrivent ces travailleurs au Premier ministre. Selon eux, le redressement du groupe passe par des compressions d'effectifs à travers le monde. Y compris en Algérie. Les signataires du document rappellent à M. Ouyahia que des ministres d'industrie de France, de Luxembourg et d'Espagne «se préparent à faire adopter un arsenal juridique important pour faire face à cette stratégie «Attilienne» de terre brulée et empêcher la fermeture de leurs sites sidérurgiques». Ils demandent au Premier ministre algérien d'adopter une position faisant preuve de la même fermeté.
LE NIET DE L'ADMINISTRATION
Face à cette forte inquiétude, l'administration du complexe sidérurgique tente de rassurer. Dans un communiqué distribué aux salariés et daté du 10 juillet dernier, le directeur général dément l'existence d'un plan social. «Conformément à son code de gouvernance et d'éthique, ArcelorMittal agit en toute transparence et respecte l'ensemble des parties prenantes, en particulier les instances représentatives du personnel avec lesquels un dialogue de progrès, continu et responsable est maintenu dans l'intérêt de l'ensemble des parties», écrit-il. Selon lui, le projet Omega, qui fait peur aux travailleurs, n'a qu'un seul objectif : rendre le groupe compétitif à l'échelle planétaire. Il donne comme exemple des investissements qui seraient en préparation sur le site d'El Hadjar. Dans une lettre adressée par Lakshmi Mittal aux salariés du groupe, datée de juillet dernier, le ton n'est pas vraiment à l'optimisme. Si le patron indien se réjouit, en introduction, de la baisse des accidents, il n'en demeure pas moins que, à coup de chiffres, il admet un recul des résultats du groupe pour le premier trimestre de l'année en cours. Il justifie cela par la crise économique mondiale, et il propose des solutions.
RECUL DU CHIFFRE D'AFFAIRES
Le patron du groupe ArcelorMittal annonce que «les résultats d'aujourd'hui reflètent le climat économique mondial. En raison d'une plus faible demande pour l'acier, les expéditions ont baissé, pour s'établir à 21,7 millions de tonnes au deuxième trimestre, contre 22,2 millions de tonnes au premier trimestre 2012. Le chiffre d'affaires du deuxième trimestre a baissé de 1 %, à 22,5 milliards de dollars, comparés aux 22,7 milliards du premier trimestre 2012. La baisse est due à l'affaiblissement des volumes d'expédition d'acier (-2,5 %), à la baisse marginale des prix de vente moyens de l'acier (-0,4 %) et à l'impact d'effets de change». Les liquidités de l'entreprise ont également diminué au deuxième trimestre, à 14,8 milliards de dollars, alors qu'elles s'élevaient à 15,2 milliards à la fin du premier trimestre 2012». Pour faire face à ce qu'il qualifie de «nouvelle réalité économique», Lakshmi Mittal annonce l'adoption d'un projet dit Omega. Cela passe par des réductions des coûts, et des mesures qui «peuvent se traduire par des périodes difficiles» pour les employés et leurs familles». Autrement dit, des licenciements ou des compressions d'effectifs. Le document ne fait, en revanche, aucune référence explicite à l'Algérie.
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