Algérie

Une phobie israélienne



Hier, le secrétaire d'Etat Rex Tillerson était à Ankara pour renouer les fils du dialogue et surmonter ainsi la crise avec la TurquieConvaincu que la présence libanaise et surtout iranienne est non seulement manifeste, mais durable, Israël a tout tenté pour convaincre son allié inconditionnel, les Etats-Unis, ainsi que la Russie à exercer des pressions sur Téhéran pour obtenir son retrait de la scène syrienne.
Obnubilé par la «menace iranienne» à partir de la Syrie, Israël n'a pas baissé les bras après la double attaque aérienne durant laquelle il a perdu au moins un F16 pour la première fois depuis de nombreuses années. Mercredi, des appareils sionistes de surveillance ont encore survolé la région de Qunaytra, dans le sud de la Syrie. Selon l'agence Sana, «la défense antiaérienne syrienne a repoussé des avions de surveillance israélien au-dessus de Qunaytra, les obligeant à quitter l'espace aérien» de la Syrie. Ce n'est pas une surprise, car l'obsession du gouvernement Netanyahu a atteint un degré phobique au point que l'armée sioniste est tenue désormais de «surveiller» l'espace syrien comme on surveille le lait sur le feu. Le fait que le gouvernement du président Bachar al Assad, appuyé par ses alliés russe, iranien et libanais, soit parvenu au lendemain d'octobre 2015 à reprendre la majorité de son territoire où sévissaient différents groupes armés, en majorité terroristes, a accru la nervosité des dirigeants sionistes, jusque-là préoccupés par la question du nucléaire iranien dont ils espèrent que le président américain Donald Trump va brouiller les cartes à leur profit.
La meilleure illustration de cette renaissance du régime syrien a été donnée la semaine dernière avec la riposte que Damas a déclenchée face aux raids aériens d'Israël, pour la première fois depuis 2012 alors que l'armée sioniste avait effectué plus d'une centaine de raids aériens contre des dépôts et des convois d'armes, jusque alors impunément. Cette réactivité de la Syrie, marquée par la destruction reconnue d'un F16 israélien, annonce un changement notable dans les rapports de force qui avaient prévalu des années durant.
Convaincu que la présence libanaise et surtout iranienne est non seulement manifeste, mais durable, Israël a tout tenté pour convaincre son allié inconditionnel, les Etats-Unis, ainsi que la Russie à exercer des pressions sur Téhéran pour obtenir son retrait de la scène syrienne. En vain. Car non seulement Washington ne veut pas se laisser entraîner dans un jeu de rôles qui signifierait une cause perdue d'avance, sachant que Moscou affiche clairement son soutien à la République islamique, même si les relations «amicales» avec l'Etat hébreu sont officiellement préservées. D'où la précipitation d'Israël à compter sur ses propres armes, il est vrai généreusement fournies par Washington, et à multiplier les raids aériens contre des cibles syriennes dont certaines sont présentées, pour les besoins de la stratégie, comme des cibles iraniennes.
Israël n'a pas lésiné, dès 2011, sur le soutien à certains groupes terroristes, présentés comme des rebelles face au régime syrien, une démarche affublée sous l'oripeau de l'aide humanitaire alors qu'elle a été presque exclusivement militaire. L'armée sioniste comptait sur cette approche pour saper définitivement la résistance de Damas et ouvrir ainsi la voie à l'éclatement du pays. Conscient du défi, le régime syrien a fait de la reprise du sud du pays un objectif primordial, avertissant les groupes terroristes concernés qu'ils doivent se préparer à déposer les armes. C'est ce que craint au plus haut point l'Etat hébreu qui sait qu'une telle perspective entraînera forcément la participation des forces iraniennes et libanaises aux côtés de l'armée syrienne, à la lisière de la partie du Golan occupé depuis 1967.
Pour le gouvernement Netanyahu et l'armée sioniste, cette option est «inacceptable» et ils l'ont déjà fait savoir tant auprès des Etats-Unis que de la Russie, menaçant de recourir à chaque fois aux frappes aériennes pour préserver une zone tampon de plusieurs km dans laquelle sont inclues les villes de Qunaytra et Deraâ. C'est dire si la situation dans cette partie de la Syrie n'a absolument rien à envier, en terme de dangers, à celle du nord où la Turquie mène depuis plusieurs semaines déjà l'offensive baptisée «Rameau d'olivier» contre les Kurdes des YPG.
Hier, le secrétaire d'Etat Rex Tillerson était à Ankara pour renouer les fils du dialogue et surmonter ainsi la crise avec la Turquie. Les deux pays «ne vont plus agir chacun de leur côté» a-t-il dit au sortir des entretiens avec les dirigeants turcs. Mieux, ils ont mis en place «un mécanisme commun» en vue de résoudre la situation de Minbej où sont basées des forces spéciales américaines en appui aux YPG, faction kurde taxée comme les FDS de connivence avec le PKK par la Turquie. Les relations ont été assombries par cette question, mais Erdogan affirme avoir dit de manière «explicite» ses attentes à Tillerson, à savoir le retrait des YPG de Minbej. A-t-il réellement été entendu' Le secrétaire d'Etat a en tout cas souligné que les deux pays alliés dans le cadre de l'Otan «partagent les mêmes objectifs en Syrie» et qu'ils vont travailler de façon concertée. Voire, le message a été aussitôt assorti du traditionnel appel à la «retenue» dans l'attaque contre les YPG à Afrine, un appel relayé par la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, qui demande aux Turcs de mener la guerre contre Daesh plutôt que de s'en prendre aux Kurdes alliés de la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis.


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