Algérie

Une petite histoire dans la guerre d'Algérie



Les travaux et les publications sur la guerre d'Algérie ne cessent d'alimenter l'actualité des deux rives de la Méditerranée. Les historiens spécialisés, de chaque côté, apportent leurs savoirs pour éclairer des sujets restés longtemps obscurs. La guerre d'Algérie reste encore mal connue, en dépit de l'ouverture des archives relatives aux affaires judiciaires et aux enquêtes de police dans l'Algérie en guerre, décidée le 23 décembre dernier par la France. Ces archives concernent la période allant du 1er novembre 1954 au 31 décembre 1966. Les historiens considèrent qu'il s'agit là d'un pas permettant une avancée en matière de recherches historiques, en mesure d'élucider des zones d'ombre qui retiennent en otage passionnel, l'histoire et la mémoire algéro-française. C'est un véritable parcours du combattant que mènent les chercheurs dans leurs missions respectives, pour déterrer un fait historique et l'analyser dans son contexte de temps et d'espace. Le dernier livre Ratonnades d'Alger, 1956, une histoire de racisme colonial, de l'historienne Sylvie Thénault, qui sera publié le 4 février prochain, en est un exemple. Directrice de recherche au Cnrs, spécialiste de la colonisation française en Algérie et de la guerre d'indépendance algérienne, Sylvie Thénault plonge le lecteur au coeur de la société coloniale algérienne, traversée de brutalités et de peurs, au plus près de cette foule d'anonymes, qui ont été partie prenante de la guerre d'indépendance algérienne. Ce livre offre ainsi un autre aspect de ce récit. L'historienne raconte un fait historique qui s'est déroulé à Alger un certain, samedi 29 décembre 1956, en pleine guerre d'Algérie. Il s'agit en effet de l'assassinat de l'un des meneurs ultras, Amédée Froger. En Algérie, mais aussi à Paris, la nouvelle de l'assassinat fait grand bruit en raison de la personnalité de la victime, haute figure locale de la défense de la cause française. Ses obsèques à Alger rassemblent des milliers de personnes. Car, elles sont, écrit l'historienne dans la 4e ouverture, «l'occasion de violences racistes, que les contemporains nomment ratonnades. Elles visent les musulmans, comme sont appelés les Algériens dans cette société-là». Dans ses recherches, ayant donné naissance à son dernier ouvrage Ratonnades d'Alger, 1956, traitant du racisme colonial, Sylvie Thénault s'est appuyée sur des sources variées, dont des archives policières et judiciaires inédites. Dans son récit, elle a enquêté sur des événements pour les inscrire dans la longue durée coloniale. Ainsi, elle soulignera que les violences - non pas celles des autorités et de leurs représentants, trop souvent réduites à des actions ponctuelles et paroxystiques, ou associées aux attentats de l'OAS à la toute fin de la guerre, mais bien des violences de Français nés là-bas - se nourrissent d'un rapport de domination, empruntant à toutes les formes d'oppressions possibles (économiques, sociales, politiques, juridiques, culturelles) et s'ancrent dans un espace urbain ségrégué.Directrice de recherche au Cnrs, spécialiste de la colonisation française en Algérie et de la guerre d'indépendance algérienne, Sylvie Thénault a publié plusieurs livres remarqués sur l'histoire de l'Algérie coloniale. En codirection avec Abderrahmane Bouchène, Jean-Pierre Peyroulou et Ouanassa Siari-Tengour, elle a signé Histoire de l'Algérie à la période coloniale: 1830-1962, plusieurs fois réédité après une première parution franco-algérienne (Barzakh/La Découverte, 2012).
Ouvrages de recherche:
·Violence ordinaire dans l'Algérie coloniale. Camps, internements, assignations à résidence, Paris, Odile Jacob, 2012.
Une drôle de justice. Les magistrats dans la guerre d'Algérie, La Découverte, 2001. Rééd. en poche coll. Sciences humaines, 2004. Rééd. Alger, EDIF2000, 2010. Il peut être feuilleté à cette adresse
Ouvrages de synthèse:
·Algérie: des «événements» à la guerre. Idées reçues sur la guerre d'indépendance algérienne, Paris, Le Cavalier Bleu, 2012.
Histoire de la guerre d'indépendance algérienne, Flammarion, 2005. Rééd. Tizi-Ouzou, Maarifa, 2010 Rééd. En arabe: Alger, Dhalab, 2011. Rééd. Flammarion, coll. «Champs», 2012.Des extraits en sont disponibles à cette adresse.


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