La loi existe depuis longtemps, le «nouveau» est qu'on a apparemment décidé de? l'appliquer ! C'est en substance ce qui ressort du point de presse du commissaire Bachir Boudiraâ, responsable de la police de l'environnement à la direction générale de la sûreté nationale (DGSN). La loi en question concerne donc «l'abandon des ordures sur la voie publique» qui sanctionnerait tout coupable en la matière par une amende allant de 5000 à 500 000 dinars. L'Algérie doit être l'unique pays au monde où la promulgation d'une loi et son application sont deux choses différentes. Il arrive même qu'on en parle dans des? siècles différents, à moins que ce ne soit d'ères géologiques tellement éloignées qu'on se demande si la loi existe vraiment. Ou pire, si elle va vraiment être enfin appliquée. Des lois qui? tombent dans le domaine public ou parvenues à leur date de péremption, plaisantait dernièrement un juriste particulièrement inspiré. Difficile de croire que ce genre de lois pouvait après si longtemps trouver leur prolongement dans la vie réelle.Y compris pour ceux qui décident de passer à l'action. Sinon la police algéroise n'aurait peut-être pas besoin d'aller solliciter la «coopération des acteurs de la société civile, les directions de l'environnement des wilayas et des animateurs de quartiers». Bien évidemment, tout ce beau monde dont ce responsable de la police nationale attend la contribution peut être utile dans l'amélioration du cadre de vie des Algériens, chacun dans les attributions qui lui sont propres. Mais une «loi» est censée se suffire à elle-même pour peu que la force publique chargée de son application y veille.Une force publique qui veut bien sortir une loi de son armoire poussiéreuse mais se rappelle toujours que si son application était si évidente que ça, ça aurait peut-être été fait depuis très longtemps. Si la loi était appliquée, ça n'aurait certainement pas suffi à faire de nos espaces urbains des villes agréables à vivre et sans péril pour notre santé, mais ça peut commencer par là. Mais pour qu'il en soit ainsi, il aurait fallu que tout le reste suive. D'abord, un Etat suffisamment juste et ouvert pour se permettre d'être fort afin d'imposer la rigueur de la loi à tous et en toutes circonstances !Le problème est que n'importe quel quidam à qui vous allez raconter ça, va vous rire au nez. Mais pourquoi, diable, on se priverait d'abandonner les ordures sur la voie publique puisque de toute façon, les services chargés de les ramasser ne le feront pas ou le feront au petit bonheur la chance quel que soit l'endroit où on les dépose ' Et puis cette réflexion, récurrente, systématique, éculée mais toujours aussi pertinente : pourquoi les Algériens savent où, à quelle heure et comment sortir leurs poubelles dès qu'ils se retrouvent sous un autre pan du ciel 'Bien sûr, la coercition et la dissuasion font partie des mécanismes de lutte contre les maux qui rongent la société. Et quand de surcroît on décide pour ce faire de «frapper à la poche», c'est toujours plus efficace. Le résultat n'est pas garanti pour autant. Parce que ce n'est même pas évident que cette sombre petite loi oubliée au fond d'un tiroir poussiéreux soit appliquée. On imagine tout le reste alors !laouarisliman@gmail.com
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Posté Le : 07/01/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Slimane Laouari
Source : www.letempsdz.com