Une période aléatoire pour l'équilibre psychique

Oubliés de la liste des personnes exemptes du jeûne, les patients traités aux neuroleptiques souffrent également en cette période de Ramadhan. En plus du déséquilibre dans la prise de médicaments, la perturbation du sommeil influe négativement sur l'équilibre de la santé déjà fragile de ces malades. Au point qu'à la fin du jeûne, beaucoup d'entre eux rechutent. Des médecins, conscients de cette problématique, ont carrément interdit à leurs patients de jeûner. Même ceux n'absorbant qu'un seul comprimé par jour, sont soumis à cette directive. Mais d'aucuns rejettent l'idée de ne pas jeûner, faisant même coïncider leurs congés annuels avec cette période pour mieux se reposer. Suite à une dépression suivie d'une hospitalisation de trois mois dans un hôpital psychiatrique, Hassen sombre, à chaque fin de Ramadhan, dans un isolement et un silence, signes de sa rechute. A chaque fois, un retour anticipé chez son médecin traitant est observé. Un traitement plus fort est alors prescrit pour retrouver l'équilibre perdu. Suite à ces douloureuses expériences, il adapte l'idée d'un repos complet. Car, travaillant dans un atelier de céramique, Hassen ne dort presque pas. Ses nuits sont courtes et lorsqu' il se réveille pour le s'hour, il ne se rendort jamais. La fatigue s'accumule et les prémices d'une aggravation ne tardent pas à apparaître au bout de la troisième semaine du jeûne. Pourtant, le docteur Arezki Hamza, spécialiste en psychiatrie, est formel : « Le jeûne est contre-indiqué pour les malades psychotiques, ces formes sévères d'un trouble psychiatrique comme les mécanismes complexes et catatoniques de la schizophrénie et de la psychose maniaco-dépressive, assujettis à des traitements très lourds et dont la moindre réduction de la posologie peut mener à une rechute grave et une hospitalisation. » Le psychiatre estime que chaque patient est un cas et doit impérativement consulter son médecin traitant pour savoir s'il peut jeûner ou pas. Et sur la base de sa maladie, de ces antécédentes rechutes, le médecin déterminera s'il doit observer le jeûne ou en être exempté.