Algérie

Une pépinière, un gâchis



Des responsables travaillant sur le projet (Annexe) d'El-Kala, de l'entreprise étatique ERGR Babors (Entreprise régionale du génie rural Babors) dont le siège social est situé dans la ville de Jijel ont révélé, documents à l'appui, que la pépinière de Chihani, qui s'étend sur une superficie de 62 ha, est dans un état de délabrement avancé.«C'est un projet qui a coûté à l'Etat le montant colossal de 14 milliards de cts, dont une partie en devises. Elle n'est pas entrée en production à ce jour», ont-ils soutenu. Selon les documents, dont nous détenons une copie et qui ont été transmis aux hautes instances administratives et judicaires du pays, «les investissements pour l'acquisition de serres multichapelles sont de l'ordre de 14 milliards de cts. Il s'agit d'une serre de 720 m2 pour une somme de 13,37 millions DA, d'une serre de 8 000 m2 qui a coûté 85, 04 millions DA, l'étude et suivi 1,04 million DA, enfin les équipements et une chambre froide pour plus de 40 millions DA. L'ordre de service n°01/2013 pour le commencement des travaux, du 27 novembre 2013, a été signé avec l'entreprise jordanienne la Spa Sukhtian Commerce International, mais ceux-ci ont connu plusieurs interruptions. C'est en septembre 2016 que le projet a été achevé. Le 06 septembre 2016, la coordinatrice des pépinières de l'ERGR Babors envoie un rapport au directeur général de l'ERGR Babors sur les différents anomalies techniques constatées lors de la vérification du dossier technique relatif à la réalisation de serres multichapelles, en faisant valoir le rapport d'expertise réalisé par le bureau d'études étatique Verital, sis dans la wilaya d'Annaba».
En effet, dans le rapport technique de Verital, dont nous avons pris connaissance et qui a été réalisé par deux experts lors d'une visite du site effectuée le 14 décembre 2015, il est mentionné que «ce projet, après constat technique, comporte une multitude d'anomalies, dont entre autres «le site sur lequel sont implantées les serres multichapelles nébuleuses de 720 m2 et un durcissement de 8 000 m2 qui se trouve sur un terrain de niveau plus bas que le niveau zéro et proche d'une rivière (oued Seybouse) à l'ouest et un Chaâba au sud-ouest, cette zone pourrait être une zone inondable. Le constat technique de non-conformité indique, entre autres, «le manque de plans de génie civil établis et visés par un bureau d'études agréée, le manque de dossiers techniques des serres multichapelles, l'aménagement du site (drainage, chemin d'exploitation et espaces entre serres), défauts de béton armé (porosité sur les murettes en béton armé), la fissuration par endroits sur la dalle serres multichapelles de durcissement, infiltration des eaux pluviales dans la serre multichapelles de durcissement, non-conformité de certaines boulonneries et visseries (serre de nébulisation), la manque de fixation des boulonneries (contreventements), absence de certificat de matières (certificat de qualité et de conformité), non-fixation des supports tablettes de culture dans le béton de la dalle et non-fixation du support générateur chauffage d'air et manque d'accessoires, etc.».
Le clou : la pépinière ne dispose pas d'énergie électrique. Un constat amer corroboré par le conseil d'administration de l'EPE ERGR Babors qui s'est réuni le 15 novembre 2016 et qui «a approuvé le cahier des charges relatif à l'électrification de la pépinière de Chihani pour un montant approximatif de 12 millions DA». Pour rappel, la pépinière est dépourvue jusqu'à ce jour de l'énergie électrique et les toitures des serres, par manque d'entretien, se dégradent à une allure vertigineuse. Nos interlocuteurs ont également soutenu que cette pépinière a subi les affres de la mauvaise gestion de plusieurs cadres qui se sont succédé à sa tête, et ce depuis sa création. «Nous avons aussi des rapports détaillés sur une décennie de gabegie en matière de gouvernance. Cette pépinière a des capacités colossales de production de plants de tomates pour sa transformation industrielle. Elle peut répondre aux besoins alimentaires des populations de trois wilayas de l'Est, comme Guelma, Annaba et El-Tarf. Il y a comme une volonté délibérée de détruire à dessein cet outil formidable de production au profit des pépinières privées qui se sont installées, dernièrement, dans la région. Pour information, il existe deux pépinières multichapelles, Bafargo (Algéro-turque) et GROW (Hollande, Tunisie, Algérie», ont-ils affirmé. Dans la même veine, cette pépinière peut fournir le barrage en plants d'arbres, sachant que l'Etat a mis en branle une nouvelle politique nationale de lutte contre la désertification et la restauration des terres.
Daoud Allam


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