La pièce théâtrale « Les voix » présentée, hors compétition, mercredi dernier en fin de journée, à la salle El Mouggar, par la troupe tunisienne « El Yaoumi », dans le cadre du septième festival national du théâtre professionnel, est une véritable peinture de la Tunisie d'après- Ben Ali. La pièce, d'environ une heure et quart, raconte avec subtilité l'histoire d'un peuple meurtri ainsi que le déchirement qui secoue son pays qui n'arrive toujours pas à se mettre sur les rails de la prospérité et de la stabilité après la chute du régime tant décrié. « Les voix » mettent en scène trois Tunisiens, un poète, un musicien et un peintre. Dans le symbolique, ces derniers représentent, chacun, une catégorie de société. Après la destitution du président, ces jeunes se rencontrent par pur hasard dans une grande cour de la capitale tunisienne. Sans préambule aucun, le poète, le musicien et le peintre engagent une discussion politique. Commence alors une véritable réflexion, voire une radioscopie du pays, que la vague du printemps arabe ne semble pas faire sortir de l'ornière. Au lendemain de l'éclatement de ce qu'est appelée aujourd'hui la révolte arabe, beaucoup ont prédit un avenir radieux et prospère pour les pays concernés. Aucun changement positif concret, cependant, n'est advenu dans ces pays, une fois les régimes en place déposés. La situation qui n'était pas reluisante ne s'est pas améliorée pour autant. Une fois l'ancien système mis hors jeu, des forces tapies jusque-là dans l'ombre commencent à sortir leurs griffes. Courants politique et idéologique s'opposent quand ils ne s'entredéchirent pas pour la prise du pouvoir. Le peuple, lui, regarde, impuissant, se jouer la pièce sans mot dire. Les trois comédiens, avec un art à nul autre pareil, peignent ainsi une réalité d'un pays qui n'est pas parvenu à se stabiliser définitivement après s'être défait de l'ancien régime. Cette pièce met surtout l'accent sur l'incapacité de la classe politique tunisienne, toutes tendances confondues, ainsi que la société civile à s'entendre pour pouvoir redresser la situation. Au lieu de se mettre autour de la même table pour discuter des voix et moyens à mettre en place pour assurer un cadre de vie meilleur pour leurs compatriotes et un véritable projet de société, l'intelligentsia se perd en conjectures et en concepts philosophiques et politiques sans rien apporter de tangible pour le citoyen. La pièce dénonce, en outre, l'égoïsme et l'individualisme qui gagne de plus en plus la société tunisienne. Notons que le public a longuement ovationné les comédiens à la fin de la pièce.
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Posté Le : 28/09/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Djamel O
Source : www.horizons-dz.com