Algérie

Une passion par effraction



Une passion par effraction
Etre projectionniste est un métier qui fait rêver plus d'un au rang des cinéphiles. Un métier où on est plongé, du matin au soir, dans l'univers du 7e art.Le grand public a découvert les délices de cette «profession de l'ombre» depuis la sortie du bouleversant Cinéma Paradiso de Giueseppe Tornatore (Italie, 1989) avec Philipe Noiret dans le rôle principal. Pourtant, il faut savoir qu'être projectionniste n'est pas une mince affaire. Au contraire, il s'agit là d'un métier stressant, épuisant et où, surtout, il faut s'accommoder de l'énorme boucan que produisent «les grosses machines de projection» à longueur d'heures. A Oran, du fait que la majeure partie des salles de cinéma sont fermées, les projectionnistes, de facto, se comptent sur les doigts d'une seule main.La plupart d'ailleurs travaillent seulement à l'avènement de festivals, ou de manifestations cinématographiques exceptionnelles. Il en existe néanmoins un qui exerce son métier journellement, de manière assidue. Il s'agit de Bouziane Belhadj Abdelkader. C'est lui qui «projette» les films diffusés à la Cinémathèque d'Oran. Son univers est une petite pièce qu'on appelle «la cabine de projection». Quand on y entre, on découvre d'abord une table de préparation où est placée «l'enrouleuse» (celle par laquelle est procédée la vérification des bobines et leur entretien), et où, au besoin, le projectionniste s'attele à effectuer des collages dans des bandes un tantinet vieillottes.Il y a aussi toute une pile de bobines numérotées que lui seul est à même de classer. «Pour un film d'une heure trente, il faut compter 5 bobines», nous explique-t-il. Il y a enfin, dans cette cabine étroite, deux énormes appareils de projections 35m qui sont braqués sur deux lucarnes. C'est dans ces appareils que le projectionniste doit «cadrer le film», c'est-à-dire y placer la bobine. «Ce n'est pas de tout repos de subir, à longueur de projection, le bruit tonitruant de ces machines, mais à la longue, on s'y fait», nous dira-t-il. «Là où c'est stressant, c'est quand on a des projections en présence du réalisateur. On se dit qu'on n'a pas le droit à l'erreur.»Bouziane Belhadj Abdelkader, 31 ans, a débuté sa carrière de projectionniste en 2011, et cela de manière tout à fait par hasard : par le biais de l'ANEM. Depuis, il s'y complaît, et y a trouvé sa passion. «Pour être projectionniste, il y a des étapes à suivre, d'abord celle de l'observation, qui dure à peu près un mois, et ensuite de l'adaptation. Il faut au minimum 6 mois pour laisser un jeune stagiaire toucher les appareils. Lui, il a brûlé les étapes», nous expliquera Abdelghani Zekri, responsable de la Cinémathèque d'Oran.Pointilleux, Belhadj Abdelkder s'attelle à ne laisser échapper aucune anomalie. «Parfois, quand on nous ramenait de vieux films, les bobines n'étaient pas de bonne qualité, mais je me lançais le défi de les passer coûte que coûte. Pour cela, je venais très tôt à la Cinémathèque et passais la matinée à entretenir les bobines pour qu'à 15h le film soit projeté dans des conditions relativement normales», nous dira-t-il pour finir.




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