Une passion contre vents et marées La compagnie théâtrale Deller présente «Les meilleurs des amours»

C'est au Théâtre régional de Bejaia Abdelmalek-Bouguermouh que la compagnie théâtrale Deller d'Ulrike Duregger, représentante de l'Allemagne dans ce 3e festival international de théâtre, a présenté vendredi dernier sa production intitulée Shöne Neue Liebe ou Les meilleurs des amours. Devant une salle bondée de monde, le rideau se lève et laisse découvrir une scène nue avec pour unique décor un bouquet de roses à l'arrière scène. Les deux comédiens sont vêtus de couleurs orange et noire, il s'agit d'une Allemande et d'un Guadeloupéen. Deux êtres qui de première vue tout sépare, de la couleur de la peau à la culture mais cela n'y pourra rien face leur idylle. Les deux personnages se mettent face à face séparés par un long drap qu'ils tiennent des deux bouts. Le spectacle est très chorégraphique et se focalise beaucoup sur l'expression corporelle. Mais hélas cette dernière a été moyennement maîtrisée par les deux comédiens. L'homme s'exprime en français tandis que la femme dans sa langue natale. Leur amour est sincèrement mis en péril à cause de leurs différences s'ajoutent à cela quelques histoires de famille. Le couple qui s'est rencontré à Essaouira (Maroc) finira par se marier, concevoir un enfant mais hélas ce bébé ne verra jamais le jour ce qui ne fait que pourrir la relation déjà menacée. Les deux êtres finiront par se fatiguer et divorcer mais sans pour autant perdre leurs sentiments l'un envers l'autre. Tandis que la femme se réfugie chez elle, l'homme poursuit sa carrière professionnelle en rendant quelques visites à son ex-femme qu'il aime toujours. Les choses se corsent entre eux et la femme développe un rejet envers son ex-mari que sa société accuse d'être la source de ses malheurs. La pièce est également ponctuée par des diffusions de bandes sonores de témoignages de jeunes gens émigrés dont chacun raconte sa propre expérience en exil. Mais cette relation conflictuelle finira par céder à l'appel de l'amour et les deux êtres s'uniront de nouveau à la fin de la pièce. Traitant du thème du mariage mixte et les idylles qui naissent entre les émigrés dans la douleur de l'exil, la pièce aborde aussi la pression qu'exerce parfois la société sur les individus les poussant même à se plier à ses règles et s'effacer. Cependant, le spectacle comporte beaucoup de faiblesse et reflète une mise en scène inachevée car au final, la matière n'a nullement été valorisée. Même si le thème de la pièce demeure un cliché et est dépourvu d'imagination, la fin également a été très prévisible. Cela est dommage vu que le metteur en scène aurait pu se distinguer par une fin originale et non pas par des retrouvailles au milieu de la salle du TRB. D'ailleurs, sortir les comédiens de la scène vers la salle a été complètement inutile. Mais au-delà de cela, le public a pour sa part beaucoup apprécié surtout que les histoires d'amour demeurent l'un des sujets favoris des Algériens. Pas étonnant que l'assistance a applaudi chaleureusement à la fin de la représentation.