Algérie

Une option politique contrariée



Une option politique contrariée
La conférence internationale de Madrid sur la Libye a rejeté avec force l'idée d'une intervention militaire dans ce pays. Le point de vue de l'Algérie, opposé à une telle intervention, recouvre totalement les recommandations de la conférence qui a souligné que la solution ne passe pas par une intervention militaire mais par un «dialogue national inclusif» avec «tous les acteurs politiques, des chefs tribaux et des personnalités de premier plan». Une recommandation de bon sens qui retoque les appels à une intervention militaire suggérée par le ministre français de la Défense au nom de la menace terroriste. Il y a d'ailleurs actuellement, comme avant l'intervention française au Mali, une sorte de course de vitesse ou de bras de fer entre les options politiques et militaires.La situation est cependant bien différente. Au Mali, il y a eu des convois de djihadistes qui se sont lancés dans la conquête de villes que l'intervention française a effectivement enrayée. La situation est pourtant radicalement différente en Libye où les milices sont dispersées dans les villes et se battent pour des positions. Il n'y a pas de forces dont il s'agirait de stopper le mouvement, elles sont déjà sur place. Qu'il s'agisse d'intervenir au nord ou d'occuper le sud de la Libye, présenté comme un «hub où les groupes terroristes viennent s'approvisionner y compris en armes et se réorganiser», l'option militaire est hasardeuse. Il y a effectivement des groupes terroristes qui activent en Libye. Mais à moins de vouloir s'aveugler ou aveugler les autres, il y a une réalité plus lourde et plus complexe d'une bataille pour le pouvoir entre des groupes et les tribus.Le système Kadhafi jouait sur ces dimensions tribales, il n'a pas été remplacé après l'intervention occidentale. Ce sont ces Libyens, qu'il serait absurde de mettre tous dans la case terroriste, qui sont engagés dans cette âpre bataille et il faut les amener à discuter des arrangements et des garanties qui permettent au pays de se remettre sur pied. Une intervention qui choisirait de s'impliquer en faveur d'une partie est beaucoup plus dangereuse car elle pourrait pousser à des alliances non souhaitables avec les groupes terroristes. L'intervention de l'Otan en 2011 en Libye a enclenché un processus désastreux et une autre intervention ne fera qu'aggraver la situation.Quel serait d'ailleurs l'objectif militaire dans un pays où les milices s'adossent à des réalités tribales et locales et qui a, de facto, deux gouvernements, deux parlements et depuis quelques jours deux patrons de la Banque centrale ' A moins de pousser vers le sens de l'implosion du pays, une intervention militaire n'a pas de sens. Très sagement, le ministre libyen des Affaires étrangères, représentant du « gouvernement de Tobrouk» a estimé qu'une intervention militaire étrangère serait un désastre. Il a plutôt défendu l'option de l'aide à l'armée libyenne et à la police et leur équipement.En réalité, si le Parlement et le gouvernement installés à Tobrouk, pratiquement chez le général Haftar, ont la légalité pour eux, il leur manque la légitimité suffisante pour s'imposer. Ils doivent accepter le principe de négocier avec les adversaires de «Tripoli», les deux parties ayant démontré qu'aucune n'est en mesure de l'emporter par les armes. On en revient toujours à la solution politique. Que des forces, internes et externes, semblent vouloir contrarier. La Libye vient en effet d'enregistrer, jeudi, un nouveau raid aérien «mystérieux», les deux premiers ayant été clairement imputés par les Américains aux Egyptiens et aux Emiratis. Un rappel que l'option politique approuvée à Madrid a beaucoup d'opposants.




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