Algérie

Une opposition à directions multiples



Une opposition à directions multiples
La rétractation du groupe Ahrar El Cham a lézardé le « rassemblement unitaire » clamé par la rencontre de Ryad. En soi, la présence de cet important groupe islamiste a provoqué le départ de l'opposition syrienne interne qui a refusé de siéger avec un mouvement qu'elle accuse d'être proche d'El Qaïda représenté par le Front El Nosra. Mais le niet d'Ahrar El Cham a levé le voile opaque sur la contestable identité d'une « opposition modérée » aux tranchées communes avec le duo banni de Ryad que constituent Daech, voué à une guerre mondiale décrétée en définitive par les puissances occidentales, et son puissant rival du Front Al Nosra, longtemps porté dans la liste onusienne et américaine des « organisations terroristes ». La sortie ombrageuse d'Ahrar El Cham a donné plus de crédit à la thèse défendue par la Russie et l'Iran plaidant pour le choix souverain et libre du peuple syrien de son propre destin. « Il ne sera pas permis que des groupes terroristes se présentent comme des opposants modérés et cherchent à déterminer l'avenir de la Syrie et de la région », a déclaré Hossein Amir Abdollahian, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, cité par le site de la télévision d'Etat. Il est « dommage d'inviter ceux qu'on soupçonne d'être des organisations terroriste », a renchéri, peu auparavant, l'envoyé spécial du Kremlin pour le Moyen-Orient, Mikhaïl Bogdanov.Le revirement est encore plus éloquent dans l'option prônée par les participants à la rencontre de Ryad, désormais acquis au principe de négociation avec le régime de Bachar El Assad après avoir posé le préalable de son départ. L'idée d'une solution politique négociée a définitivement supplantéle choix du renversement par la force du régime totalement irréaliste au regard de la réalité du terrain largement en faveur de l'armée régulière. Annoncé, jeudi dernier, à la veille d'une réunion sur la Syrie « sur la base de la déclaration de Genève-1 (30 juin 2012) et des résolutions internationales pertinentes dans un délai à convenir avec l'ONU ». Des « mesures de confiance » sont revendiquées. Elles portent sur la « libération de détenus, suspension des condamnations à mort, levée du siège des zones encerclées, acheminement de l'aide humanitaire, retour des réfugiés et arrêt du bombardement des zones civiles ». Dans la perspective des pourparlers, une « instance suprême », composée de 30 membre dont le tiers est réservé aux groupes armés, a souligné une dirigeante de la Coalition nationale, principale composante de l'opposition en exil, Souheir al-Atassi. Les grandes man?uvres ont donc commencé pour peser sur le rendez-vous du 1er janvier, fixé à Vienne, par 17 pays pour dégager un calendrier ambitieux prévoyant une rencontre entre opposition et régime, avant un cessez-le-feu, la formation d'un gouvernement de transition dans les six mois et l'organisation d'élections d'ici 18 mois. Des représentants des Etats-Unis, de Russie et des Nations unies se retrouvent à cet effet pour préparer la prochaine réunion du Groupe de soutien international à la Syrie.Mais un « difficile travail restait à faire », selon le secrétaire d'Etat John Kerry saluant toutefois « les résultats positifs » de Ryad.A Damas et au Nord-Est, principalement dans la localité d'Al Malikiyah, la constitution d'une liste de 10 à 20 représentants de l'opposition interne et la création d'un « conseil démocratique syrien » (CDS), en riposte à l'exclusion des combattants kurdes, arabes et des chrétiens syriaques de la rencontre de Ryad, ont conforté le front interne de l'opposition syrienne à directions multiples.




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