Algérie

«Une opportunité unique pour le peuple de prouver sa maturité»


De notre correspondant à ConstantineA.Lemili

«Si en raison du choix populaire, ce sont les mêmes figures qui présideront au destin du pays au lendemain du 10 mai, passez-moi l'expression, je dirais que le peuple algérien est débile». Voilà des propos qui ont le mérite de ne pas être empaquetés dans de la dentelle, et ils sont le fait de O. Bouacha, le président du Mouvement Infitah qui a réuni dans la matinée d'hier à la maison de la culture Mohamed Laïd El-Khalifa ses militants.Verbe facile, appuyé d'exemples de tous les jours qui ont le mérite d'être convaincants et pour cause l'actualité très morose à laquelle sont confrontés les Algériens, il ne pouvait par voie de conséquence qu'être aisé pour l'homme politique de «mettre dans la poche», du moins instantanément, l'auditoire. Le discours populiste savamment dosé, Bouacha s'attaquera aux pratiques prévisibles de ceux qui s'autoproclament «grosses cylindrées nourries à l'argent douteux et la pérennité dans le gouvernement et au sein des institutions élues grâce à l'institutionnalisation de la fraude». Le chef de file d'Infitah sait que la lutte est inégale et «nous en parlons d'expérience» mais il insiste quand même pour que les citoyens aillent voter non seulement pour affirmer leur droit de parole en pareille circonstance mais également pour contrecarrer toute massification de la fraude et «éviter d'aller à l'impasse comme l'a souligné dans son discours à Oran le président de la République». En citant A. Bouteflika à plusieurs reprises, Bouacha a tenu à démarquer et la sincérité du chef de l'Etat et son retrait de tout ce qui pervertit l'expression dans son essence de l'exercice démocratique.A ses yeux, un terme plutôt galvaudé «?Le printemps arabe comme on se plaît ici et là à en parler pour magnifier le réveil des peuples ailleurs n'est pas la solution pour les Algériens qui ont déjà fait leurs expériences autrement en résistant et en boutant dehors la très puissante force coloniale française et ensuite en s'opposant à la violence des intégristes. Le 10 mai est la solution la plus viable alors que ledit printemps ne sera que l'expression de l'échec, de l'avortement d'un processus. Le peuple algérien est en mesure de se prendre en charge et de prendre en charge son avenir sans recourir à la rue».Pour ce faire, il revient sur l'idée d'aller voter et surtout «de barrer le chemin à ces ministres sans relief, au bilan, chacun dans son secteur, catastrophique et qui sans pudeur en viennent encore à solliciter du peuple sa confiance et à prendre des engagements qu'ils n'honoreront jamais».Bouacha fera lecture sommaire du programme d'Infitah au cas où le peuple lui témoignerait son adhésion lors des législatives. Bien entendu, ledit programme est des plus surréalistes dans la mesure où il ressemble à celui tellement idyllique que brossent quotidiennement tous les Algériens qui décortiquent autour du café des informations prises dans les journaux du matin, lesquels eux-mêmes ne traduisent que propos pour ne pas dire élucubrations. En substance, le président du Mouvement Infitah promet, au cas de l'obtention d'une majorité au Parlement, de désigner un gouvernement technocrate composé de jeunes, la création de quatre centres de recherche qu'animeront des «cerveaux rapatriés», la fermeture des prisons et leur transformation en entreprises de production, la relance de l'industrie textile, l'agroalimentaire, l'amélioration des conditions de vie des moudjahidine, un usage rationnel des recettes des hydrocarbures, etc.
Evoquant les alliances politiques, il estimera qu'il «?ne s'agit en fait que d'indicateur probant de faiblesse de ceux qui y recourent. Pour notre part, notre seule alliance ne se fera qu'au niveau gouvernemental et pour une politique commune de développement national». Rayon laïcité et séparation des pouvoirs, Bouacha renverra à la Constitution en rappelant que l'Islam est religion d'Etat.
A. L.

Mohcin Belabbès élu président du RCD
Le Rassemblement pour la culture et la démocratie a désormais un nouveau président. Mohcin Belabbès, 42 ans, a été élu, hier matin à l'unanimité, président du RCD au deuxième jour du 4e Congrès ordinaire de cette formation politique, qui se place dans la mouvance démocratique sur l'échiquier politique national.Cette nomination fait suite à l'annonce, la veille, de son leader historique Saïd Sadi de ne plus briguer de mandat à la présidence du parti. Son successeur, Mohcin Belabbès, était le seul candidat. Il a été plébiscité.Jusque-là député de la capitale et chargé de communication du parti, Mohcin Balabbès a été un militant de longue date du RCD. Il a été notamment président du bureau régional d'Alger. Ce natif de Bouzeguène, à Tizi Ouzou, a été également militant dans les mouvements estudiantins des années 1980 et 1990. Il était président du Syndicat algérien des étudiants démocrates (Saed), une organisation estudiantine proche du RCD mais jamais agréée par les autorités. Les congressistes du RCD ont également désigné de nouveaux membres du Conseil national de leur parti.