Algérie

Une opportunité pour engager des réformes



La hausse des cours pétroliers offre, certes, un répit au budget, mais le défi d'une transformation structurelle de l'économie demeure intact, d'autant que la part des hydrocarbures continuait de gagner du terrain dans la structure du budget.Les prix du pétrole ont atteint, la semaine dernière, leur plus haut niveau depuis 2014, année durant laquelle le marché pétrolier a sombré dans une dépression, mettant à rude épreuve les budgets des pays exportateurs. La reprise des cours pétroliers mondiaux, amorcée depuis le début de l'an dernier, qui s'est poursuivie en 2022 a redonné goût à la dépense à plus d'un pays producteur, voire à une tentation de réforme, tant il est vrai que la conjoncture s'annonce plutôt favorable aux rééquilibrages économiques et budgétaires tant voulus. Après avoir atteint près de 90 dollars le baril la semaine dernière, les prix du brent, brut de référence pour le Sahara Blend algérien, se sont légèrement repliés, cette semaine, mais restent en hausse de 56,05% en variation annuelle, caracolant, hier, à près de 87 dollars le baril. Les projections des négociants et des banques d'affaires sont haussières, n'excluant point un prix à trois chiffres en raison d'une demande mondiale plus robuste, une offre et une géopolitique tendues.
Selon les calculs du Fonds monétaire international (FMI), le retour à l'équilibre des comptes extérieurs de l'Algérie est subordonné à un prix du baril de 91,5 dollars, alors que l'équilibre budgétaire, sujet à plusieurs variables, dont le niveau des dépenses, est tributaire, lui, d'un prix supérieur à 140 dollars le baril. Même si les comptes publics devraient afficher un solde négatif cette année encore, en raison de la hausse de l'investissement budgétaire post-pandémique ? de surcroît nécessaire afin de soutenir la croissance ? les comptes extérieurs migrent en zone positive avec, comme indicateurs, le retour à l'équilibre de la balance commercial et la contraction du déficit du compte courant et, plus globalement, de celui de la balance des paiements. Ainsi, la reprise des prix du pétrole, qui se révèle constante depuis début 2021, a permis de combler une partie des trous du budget, d'inverser la tendance haussière des déficits extérieurs et d'envisager, dès cette année, une hausse des dépenses afin de panser les stigmates de la crise pandémique.
Faire revenir les comptes en zone de confort
Cette conjoncture favorable, sur fond de dynamique robuste des cours du brut, ne doit pas occulter l'impératif d'accélérer les réformes économiques et les ajustements budgétaires de fond en vue de rétablir durablement la balance des paiements, dont le déficit chronique de ces six dernières années était à la source directe d'une perte sèche de 150 milliards de dollars sur les réserves de change.
Dit autrement, cette hausse des cours pétroliers offre, certes, un répit au budget, mais le défi d'une transformation structurelle de l'économie demeure intact, d'autant que la part des hydrocarbures continuait de gagner du terrain dans la structure du budget. La hausse en valeur et en volume des exportations d'hydrocarbures permet à l'Exécutif de renforcer les bilans et d'apaiser les tensions budgétaires qui ont considérablement réduit ses marges de man?uvre. Cependant, la reprise des opérations d'assainissement des finances publiques et de rationalisation des dépenses devraient renforcer les bilans et offrir une plus grande capacité budgétaire au gouvernement, lui permettant de naviguer plus confortablement vers les équilibres. Le sevrage budgétaire s'annonce difficile, mais envisageable.
La conjoncture s'y prête. Faire revenir les comptes publics en zone de confort est un exercice qui demande un effort de réforme considérable et un programme d'économies touchant aussi bien les dépenses hors budget et les comptes spéciaux du Trésor que les aides directes et implicites qui profitent à la fois aux ménages, aux entreprises publiques et à une multitude d'organismes budgétivores.
Qu'on le veuille ou pas, malgré le retour de la croissance à l'issue de deux années de crise sanitaire, notamment dans le secteur des hydrocarbures, le pays demeure trop dépendant de ses recettes pétrolières et gazières, à tel point que les performances du secteur en 2021 ont occulté les contreperformances des autres secteurs. D'où l'impératif d'accélérer les réformes structurelles et la diversification du modèle de croissance afin de rendre la marche vers l'équilibre budgétaire bien moins haute que par le passé. Il y a bel et bien des facteurs incitant à l'optimisme, à la condition que la volonté politique ne fait pas défaut et que le rythme des réformes soit plus soutenu qu'il l'était jusqu'ici.

A. T.


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